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Mourir chez soi, un cadeau

Patient qui reçoivent des soins palliatifs à domicile. Photo: Isabelle Bergeron/TC Media

Guy Tremblay a été diagnostiqué avec un cancer en phase terminale en novembre, à peine deux semaines après avoir pris sa retraite. Il est d’abord resté incrédule quand on lui a dit qu’il pourrait être soigné chez lui. Depuis, avec son épouse Mona, il reçoit l’infirmière de soins palliatifs dans son appartement de la rue Sainte-Émilie, où il habite depuis plus de trente ans.

Dans son salon, un élément du décor saute aux yeux: un lit d’hôpital. «C’est là que je veux mourir, dans ma bay window, presque assis dehors. C’est le plus beau cadeau qu’on pourrait me faire à vie», lance M. Tremblay avec philosophie.

Mais il n’est pas pressé de partir pour autant. Grâce aux soins à domicile, il peut encore bien profiter du temps qui lui reste, voir ses enfants, les recevoir chaque fin de semaine avec ses frères et sœurs.

D’ici là, il profite de chaque moment. Il a d’ailleurs bien hâte à la réunion familiale de samedi. «On va manger du ragoût de pattes. Ça va aider à me remplumer un peu. Tout ce que je voudrais, c’est avoir un dernier été. Voir mes petits oiseaux et les fleurs dans ma cour», espère-t-il, juste avant que l’émotion le submerge.

Unique
Chaque matin, Mylène Dagenais commence sa tournée son sac à dos sur l’épaule pour se rendre en voiture au domicile de chacun de ses patients. Dès qu’ils lui ouvrent la porte, leur sourire laisse transparaître toute leur reconnaissance. C’est grâce à elle et à l’équipe des installations du Sud-Ouest-Verdun du Centre intégré universitaire de Santé et Services sociaux (CIUSSS) qu’ils peuvent demeurer chez eux malgré leur maladie.

«Des services comme ça, tout le monde devrait y avoir droit. Quand on raconte ça à des gens, ils ne nous croient presque pas», assure l’ancien opérateur de presse, qui a également été propriétaire du dépanneur la Souricière, à Verdun.

Une réaction très fréquente, selon Mme Dagenais. Il faut dire que le service de soins palliatifs à domicile du Sud-Ouest et Verdun est unique. Il devrait toutefois se répandre, puisque le ministre de la Santé Gaétan Barrette souhait qu’il serve de modèle à travers la province.

Solitude
Tous les patients n’ont pas la chance, comme M. Tremblay, d’avoir quelqu’un à son chevet. Pour Paul-Émile Bleau, qui vit seul depuis le décès de sa femme, l’aide de ses enfants est essentielle, malgré la distance.

«Sa fille l’appelle tous les jours et vient le voir toutes les fins de semaine. C’est rassurant pour nous. Quand un patient est seul, notre cœur d’infirmière est toujours plus inquiet», souligne Mme Dagenais, qui le soigne depuis son diagnostic de cancer, il y a deux ans. À l’époque, le médecin ne lui donnait que six mois à vivre.

L’infirmière le connaît bien. C’est d’ailleurs ce qui lui a permis, il y a une semaine, de détecter une infection pulmonaire. «Il toussait plus que d’habitude, alors je l’ai examiné et j’ai appelé sa médecin pour qu’elle lui prescrive des antibiotiques. C’est certain que si je n’avais pas été là, ça aurait peut-être évolué en une pneumonie, qui aurait pu être mortelle pour lui», raconte-t-elle.

Ne serait-ce que pour la compagnie des professionnels de la santé, M. Bleau est très reconnaissant. Très sociable, il ne peut plus vraiment quitter son appartement. Les trois étages d’escaliers qui le séparent du trottoir seraient beaucoup trop difficiles à remonter.

N’ayant jamais aimé les hôpitaux, les soins à domicile permettent à l’homme de 83 ans de demeurer dans le logement des 32 dernières années qu’il a partagé avec son épouse, dont la présence est encore palpable à travers de petites touches, comme les fleurs de tissu sur la table du salon.

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