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Salle d'allaitement : le must d'un centre commercial

Au même titre que les toilettes ou le comptoir d’information, la salle d’allaitement fait dé­sormais partie des éléments essentiels des centres commerciaux. La question n’est plus «lequel est doté d’une salle d’allaitement?» mais bien «lequel n’en a pas?».

Dans les quatre Centres à la mode (Carrefour Laval, Fairview Pointe-Claire, Galeries d’Anjou, Prome­nades Saint-Bruno), propriétés de Cadillac Fairview, un espace a été aménagé pour les jeunes mamans qui souhaitent donner le sein à leur poupon. Fauteuil, table à langer et lavabo sont mis à leur disposition.

«On a vu qu’il y a souvent des papas qui veulent nourrir leur bébé au biberon. Alors, on a ajouté des fours à micro-ondes et des chauffe-biberons», expli­que la directrice marketing, portefeuille Est du Canada, de Cadillac Fair­view, Agnès Ciccarelli.

Ivanoe Cambridge possède plus d’une dizaine de centres commerciaux dans la région de Montréal, dont le Centre Eaton, la Place Montréal Trust et le Centre Rockland. Cette société canadienne a poussé en­core plus loin le concept de salle d’allaitement en créant des grandes salles familiales.

«Ça dépend de l’endroit, mais il y a parfois des petites salles privées pour les mamans qui allaitent ou les pères qui veulejt donner un biberon, mentionne la directrice régionale de l’exploitation, région de l’Est, d’Ivanoe Cambridge, Johanne Leclerc. Il y a un endroit où il peut y avoir d’autres enfants. Il y a une table à langer, des micro-ondes et des fauteuils. Ce ne sont pas tous les centres qui ont des salles familiales, mais les centres où on peut se le permettre, il y en a.»

Et ces salles d’allaitement ou familiales sont très populaires. Dans les Centres à la mode, environ 2 000 mères ou pères l’utilisent chaque mois. Il faut dire que les consommateurs âgés de 20 à 34 ans constituent près du tiers de leur clientèle.

«Je trouve cela très brillant, commente le président d’Intérim Marketing et professeur aux HEC Mont­réal François Desro­siers. Ça respecte une tendance qui veut que l’allaitement soit revenu à la mode depuis quelques années. Et les centres commerciaux s’y ajustent.»

Selon M. Desrosiers, l’investissement nécessaire pour l’aménagement d’une salle d’allaitement est très rentable à court et à moyen terme. «Les dépenses de consommation liées aux enfants sont là pour une longue période. Une dizaine d’années et même plus. Donc, ça vaut la peine d’offrir ce service-là aux fem­mes qui allaitent leur enfant. Elles restent plus longtemps, elles consomment davantage puisqu’on leur permet de demeurer une heure ou deux de plus.»

La salle d’allaitement idéale
Souvent, les centres commerciaux profitent de ré­no­vations pour aménager un espace destiné aux femmes qui allaitent et aux familles. Mais ces salles d’allaitement doivent être bien intégrées dans le centre commercial. «Aller à la salle d’allaitement en passant par les toilettes, ça n’a pas de sens, lance à titre d’exemple la vice-présidente de la Fédération Nourri-Source, Isabelle Cloutier. Ce n’est pas hygiénique! C’est comme si, pour aller à une cafétéria, il fallait passer par les toilettes.»

«Idéalement, la salle d’allaitement devrait être située dans un secteur où il y a beaucoup de boutiques destinées aux femmes, ajoute de son côté François Desrosiers. C’est bien beau avoir un local d’allaitement, mais il ne faut pas qu’il soit en arrière des poussettes en location, des casiers et des toilettes. Ce n’est pas une facilité, c’est une commodité.»

Pour Isabelle Cloutier, la salle d’allaitement parfaite comprendrait aussi des prises électriques pour celles qui veulent tirer leur lait et des jouets pour les grands enfants qui attentent que leur jeune frère ou sÅ“ur soit repu.

Une initiative qui fait son chemin depuis une décennie

Les salles d’allaitement dans les centres commerciaux sont apparues il y a environ une dizaine d’années. D’un côté, le ministère de la Santé publiait la politique en allaitement pour encourager les femmes à nourrir au sein leur poupon et faire en sorte que les établissements de santé de­viennent des «hôpitaux amis des bébés».

Cette initiative mise en place par l’Organisation mondiale de la santé et l’UNICEF, privilégie l’allaitement maternel et incite les hôpitaux, entre autres, à refuser les substituts de lait maternel à bas prix, les biberons et les tétines. D’un autre côté, les centres commerciaux cherchaient des moyens pour améliorer leur service à la clientèle.

Les organismes Nourri-Source ont emboité le pas en créant le réseau de commerces Bienvenue aux bébés allaités. «Le but de cette initiative, ce n’était pas que les centres commerciaux aient une salle d’allaitement, c’était d’inciter les commerces à s’afficher comme étant des commerces qui accueillaient, sans obligation d’achat, les mères qui voulaient allaiter, souligne la vice-présidente de la Fédération Nourri-Source.

Aujourd’hui, dans différents quartiers de Montréal, comme Pointe-Saint-Charles, Villeray et Rosemont-La Petite-Patrie, il existe des routes du lait qui répertorient les commerces qui ont donné suite à l’initiative Bienvenue aux bébés allaités.

Le droit d’allaiter en public

Bien que les centres
commerciaux aient aménagé des salles d’allaitement, les femmes ont
toujours la possibilité d’allaiter en public. C’est un droit qui est
protégé par la Charte des droits et libertés de la personne du Québec.
La Cour Suprême du Canada a aussi tranché en faveur de l’allaitement
maternel en public.

«On ne veut pas que les femmes aient à se
retirer pour allaiter, fait valoir la directrice générale de
Nourri-Source Montréal, Marie-Josée Campbell. Si une femme ne se sent
pas à l’aise d’allaiter en public, c’est bien qu’elle ait un
endroit où elle puisse s’installer. Par contre, une femme qui se sent à
l’aise d’allaiter en public peut le faire.»

«Il y a eu des incidents, ajoute Mme
Campbell. Des gardiens de sécurité ou même des clients sont déjà allés
voir une femme qui allaitait et lui ont demandé de se retirer pour
aller faire cela ailleurs. On déplore cela.»

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