Les tentes toujours présentes dans le camp de fortune d’Hochelaga
Une quarantaine de tentes sont toujours installées dans le campement de fortune de la rue Notre-Dame Est. Malgré la volonté de la Ville de Montréal de vider les lieux d’ici la fin de la journée, la majorité de ses résidents dit vouloir y rester.
Ce matin, la vie semble suivre son cours sur dans le campement de fortune. Plusieurs enfants sont même venus prendre leur repas dans le square, à quelques mètres des tentes. Seuls trois policiers à vélo font une ronde, parlant avec les itinérants, les intervenants des organismes et les passants.
«On est là comme tous les jours; on jase avec les gens que l’on connait bien», témoigne un des trois policiers à vélo.
Les travailleurs de rue sont présents et la distribution alimentaire des organismes se poursuit.
Pourtant, la semaine dernière, la mairesse Valérie Plante avait prévenu que toutes les personnes en situation d’itinérance devaient avoir quitté le campement de fortune avant la fin du 31 août. Elle avait aussi promis un démantèlement pacifique.
«On se demande bien comment ça va se passer, il n’y a personne de la Ville pour le moment, on a peur que ça arrive par surprise», mentionne Michelle Patenaude, intervenante pour l’organisme CAP St-Barnabé.
«Aussitôt que je me trouve un logement, je quitterai la place»
Intervention policière ou non, une chose est sûre : plusieurs habitants du camp de fortune comptent bien rester ici.
C’est le cas de Marco, qui explique un trémolo dans la voix qu’Hochelaga l’a vu grandir, «c’est mon quartier, partir d’ici ce serait comme m’exiler», explique-t-il. «Aussitôt que je me trouve un logement, je quitterai [le campement]», ajoute-t-il cependant.
«Moi, je reste là tant qu’il y a des gens», assure Guylain Levasseur, un des habitants du campement. Depuis plusieurs semaines, il distribue des collations, des repas, et «plus de 300 tasses de café par jour» grâce aux dons de citoyens et de ses propres fonds. Cela en plus de la Croix-Rouge présente sur place.
Changer de lieu de vie, d’habitude, c’est ce qui est préoccupant pour Kévin, travailleur de rue pour l’organisme Rézo. «Les changer de quartier, ça va augmenter la violence, on change leurs habitudes, ils vont tous se ramasser à différents endroits», souligne-t-il.
«Le nombre d’itinérants est bien plus élevé que l’offre des refuges, pour moi, la solution, c’est de les laisser choisir et de les laisser tranquilles», ajoute-t-il.
Un refuge comme solution au camp de fortune
Pour loger les personnes en situation d’itinérance et libérer les lieux, la Ville de Montréal a annoncé l’ouverture d’un refuge temporaire dans les anciens locaux du YMCA ainsi que l’ajout de places dans des refuges existants.
Mais pour Francis, aller dans un refuge est impensable, «à cause des bibittes notamment». «Pour l’hiver, j’irai me construire une cabane», lance-t-il. Sorti de prison il y a trois ans, il explique avoir trouvé un emploi et un logement l’année qui a suivi. «Mais la police venait toujours vérifier ce que je faisais chez moi, me réveillait en pleine nuit… Je préfère la rue, au moins, j’ai la paix», insiste-t-il.
Actuellement, plusieurs personnes sont en train de se rassembler, pancartes à la main, pour manifester contre le démantèlement du campement.