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Un an de COVID-19 : le milieu communautaire au front

COVID-19 Rémy Robitaille
Rémy Robitaille, directeur de Solidarité Ahuntsic. Photo: Collaboration spéciale

Derniers recours pour les plus vulnérables dans la société, les organismes communautaires se sont retrouvés aux avant-postes durant la crise sanitaire de COVID-19, il y a un an. À Ahuntsic-Cartierville, il a fallu s’adapter très vite pour ne laisser personne sans ressources.

Le directeur de la table de concertation de quartier Solidarité Ahuntsic, Rémy Robitaille, se souvient qu’il a fallu prendre des décisions rapides et se mettre en mode gestion de crise.

«Le soir du 12 mars, notre première réaction a été de fermer le centre communautaire au public, ne sachant pas ce qui allait se passer», raconte-t-il.

Si l’arrêt a été quasi instantané, la mobilisation de la cellule de crise COVID-19 a été immédiate.

Le contact a été tout de suite établi avec le CIUSSS du Nord-de-l’île-de-Montréal, mais aussi avec le CLIC, la table de quartier de Bordeaux-Cartierville ainsi que l’arrondissement.

Nous sommes le dernier palier social pour les gens vulnérables. Quand ils sont refusés au CIUSSS, c’est nous qui ramassons ces personnes qui passent entre les mailles du filet. Rémy Robitaille, directeur de Solidarité Ahuntsic.

«Nous manquions d’informations sur le virus. On se réunissait au départ trois fois par semaine», rappelle le directeur Solidarité Ahuntsic.

Il est apparu rapidement que certains organismes avaient du mal à s’adapter alors qu’un certain nombre de services devait être assuré en pleine pandémie de COVID-19.

«Les activités essentielles qui devaient être maintenues ont été décrétées par le gouvernement. Mais pour le milieu communautaire, il fallait parfois interpréter ce qui était mentionné», relève M. Robitaille.

Il fallait juger quels services étaient nécessaires pour les personnes vulnérables. Dans certains cas, notamment les situations de violences conjugales, les directives n’étaient pas claires.

«En théorie, on ne devait pas rencontrer les personnes durant le confinement, mais dans ce cas, nous avons fait des exceptions quand des gens avaient besoin d’un lieu pour parler avec des intervenants», décrit Rémy Robitaille.

Forte demande

Par ailleurs, le milieu communautaire se trouvait plus fortement sollicité. Les banques alimentaires voyaient la demande exploser.

«Cela a été très rapide. Avec les fermetures et le confinement, on a vite compris que beaucoup de gens se retrouveraient sans travail, notamment ceux qui avaient des emplois précaires», observe M. Robitaille.

La demande en hausse a obligé aussi la mise en place de la livraison de nourriture, chose qui ne se faisait pas auparavant.

«Les gens qui se présentaient à l’aide alimentaire n’étaient pas ceux qu’on voyait régulièrement. Ils étaient apparus de nulle part comme si les habitués leur avaient laissé leurs places», croit-il.

Les organismes devaient aussi répondre aux besoins de toute une population avec des problématiques de santé physique ou mentale, des gens isolés, des personnes âgées.

Itinérance

Les premiers mois de la pandémie de COVID-19 ont vu apparaître dans le quartier des itinérants alors qu’il était très rare d’en voir en temps normal.

«En fait, ils étaient invisibles avant, mais cela ne signifie pas qu’ils n’étaient pas là. Dans les rues, on ne voyait plus qu’eux parce qu’il n’y avait plus personne qui circulait ou presque», relate-t-il.

La fermeture des ressources, mais aussi des cafés et des restaurants, les a privés d’abris. Des itinérants du centre-ville sont aussi montés vers le nord de l’île.

Des toilettes chimiques ont été installées pour eux et des organismes leur distribuaient de la nourriture. Des besoins plus simples comme les ateliers sur les loyers devaient se donner virtuellement.

«Le comité logement ne pouvait pas rencontrer les locataires en présentiel. Mais la majorité de ceux qui avaient besoin de ces services sont des personnes vulnérables qui ne maitrisent pas la technologie», souligne-t-il.

Même si c’est loin d’être évident tous les jours, M. Robitaille estime que le milieu communautaire a été efficace dans la gestion de crise de COVID-19.

«On connait notre milieu. On est organisé, on est capables de rejoindre les gens là où ils sont, chose que beaucoup d’institutions ont du mal à faire», signale-t-il.

Il croit que le milieu communautaire n’est souvent pas reconnu à sa juste valeur.  Il espère que cela va changer après la pandémie.

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