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Une chasseuse de tempêtes à l’assaut de la tornade de Mirabel

Caroline Payeur pratique le métier d'infirmière depuis plus de 20 ans. Dans ces temps libres, elle chasse les tornades. Photo: Caroline Payeur, Courtoisie

En rentrant chez elle jeudi soir, sous la pluie battante, Caroline Payeur a directement filé vers son ordinateur pour regarder ses photos. «Holy shit! c’est pour ça que je le fais», s’est exclamée l’infirmière en voyant les résultats de ses clichés. Elle ne revenait pas de la clinique où elle soigne des patients, mais d’une chasse à la tornade.

«Je suis une nerd OK? On va se le dire comme ça», commence d’emblée la Mirabelloise – née à Montréal – de 43 ans. Elle a toujours eu un faible pour l’astronomie et la météorologie. «En début de Covid, il a fallu que je me trouve un passe-temps. Pour le personnel de la santé, c’était une question de vie ou de mort», se souvient-elle.

Elle s’est donc réfugiée dans la photographie, dans le but de capturer des images de phénomènes météorologiques frappants. «Prendre des photos de fleurs, je n’avais aucun intérêt», lance-t-elle. C’est ce qui l’a mené, jeudi, à 11h15 le matin, dans une plaine de Saint-Isidore en Ontario.

Pas le choix, le territoire Québécois n’est pas assez plat. «Personne ne prend des photos de tornades à Saint-Adèle», tranche-t-elle.

Les yeux rivés sur son ordinateur, sur lequel RadarScope lui montre des données en temps réel, elle traque une cellule orageuse impressionnante. «Je la voyais venir depuis bien avant Ottawa», assure-t-elle. Seule dans son char à traction intégrale, elle avait comme compagnie son équipement, une glacière pleine et une trousse de premiers soins digne d’une infirmière qui compte plus de 20 ans de métier derrière la cravate.

Pour suivre les amateurs de chasse aux tempêtes, Mme Payeur recommande de suivre, entre autres, le groupe Facebook Xtream Chase Québec – Chasseurs de tempête. Elle recommande aussi, pour n’en nommer que quelques-uns, Amateurs de Météo, un groupe Facebook québécois, et les chaînes YouTube de Jordan Carrhuters et de Pecos Hanks.

«Je suis une solo chaser», explique-t-elle. Quelqu’un qui chasse les tempêtes seules. Pas par obstination, simplement parce qu’elle n’en connait pas d’autres dans la région de Mirabel. Sur la toile, toute une communauté interagit et s’entraide. «Ça faisait deux jours qu’on voyait les modèles météo et les prévisions évoluer, dit-elle. Mais avec les tornades, il y a toujours un risque de flop».

«Il y a plusieurs storm chasers au Québec, mais on fonctionne tous un peu différemment et on le fait pour des raisons différentes», explique Caroline Payeur. Pour elle, le but ultime, c’est la photo. Mais ne photographie pas des tornades qui veut.

«Knowledge is power (le savoir c’est le pouvoir)»

Les deux clefs de la chasse aux tornades, selon Caroline Payeur, sont le savoir et «la sécurité avant tout». D’où sa doctrine «Knowledge is power», le savoir c’est le pouvoir. Il ne faut pas s’aventurer dans cette activité sans avoir suivi de formations et obtenu des certifications permettant de lire un radar météorologique.

Des cours ne sont pas utiles uniquement pour comprendre les tempêtes, mais également pour maîtriser la photographie. «Quand tu as un orage comme celui-là direct devant toi, ce n’est pas le temps d’essayer de comprendre comment ton appareil fonctionne», lance-t-elle.

Jeudi, après avoir attendu 90 minutes en voiture en surveillant son radar, la Mirabelloise capture les images de cellules orageuses dont elle est le plus fière de sa carrière.

Ce qu’on voit sur les clichés, c’est un front de rafale. «C’est juste le dessous du nuage, explique-t-elle. Il y a tout un gros système derrière». Mais pas de tornades. «J’ai juste pogné de la pluie, pis ça c’est plate en tabarnache!», s’exclame la photographe, de bonne guerre.

En suivant la tempête du 13 juillet, elle s’est finalement fait rattraper par les intempéries. Impossible de voir clairement la tempête. C’est en rentrant chez elle qu’elle a appris qu’une tornade s’était bel et bien formée… à Mirabel! «Je me suis rendu jusqu’à Saint-Isidore, pour que finalement, il y ait une tornade presque dans ma cour!», s’exclame-t-elle, hilare.

Pour l’infirmière, chasser la tempête est une forme de thérapie. «C’est de l’adrénaline contrôlée, explique-t-elle. Tu es dehors, tu fais de la photo, tu n’as aucun stress de job. C’est les éléments, c’est la nature, c’est plus gros que toi. Il y a de la force!»

Son rêve serait de se joindre à un groupe de chasseurs de tornades et d’aller capturer ces bêtes dans la Tornado Alley. Il s’agit d’une région au centre des États-Unis où le territoire et la météo sont propices à la formation de tornades.

Elle dit n’avoir vu «que» deux vraies tornades, mais n’a encore jamais réussi à les photographier clairement. Ce n’est pas faute d’avoir essayé: «je suis allée dans les Prairies deux semaines pour en capturer, mais j’ai été malchanceuse, il a fait beau tout le long!».

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