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Sauver l’orgue pour préserver la voix des églises

Marc-André Doran à l’orgue de l’église de la Visitation.
Photo: Gracieuseté

Marc-André Doran, organiste en résidence à l’église de la Visitation, rappelle que la survie de l’orgue dépend de l’intérêt que l’on portera à la préservation du patrimoine religieux du Québec. Car pour écouter cet instrument, il faut aller à l’église. Un rappel utile alors que l’on célèbre le 10 mai la journée mondiale de l’orgue.

Est-ce que l’orgue est un instrument en voie de disparition?

Il ne faut pas diminuer trop leur nombre. Il y en a encore quelques-uns, même dans le quartier. Aux Saints-Martyrs-Canadiens, il y a malheureusement un orgue électrique. À Saint-Paul-de-la-Croix il y a un titulaire de l’orgue qui est très vaillant.

Entrer dans une église et entendre un musicien jouer de l’orgue, ça demeure une possibilité à Montréal.

Pourtant, on a cette vague impression qu’il faut agir pour le préserver.

Parfois, l’orgue n’est pas entretenu. Il y a des églises qui ferment. L’orgue est tout simplement associé aux autres problèmes généraux de l’église.

Cette relation avec l’église n’est-elle pas aussi un obstacle pour populariser cet instrument?

Pour écouter de l’orgue, il faut aller à l’église et cela pose problème parfois. À mon époque, on allait à la messe avec nos parents. Je sais ce que c’est la religion, mais les jeunes organistes souvent ne sont même pas baptisés. Ils ne savent pas ce qu’est un sacrement ou ne sont jamais entrés dans une église. Donc découvrir l’instrument devient difficile.

Souvent, les œuvres à l’orgue sont aussi d’inspiration religieuse.

Pour ceux qui aiment le son de l’orgue, je ne pense pas que le répertoire religieux soit une barrière. La spiritualité lui donne une envergure. On n’est pas obligé d’adhérer à la foi, mais il faut comprendre ce qui a allumé Bach pour comprendre la source de la ferveur.

Dans une société qui s’éloigne de plus en plus de la religion, n’est-ce pas une menace?

Fondamentalement, le sort de l’instrument est associé au futur des institutions religieuses. Ce qui arrivera à l’église arrivera à l’orgue. Si elle cessait ou fermait, c’est certain que ce n’est pas le seul orgue de la maison symphonique qui suscitera les vocations de dizaines de jeunes musiciens.

Quand on décide de transformer une église en condos, c’est sûr qu’il y a un orgue à vendre.

Il faut donc préserver autant les pierres que ce qu’elles contiennent?

Il restera des symboles très longtemps. Je ne vois pas comment la Visitation ne pourrait pas demeurer, dans le plus futuriste des scénarios, un centre historique et culturel. Auquel cas je ne vois pas pourquoi on sortirait l’orgue.

L’oratoire Saint-Joseph, l’église Notre-Dame, le sanctuaire Marie-Reine-des-Cœurs resteront des ancrages.

Est-ce que vous avez toujours joué à la Visitation ?

J’ai été à Laval où je résidais quand j’ai commencé la musique. J’ai été aussi à Sainte-Rose, qui était une grosse paroisse. Je me suis retrouvé à la Visitation assez jeune. C’était un poste convoité.

Comment s’est fait ce recrutement ?

Quand je suis arrivé en mars 1982, il y avait des rumeurs de rénovation de l’orgue et il y avait un fond qui avait été établi. On faisait miroiter la possibilité de toucher un orgue qui serait rénové.

C’est un instrument quasi neuf.

Cet orgue, c’est une machine, c’est le plaisir, la performance, la beauté.

Comment devient-on organiste?

J’ai fait des études de piano. C’est le parcours habituel. On commence à jouer du classique. Puis quatre ou cinq ans plus tard, on va vers l’orgue.

Forme-t-on encore des organistes ?

Il y a le conservatoire de Montréal, l’école de musique de l’Université de Montréal, l’école Schulich de l’université McGill. Il y a pas mal de classes d’orgue même si les étudiants ne sont pas très nombreux. Un jeune peut faire de l’orgue au conservatoire avec Jean-Willy Kunz. S’il a une bonne base, joue du piano, passe un examen d’entrée, il se retrouve avec l’organiste de l’Orchestre symphonique de Montréal.

Patrimonial

L’orgue a été installé à la Visitation en 1841. Il a probablement été construit par Samuel Russel Warren. Il a été agrandi en 1906 par Joseph-Émile Pépin. Il a été rénové une première fois en 1968 par la firme Les orgues à tuyaux de Hollande au Canada. Il a été entièrement reconstruit en 1991 par Hellmuth Wolff en conservant des pièces d’origine. Marc-André Doran a collaboré à cette dernière restauration.

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