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Difficile de résister aux tentations

Photo: Archives | Métro

Si mon chien pouvait parler et que nous prenions notre pause-repas à l’usine, il dirait : «Finis-tu ton sandwich? Sinon, je vais le manger.»

Mon chien est goinfre, mais pour être honnête, la plupart des goinfres ont plus de maîtrise d’eux-mêmes que lui. Alors, pourquoi mon chien n’a-t-il pas plus de volonté et ne peut-il pas s’arrêter de manger? S’il pouvait parler, il conviendrait qu’il devrait se contrôler davantage.

À propos des gens qui font de l’embonpoint, combien de fois entendons-nous des personnes minces dire : «Ils n’ont qu’à manger moins! C’est simple!» Alors, pourquoi constate-t-on une épidémie d’obésité en Amérique du Nord? Nous n’avons jamais été aussi conscients des dangers pour la santé que pose l’excès de poids. De plus, nous sommes constamment bombardés d’images d’abdominaux bien découpés et de corps parfaits. Les gens obèses ne sont-ils pas obsédés par l’idée de perdre du poids? Manquent-ils vraiment de volonté?

Le problème est que nos pulsions et nos motivations ne sont pas unidimensionnelles. Le désir de ressembler à un modèle sculptural entre en compétition avec la motivation instinctive de manger tout ce que nous pouvons en prévision de la prochaine famine. Malheureusement (ou heureusement), nous avons rarement à fouiller la terre en quête de bestioles et de racines. Mais l’instinct humain, lui, reste le même, quel que soit l’environnement.

Contrôler ce que nous mangeons constitue un objectif à long terme. Une heure au gym ne se verra pas immédiatement si on enfile un maillot de bain, et refuser une deuxième part de dessert ne fera pas baisser l’aiguille du pèse-personne. Nous nous entraînons ou nous restreignons notre apport calorique parce que nous finirons par en tirer profit, au bout du compte. Mais le désir de manger, lui, a des visées à très court terme. La nourriture est une récompense instantanée.

Cela s’applique à tous les motifs conflictuels. C’est ainsi que des politiciens risquent leur carrière en s’adonnant à des aventures sexuelles, que des médecins fument ou que des joueurs endettés retournent au casino. Nous sommes conscients de ces dangers. Malheureusement, la volonté se soumet à l’instinct primaire. Dans le jeu des motivations, le court terme tend à l’emporter sur le long terme.

La volonté est importante, mais elle ne remportera pas la partie à elle seule. Il faut aussi gérer notre environnement et les stimulations extérieures qu’il comporte. Il est donc utile de ne pas garder de malbouffe à portée de la main. Lorsque nous ne laissons pas libre cours à nos désirs à court terme, nos émotions s’affaiblissent, et nous donnons à nos désirs à long terme une chance de remporter la partie. Un léger retard dans la gratification favorise grandement nos efforts en vue d’obtenir les changements voulus.

Et si vous avez besoin d’aide pour apprendre retarder la gratification, procurez-vous un chien comme le mien. Si vous laissez traîner de la nourriture, il la fera disparaître immédiatement, et elle ne pourra pas vous tenter!

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