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Des églises en voie de disparition

Si rien n’est fait, la paroisse Sainte-Famille de Bordreaux-Cartierville, disparaîtra dans deux ans et demi. Cette affirmation est celle de Jean-Louis Nvougbia, le curé. Il a voulu tirer la sonnette d’alarme dans une paroisse à l’agonie lors d’une soirée d’information tenue le 26 juin, à l’église Notre-Dame-des-Anges. « Nous sommes dans les soins intensifs, note l’homme d’Église en plaisantant. J’ai voulu préparer les paroissiens à un deuil qui sera très dur. »

Jean-Louis Nvougbia était appuyé par un observateur extérieur, Robert Belisle, expert comptable qui a une longue expérience dans l’analyse des comptes des institutions religieuses. « Nous allons frapper un mur », a-t-il affirmé.

Les difficultés financières sont telles qu’il faudrait – et sans mauvais jeu de mots – un miracle pour faire face aux dépenses courantes pour maintenir ouvertes les quatre églises de l’unité paroissiale Sainte-Famille de Bordeaux-Cartierville.

On doit trouver, avant la fin de l’année 2014, 110 000 $.

Dans son constat, le curé a mis en évidence des églises vides la plupart du temps et la chute continuelle du nombre de paroissiens. En vingt ans, ils sont passés d’un peu plus de 3000 personnes à un peu moins de 600 aujourd’hui.

Ils ont pris de l’âge et les difficultés de santé n’ont pas manqué de réduire la fréquentation de l’église. Les déménagements et les décès ont concouru à cette réduction.

L’abbé Nvougbia a reconnu aussi que l’église a du mal à recruter de nouvelles ouailles.

À ce sujet, Fernand Barrette, qui a été marguillier à l’église Notre-Dame-des-Anges au moment de sa reconstruction en 1961, y est allé aussi de son analyse.

À 98 ans, cette personnalité connue des paroissiens et des Cartiervillois a souligné que « les Canadiens français ont déserté les églises, mais il y a aussi l’immigration qui n’est pas de confession chrétienne. »

Il assénait sont jugement face à un curé originaire de la République du Congo et au milieu d’une assistance qui reflétait à sa manière la diversité du Québec d’aujourd’hui avec des gens venus d’Égypte, du Liban, d’Haïti, de Madagascar, de pays d’Afrique ou d’Amérique du Sud.

Un patrimoine difficile à gérer

Ce qui est devenu l’unité paroissiale de la Sainte Famille de Bordeaux-Cartierville est le reste des cinq paroisses, donc cinq églises, du quartier. Aujourd’hui subsistent quatre églises sur les cinq qui ont existé historiquement à Bordeaux-Cartierville.

La vente en 2003 de l’église Saint-Gaëtan a certes permis à l’unité paroissiale d’engranger durant dix ans les bénéfices des 560 000 $ issus de cette vente, mais non sans avoir vécu un choc émotionnel dont les effets sont encore perceptibles à ce jour. C’est certainement à cause de cette transaction que les ventes projetées en 2012 de deux églises n’ont pas eu lieu. Lors d’une assemblée extraordinaire, des paroissiens mobilisés ont voté contre.

Aujourd’hui, avec un moratoire sur la vente du patrimoine religieux imposé par le diocèse catholique de Montréal, trouver acquéreur pour une église tient de la projection plus que du projet concret, pourtant c’est bien de cela que les paroissiens ont discuté.

Napolélon Leduc, marguillier à Notre-Dame-des-Anges, expert-comptable également, a contesté les chiffres présentés et a considéré que des actions appropriées permettraient de trouver les moyens financiers nécessaires.

« Il faut trouver de l’argent et des paroissiens », a suggéré avec enthousiasme Louise Joly-Leduc. Pour elle la vente des églises ne servirait à rien si ce n’est reporter l’échéance. La vente des églises et le regroupement des paroissiens dans un seul édifice ne marcheraient pas pour elle. « On oublie qu’aujourd’hui encore les gens sont attachés à leurs anciennes paroisses, même si elles sont toutes réunies sous la Sainte Famille de Bordeaux-Cartierville. »

Vendre pour mieux vivre sa foi

« Si cela ne tenait qu’à moi je vendrais deux, voire trois églises, a répondu avec autant d’allant Françoise Lefebvre. On mettrait ensuite l’argent dans des actions plus utiles à la communauté au lieu de le consacrer à des réparations et des factures de chauffage ou d’entretien. »

« Je trouve cette situation ridicule, a constaté un autre paroissien. Qu’on demande à ceux qui ont voté contre la vente de l’église de trouver aujourd’hui l’argent pour entretenir les quatre qui restent. »

Questionné sur des églises qui ont déjà fait faillite, l’Abbé Jean-Louis Nvougbia a rappelé un cas à Rosemont où lorsque le prêtre ne pouvant plus assurer les charges financières de la paroisse a remis les clés au diocèse. L’église fut louée à une secte avant que l’évêque ne donne l’église à la communauté Notre-Dame-d’Afrique.

Lire également :

Ces très chères églises, notre dossier sur le coût d’entretien des lieux du cultes catholoique dans Ahuntsic-Cartierville.

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