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L’orgue aux cent couleurs

Photo: Catherine Paquette/TC Media

Depuis 1915, le majestueux orgue Casavant fait résonner «la voix de Maisonneuve» dans les murs de l’église du Très-Saint-Nom-de-Jésus, située sur la rue Adam. Une messe spéciale a été célébrée dimanche pour marquer l’anniversaire de l’imposant instrument de réputation internationale qui a traversé les époques, non sans obstacles. Il trône toujours dans la tribune de l’église d’Hochelaga-Maisonneuve, tel un joyau du patrimoine québécois.

Il y a cent ans, Édouard Contant exige un orgue fabriqué par les frères Casavant pour l’église de la prospère ville de Maisonneuve. Et le curé, qui désire offrir la musique de cet instrument à ses fidèles pour le dimanche de Pâques, voit grand.

L’orgue livré dans cinq wagons train, de Saint-Hyacinthe à Maisonneuve, compte pas moins de 6500 tuyaux. L’instrument est à l’époque le 6e plus massif en Amérique du Nord et le plus gros au Québec, attirant des organistes de renom pour reconnaître la finesse de ce qui deviendra la «voix de Maisonneuve».

C’est probablement un des plus gros des frères Casavant. Une de ses caractéristiques, c’est d’avoir été construit à une époque où les instruments de cette grosseur étaient très rares» – Denis Blain, directeur technique chez Casavant

L’instrument massif de 91 jeux est composé de deux parties: l’une dans le chœur et l’autre à la tribune, une chose toute aussi rare pour l’époque. Impressionnant par son large répertoire de style romantique symphonique anglais qu’il permettait de jouer, il est encore plus polyvalent aujourd’hui.

«Dans les années 70-80, la nouvelle tendance était le style baroque, avec la musique de Bach. Avec les restaurations, on lui a donné cette nouvelle palette de couleurs, tout en conservant l’espèce de velours d’origine propre aux années 1915-1920», raconte le directeur technique.

L’organiste résidant à l’église du Très-Saint-Nom-de-Jésus, Jason Biel, a permis à TC Media l’accès à sa tribune. L’étudiant originaire de l’Alberta a pris plaisir à faire la démonstration de la variété de sons dont l’instrument était capable. Il n’a pas hésité à choisir le jeu «bourdons» pour faire la démonstration de notes riches mais discrètes, avant de changer de registre et de faire retentir sa voix dans toute sa puissance.

Péripéties
À travers les années, le manque de fonds a forcé l’orgue à se taire à plusieurs occasions. D’abord délaissée par l’église catholique dans les années 60, ce n’est qu’en 1985 que les premiers travaux ont débuté pour le restaurer.

La deuxième phase a été entreprise dix ans plus tard après une campagne populaire menée entre autres par la députée Louise Harel.

En 2010, le cardinal Jean-Claude Turcotte, archevêque de Montréal, se voyant incapable de payer la facture d’entretien, annonce son intention de vendre aux intéressés acheteurs de la cathédrale de Toronto pour 2,5 M$. «La question avait été soulevée à l’Assemblée nationale, rappelle M. Cousineau. Un comité de sauvegarde a été créé pour s’assurer qu’il resterait au Québec».

Des travaux de plus de 2 M$ ont récemment eu lieu à l’église, pour la débarrasser des moisissures et de l’amiante, sauvant du même coup l’instrument d’une plus grande détérioration.

À présent, nombreux sont ceux qui comptent faire retentir «la voix de Maisonneuve» à nouveau, grâce à des concerts et davantage d’activités culturelles à l’église. Le retour du festival Orgue et couleurs a d’ailleurs annoncé pour l’été 2016.

«C’est comme si on avait un diamant entre les mains et qu’on refusait de le montrer. C’est le temps de remettre cet orgue sur la map», conclut M. Cousineau.

Le tout a débuté le dimanche 24 janvier alors qu’une grande fête était organisée pour souligner le centenaire de l’orgue, en la présence de personnalités dont le maire Réal Ménard.

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