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Le Cimetière Notre-Dame-des-Neiges met en demeure ses employés en grève

Le cimetière Notre-Dame-des-Neiges est fermé aux visiteurs depuis le déclenchement d’une grève le 12 janvier dernier. Photo: Nicolas Monet/Métro

Accusés d’avoir bloqué l’accès à un client qui avait la permission d’entrer au cimetière Notre-Dame, les syndicats des employés de bureau et d’entretien du cimetière – tous les deux en grève – ont été mis en demeure par leur employeur de cesser leur «moyen de pression inacceptable et illégal».

Aux dires de la Fabrique Notre-Dame, qui gère le cimetière, un client se serait vu interdire l’accès au cimetière par un gréviste le 21 février dernier. «De telles actions démontrent un manque flagrant de respect à l’égard des droits de notre cliente, de sa clientèle et des fidèles», mentionne la Fabrique dans sa mise en demeure, datée du 3 mars.

L’objectif n’est pas de mettre la table pour un éventuel recours judiciaire, assure un porte-parole de la Fabrique, Daniel Granger. Cette dernière doit plutôt s’assurer que les clients qui ont un rendez-vous puissent accéder au cimetière, poursuit-il. M. Granger n’hésite pas à qualifier «d’intimidation» la conduite des syndiqués.

Des allégations que nie catégoriquement le président du Syndicat des employés-es de bureau du cimetière, Éric Dufault. L’événement du 21 février allégué par la Fabrique est «un cas extrêmement isolé, si tel cas existe bel et bien», mentionne-t-on dans la réponse des syndicats à la mise en demeure, envoyée à l’employeur le 6 mars.

On est vraiment sensible à ça. On ne veut pas donner des outils à l’employeur pour qu’il dise qu’on est en train de propager de la mauvaise information […] ou qu’on entrave la circulation.

Éric Dufault, président du Syndicat des employés-es de bureau du cimetière

Les syndiqués sur la ligne de piquetage, devant le cimetière, laissent systématiquement les voitures entrer, précise M. Dufault. Les familles qui se présentent sont redirigées vers le gardien de sécurité embauché par la Fabrique. Après la réception de la mise en demeure, les directives ont été répétées, mais sont demeurées inchangées, ajoute celui qui est en grève depuis le 20 septembre 2022.

«Nous vous rappelons que le Cimetière Notre-Dame-des-Neiges est un lieu de repos et de réconfort pour les familles de défunts. Ces personnes ont le droit de s’y recueillir ainsi que d’y circuler sans contrainte que ce soit», affirme-t-on dans la mise en demeure de la Fabrique.

Or, le plus gros cimetière au Canada est toujours fermé aux visiteurs depuis le déclenchement d’une grève des employés d’entretien le 12 janvier. Seules les familles qui ont un rendez-vous pour une inhumation en crypte ou en mausolée ou pour un service de crémation peuvent y avoir accès.

Des négociations qui stagnent

Les négociations entre les parties sont au point mort. La dernière rencontre a eu lieu le 31 janvier et aucune prochaine séance n’est prévue. Un conciliateur a été assigné au dossier.

La Fabrique Notre-Dame est toujours ouverte à la négociation, assure Daniel Granger. «On pense que nos offres sont raisonnables, et qu’on est capable de négocier sur cette base-là», déclare-t-il.

Nous espérons que vos clients mettront autant d’énergie dans la négociation que dans ce qui semble être une forme de chasse aux sorcières qui n’aide en rien le rapprochement des parties.

Extrait de la réponse des syndicats du Cimetière Notre-Dame-des-Neiges à la mise en demeure

La dernière offre de l’employeur prévoit 14,25% d’augmentations salariales entre 2022 et 2026, mais aucune rétroactivité depuis 2019, moment où la convention collective des employés d’entretien a expiré. Une proposition éloignée des revendications syndicales, qui exigent des conditions salariales équivalentes à celles de leur compétiteur de l’est de la Ville, du Repos Saint-François d’Assise.

«On est vraiment dans une impasse», souligne Éric Dufault, qui ne croit pas qu’une entente sera signée à court terme. Là où le bât blesse – au-delà de l’aspect monétaire – c’est que la Fabrique veut couper de 30% ses effectifs, autant les employés de bureau que ceux de l’entretien. Il est impossible de donner un niveau de service adéquat au même nombre de familles, sinon plus en raison de la pandémie de la COVID-19, à effectif réduit, déplore le président du syndicat.

«Les familles vont souffrir de la fermeture du cimetière. Il va y avoir du mécontentement», estime le président, notamment avec Pâques et la fête des Mères qui approchent.

«Le feu va être pogné dans la baraque […] ils vont être obligé de modifier leur position, parce que la population n’acceptera pas que le plus gros cimetière au Canada soit fermé», conclut-il.

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