Les employés de CARE Montréal descendent dans la rue
Ni la neige ni les températures glaciales n’ont empêché des employés du refuge pour itinérants CARE Montréal de manifester ce matin pour dénoncer la précarité de leurs conditions de travail et les manœuvres antisyndicales de leur employeur.
Les employés rapportent que les conditions de travail se seraient dégradées au sein de CARE Montréal, ce qui les mettrait en danger à leur poste de travail.
«J’ai décidé de quitter, car ça impactait trop ma santé mentale», explique Maxime*.
Travailler dans des conditions aussi précaires et dangereuses, ça ne vaut pas la peine de se mettre cette charge mentale.
Maxime
Elle explique notamment devoir vider des cubicules de seringues avec des gants de jardinage et utiliser des sacs de poubelle pour se faire des protections contre les punaises de lit.
«C’est un appel au quartier et aux autres organismes communautaires de montrer qu’ils sont du côté des travailleurs et travailleuses», explique Jules, qui décrie le fait que son employeur combat la précarité en rendant ses propres employés précaires. «Le but, ce n’est pas qu’on ait nous-mêmes de la misère à se nourrir et à avoir un toit.»
Pour le directeur général de CARE Montréal, Michel Monette, il n’y aurait «rien de problématique».
«Il y a juste de l’incompréhension, mais il n’y a pas de problèmes», soutient-il.
Des «manœuvres antisyndicales»
Le nouveau syndicat des travailleurs de CARE Montréal a déposé mardi dernier une requête d’accréditation au Tribunal administratif du travail (TAT). Ce dernier effectue actuellement des vérifications sur la situation. L’employeur a désormais 30 jours pour contester cette demande auprès du TAT.
Malgré l’obligation qu’a l’employeur d’afficher un avis dans les locaux du refuge le jour suivant pour en informer l’ensemble des employés, aucun affichage n’a été fait jusqu’à maintenant.
Michel Monette se défend de ne pas avoir encore affiché l’avis de demande d’accréditation. La cause serait une méconnaissance du monde syndical.
Je n’ai jamais été dans un environnement syndical, il y a beaucoup d’ignorance, je suis un ignorant, donc, ça arrive.
Michel Monette
«La procédure d’accréditation syndicale a été déposée mardi, donc on suit le processus et on travaille avec la CSN, explique le directeur général. On est en train de se fusionner avec un organisme qui a un syndicat de la CSN. Si on était antisyndical, on ne se fusionnerait pas avec eux autres.»
Plusieurs employés dénoncent aussi des pratiques d’intimidation liées à leur désir de se syndiquer.
«Les travailleurs et les travailleuses de CARE veulent se syndiquer, c’est un droit fondamental protégé par les chartes, et l’employeur ne veut pas en leur mettant des bâtons dans les roues, en passant par du harcèlement, de l’intimidation et toutes sortes de stratégies antisyndicales classiques», explique Chantal Ide, vice-présidente du Conseil central du Montréal métropolitain CSN.
Certains employés dénoncent aussi des licenciements illégaux au sein de l’entreprise.
«J’ai été licenciée de manière illégale pour activité syndicale. Il y aurait eu des doutes sur mes activités syndicales, comme quoi j’aurais fait signer des papiers syndicaux aux employés», explique Camille*.
Ils m’ont dit que j’étais en bris de confiance avec la direction, donc, ils m’ont licenciée.
Camille
Selon elle, Michel Monette «décrédibiliserait» les démarches des employés en qualifiant le syndicat d’illégal.
«Il essaye de faire en sorte que le moins de monde possible veuille se syndiquer», explique Camille.
Des conditions au détriment des bénéficiaires du refuge
Pour Jules, les conditions de travail ont un impact direct sur les personnes itinérantes venant trouver refuge à CARE Montréal.
Selon lui, le «gros turn over» dans l’entreprise empêcherait les employés de créer un lien essentiel avec les usagers du refuge.
«Ils méritent tout l’amour du monde, ils méritent de bons repas chauds et un bon service clinique, mais malheureusement, parfois, on n’est pas capable de l’offrir, dit-il. Au final, ce sont les usagers qui perdent à cause des mauvaises conditions.»
*Nom fictif pour préserver l’anonymat de la personne.