Montréal pressée de sécuriser une intersection dangereuse
Des résidents de Notre-Dame-de-Grâce (NDG) pressent la ville de sécuriser une intersection jugée dangereuse pour les piétons et les cyclistes, où plusieurs accidents tragiques ont eu lieu dans les dernières années.
L’intersection en question est située dans la portion sud du quartier, au croisement des boulevards Décarie et De Maisonneuve Ouest. Avec ses cinq voies et sa forte présence automobile, elle préoccupe depuis déjà plusieurs années les piétons qui doivent la franchir régulièrement.
«Elle a toujours été dangereuse parce que c’est une intersection à cinq branches. Ça fait quarante ans que je demeure là et quand ils étaient petits, mes enfants devaient faire attention dans ce coin-là», raconte à Métro Malaka Ackaoui, une résidente du secteur.
Plusieurs écoliers et travailleurs qui se rendent à l’école primaire Saint-Raymond à partir de la station de métro Vendôme doivent d’ailleurs traverser cette intersection pour s’y rendre, de même qu’aux cliniques médicales, garderies et aux autres services du quartier.
La situation empire
Or, dans les dernières années, les enjeux de sécurité ont pris de l’ampleur dans le secteur. Une situation attribuable notamment à l’ouverture du Centre universitaire de santé McGill, en 2015, qui a causé une augmentation du trafic routier dans le quartier, ainsi qu’aux travaux reliés à l’échangeur Turcot.
«Il faut voir comment les parents doivent traverser entre les voitures, qui ne les respectent pas […] Si on ne fait rien, il y a d’autres personnes qui risquent d’être tuées», prévient Mme Ackaoui. L’urbaniste est la co-auteure d’une lettre ouverte, envoyée récemment à Métro, visant à interpeller la Ville sur cette intersection ainsi que sur le manque de passages sécuritaires pour les piétons et les cyclistes à d’autres endroits problématiques dans le secteur.
«C’est vraiment un quartier qui tombe entre les craques depuis 15 ans», déplore une autre résidente de NDG sud, Jill Prescesky.
Le mois dernier, une femme de 84 ans, Anna Zanca, a perdu la vie après avoir été happée par un automobiliste à cette intersection critique.
«Combien de morts doit-on attendre avant d’agir?»- Malaka Ackaoui, résidente du quartier NDG Sud
Projet de réaménagement
Dans une lettre acheminée le 16 septembre à la mairesse de Montréal, Valérie Plante, son homologue à la tête de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, Sue Montgomery, affirme qu’«au moins» 20 personnes ont été «gravement blessées» à la suite d’accidents survenus à cette intersection au cours des cinq dernières années. Certaines d’entre elles ont perdu la vie.
«C’est urgent d’agir», soulève la mairesse d’arrondissement dans cette lettre, dont Métro a obtenu copie.
Des études entreprises par la Ville ont d’ailleurs évalué à 8,8 M$ les dépenses nécessaires pour réaménager de fond en comble cette intersection. Des travaux qui s’échelonneraient de 2022 à 2024. Mme Montgomery presse donc la Ville d’inclure «les sommes nécessaires» à ce réaménagement dans son budget 2021, attendu le mois prochain.
«Je demande, en fait j’exige que cet argent soit dans ce budget pour qu’on passe maintenant à l’action. ll est trop tard pour [sauver] Mme Zanca et les autres personnes qui sont décédées. Mais on veut éviter d’autres décès. Pour ça, il faut agir maintenant», martèle-t-elle en entrevue à Métro.
Dans les dernières années, de nombreux citoyens ont fait part de leurs inquiétudes à plusieurs reprises quant à cette situation. Des études techniques menées de 2012 à 2019 et un rapport de l’OCPM publié 2013 ont aussi fait état de l’importance de réaménager ce quartier afin de sécuriser les déplacements des piétons et des cyclistes, entre autres en réduisant la place dédiée aux automobiles.
«Tout ce qu’on veut, c’est que des choses se fassent», laisse tomber Malaka Ackaoui.
La Ville promet d’agir
Contacté par Métro, le cabinet de Valérie Plante se dit bien au fait des enjeux de sécurité pour les piétons à cette intersection.
«Nos équipes d’ingénieurs en circulation sont mobilisées afin d’analyser les feux de circulation, le temps de traverse aux piétons, et la sécurisation des traverses piétonnes; en attendant de pouvoir réaménager tout le secteur», indique une attachée de presse, Catherine Cadotte. Elle n’a toutefois pas précisé si la Ville inclura un montant pour réaménager l’intersection dangereuse dans son prochain budget.
«La sécurité des piétons doit primer et nous ne ferons pas de compromis sur cet enjeu dans ce secteur», assure-t-elle, ajoutant que l’Escouade mobilité augmentera sa présence près de cette intersection.