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L’amour au temps de la diversité

Bochra Manai sur la rue Fleury
Bochra Manai s'intéresse aux relations intimes interculturelles: Photo: Amine Esseghir/Courrier Ahuntsic

Comment se pencher sur les enjeux, les défis et les richesses des relations amoureuses et intimes entre personnes issues d’origines diverses ? Un organisme d’Ahuntsic-Cartierville lance le sujet pour marquer la Saint-Valentin en invitant Bochra Manai.

La discussion se tient dans le cadre des cercles de parole interculturels initiés par l’organisme Concertation femme, en collaboration avec les bibliothèques d’Ahuntsic-Cartierville.

«Nous allons réunir une vingtaine de personnes, hommes et femmes autour d’une écrivaine pour aborder les questions du rapport à l’autre dans un contexte de diversité», indique Maysoun Faouri, directrice de Concertation femme.

C’est Bochra Manaï, docteure en géographie et auteure d’un livre sur les Maghrébins de Montréal, qui animera ce cercle.

«J’ai accepté de parler de ce sujet, parce que pour nous immigrants, il est tout aussi politique de parler de l’intime que de parler de l’intégration en général», souligne-t-elle.

Fille d’immigrants originaires de Tunisie, elle-même est engagée dans une relation interculturelle.

«Que signifie pour nous, enfants de gens venus d’ailleurs, de vivre dans une société plurielle et prétendument égalitaire entre femmes et hommes ? Comment cela impacte notre intimité ?», s’interroge-t-elle.

Elle prépare un livre sur le sujet et espère que la rencontre dans le cadre des cercles de parole lui offrira des pistes de réflexions inattendues et un matériel inédit.

Le conflit de l’origine

Mme Manaï s’attend à ce que les participants à ce débat admettent que leurs petites vies sentimentales sont aussi importantes que celles des autres.

«Je voudrais leur dire que nos histoires sont complexes parce que nous sommes immigrantes, parfois racialisées ou marginalisées, mais nos histoires d’amour méritent d’être racontées», dit-elle.

Pour Maysoun Faouri, il est important de parler de ces relations mixtes, car elles sont trop peu abordées dans l’espace public.

«Il y a deux ans, j’ai reçu une femme blanche qui était amoureuse d’un jeune noir. La famille du garçon refusait la relation, car elle craignait de se voir rejeter par le fils», raconte-t-elle. Le refus était tout aussi fort du côté de la famille de la fille.

La religion peut aussi constituer un objet de conflit. «Il y a eu aussi l’histoire d’un homme catholique qui voulait épouser une femme musulmane. Les deux familles dans ce cas ont rejeté la relation.»

La famille musulmane demandait que l’homme se convertisse à l’Islam, la famille chrétienne refusait cette conversion.

«Il a fallu sept ans au couple pour pouvoir aplanir les différends et vivre leur relation dans l’harmonie avec leurs familles», relève Mme faouri.

Souvent, c’est un enfant né de cet amour multiculturel qui rapproche les points de vue.

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