Le tricot pour les 7 à 77 ans
Le tricot, une activité réservée à mamie? On ne pourrait avoir plus tort. Depuis une dizaine d’années, sa popularité a explosé, particulièrement pendant la pandémie, auprès de toutes les générations, incluant les plus jeunes.
Si les étudiant.e.s se faisaient rares dans la boutique de tricot du Plateau La Bobineuse il y a quelques années, la pandémie a tout changé, indique la propriétaire Fanny Lalonde.
Un baume accessible
À force d’être cloîtré.e.s à la maison à se tourner les pouces entre deux poussées d’angoisse, plusieurs de ces jeunes se sont dit: « Pourquoi pas se mettre au tricot? »
Et l’expérience a été appréciée.
« C’est une activité relaxante, presque méditative », indique Mme Lalonde, qui se réjouit que la pratique puisse apaiser l’anxiété pandémique.
« Il s’agit d’un antistress naturel reconnu par les neuroscientifiques », ajoute Claire Barbeau, du magasin de laine La Maison tricotée.
Créer quelque chose de ses propres mains procure une grande satisfaction et une valorisation, ce qui aide à accroître la confiance en soi.
Et contrairement à la levure et au papier de toilette, la laine est toujours demeurée accessible, même si ses ventes ont augmenté. Durant la première année de la pandémie, l’entreprise de textile québécoise Filature Lemieux a vu ses ventes d’écheveaux de laine bondir de 300%.
« Ça ne prend pas grand-chose [pour se mettre au tricot] et le matériel est très facile à trouver », assure Fanny Lalonde.
Oui, on peut s’en procurer dans les grandes surfaces, mais pour avoir de la qualité et encourager l’achat local, direction les boutiques spécialisées. La belle laine, ça coûte assez cher, mais le confort est décuplé.
Le pouvoir du Web
Pour apprendre, pas besoin de s’asseoir avec des personnes âgées et de risquer de leur donner la COVID-19. Sur Internet, spécialement sur YouTube, on peut trouver des milliers de tutoriels.
La Maison tricotée a mis en ligne à elle seule plus de 800 heures de cours gratuites durant la pandémie.
De toute sa carrière, la propriétaire du magasin n’avait jamais vu une telle autonomie dans l’apprentissage. Avant, sa clientèle lui demandait des livres ou des patrons, ou s’inscrivait à des cours. Maintenant, tout se passe sur Internet.
Les réseaux sociaux, les sites comme Etsy et les influenceur.euse.s spécialisé.e.s en tricot, comme Maxim Cyr, alias maxtheknitter (61,2 abonné.e.s), sont d’ailleurs d’importantes sources d’inspiration pour les nouveaux adeptes.
«En ce moment, c’est le balaklava [un bonnet convertible en cache-col]. Depuis un mois et demi, presque tous les jours, des jeunes dans la vingtaine viennent me voir parce qu’ils veulent se tricoter un balaklava. Ils ont vu ça sur Internet et ils vont suivre un tutoriel YouTube pour se faire le leur», s’amuse Mme Barbeau.
Des goûts différents
Cet engouement vient également du désir marqué des plus jeunes générations de fabriquer leurs vêtements à la main par conscience environnementale.
Outre la récente tendance du balaklava, les jeunes vont tricoter des vêtements plus grands et avec une plus grosse laine, comparativement à ce que feraient leurs aîné.e.s.
«Ils vont aussi aimer les projets qui vont vite, qui peuvent se faire en peu de temps», remarque Madeleine Savard des Tricoteuses du quartier.
L’important est que ce soit fait maison, en toute simplicité.