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À qui profite la densification de L’Île-des-Sœurs?

La population de L'IDS pourrait augmenter de 25% à moyen terme, selon l’Association des propriétaires et résidents de L’Île-des-Sœurs (APRIDS). Photo: Denis Germain/Métro

Nombreux sont les résidents de L’Île-des-Sœurs qui s’inquiètent d’une croissance démographique incontrôlée sur leur île. Or, les experts consultés par Métro sont catégoriques: la densification de L’IDS est nécessaire et souhaitable. Mais se ferait-elle toutefois au détriment de la population locale?

Cité de l’Île, vaste projet immobilier qui sera adjacent à la future gare du REM, fait couler beaucoup d’encre depuis son dévoilement. Le nouveau complexe devrait notamment comprendre 1121 logements, des commerces, des espaces de bureaux et un hôtel.

Réduction des îlots de chaleur, inclusion de logements sociaux, priorité au transport actif et collectif: Cité de l’Île «coche plusieurs cases de principes de développement durable lorsqu’on le regarde à l’échelle de la région de Montréal», précise le professeur en études urbaines à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Juste Rajaonson.

De plus, avec l’arrivée de la gare du REM, il est pertinent de densifier la zone qui l’entoure pour optimiser le réseau de transport collectif, affirme-t-il.

Cela dit, le projet devient plus problématique lorsqu’on s’attarde aux effets secondaires pour les citoyens avoisinants, précise M. Rajaonson. «[Cité de l’Île] risque d’exacerber les problèmes vécus par les résidents locaux, ajoute-t-il. Il faut régler les problèmes qui sont déjà existants avant de développer.»

Lors d’une consultation publique tenue sur Cité de l’Île le 24 janvier, plusieurs de ces résidents locaux ont soulevé des inquiétudes quant à la circulation, le manque de place dans les écoles, et des infrastructures déficientes. Les principales préoccupations des citoyens ne concernent donc pas le projet en soi, mais plutôt un déséquilibre avec le niveau de service à l’IDS, note l’expert.

Tout compte fait, on va voir le même nombre d’équipements, les mêmes services, mais avec une plus grande population.

Juste Rajaonson, professeur en études urbaines à du Québec à Montréal (UQAM)

À lire aussi : L’Île-des-Sœurs devra se transformer, estime sa mairesse

«Pas dans ma cour»

Pour le professeur à l’école d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal, Shin Koseki, les doléances des résidents de L’IDS découlent plutôt du phénomène du «pas dans ma cour». «On aime bien les projets, mais pas quand ils sont proches de chez nous», précise-t-il.

M. Koseki ne fait pas grand cas du peu d’approbation suscitée par Cité de l’Île. «L’acceptabilité sociale, elle est toujours très faible. La population n’aime jamais quand l’environnement change, ou très rarement.»

Il y a un partage de l’espace à faire. C’est le propre de vivre en ville. On ne peut pas vivre en ville et espérer avoir son pied carré tout seul dans son coin.

Shin Koseki, professeur à l’école d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal

Les résidents de L’IDS – «extrêmement privilégiés» – ne sont pas des gens à plaindre, argumente-t-il. «Dans les faits, ils ont accès à des activités de loisirs. Ce ne sont pas des gens qui sont très limités et qui sont condamnés à rester dans leur quartier.»

Aujourd’hui, dans notre façon de concevoir la ville, on densifie d’abord, ajoute-t-il. Les services et les infrastructures, «ça vient en deuxième temps».

Pourquoi densifier?

«Pour [lutter contre les changements climatiques], limiter la pression sur les espaces naturels et les espaces agricoles, [la densification] c’est pas mal ce qu’on peut faire de mieux, explique Juste Rajaonson. On a beaucoup de marge [pour densifier à Montréal], ce n’est pas vrai qu’on va s’entasser.»

Par ailleurs, la densification attire plus d’individus, de commerces et de services, ce qui engendre des activités économiques, souligne Shin Koseki. Le développement immobilier se transpose aussi en revenus de taxe pour la Ville. D’autant plus dans un secteur en demande comme L’Île-des-Sœurs, où la valeur foncière est très élevée, précise-t-il

Les deux experts s’attendent tous deux à ce que les développements immobiliers comme Cité de L’Île soient de plus en plus populaires. «Si on veut que ces projets soient socialement acceptables, il faut penser non pas aux nouveaux résidents qu’on va attirer, mais plutôt à ce que le projet rapporte à la population qui est déjà présente», explique Juste Rajonson.

De son côté, Shin Koseki plaide pour une meilleure consultation de la population locale «du jour un jusqu’à la dernière brique du projet». «Plus le processus est transparent, mieux ça se passe, plus tout le monde est content», remarque-t-il.

Une augmentation de 25% de la population

Le programme particulier d’urbanisme (PPU) de la Ville de Montréal pour la partie nord de L’IDS prévoit l’ajout d’environ 2900 logements dans le secteur.

Le développement immobilier du nord de L’IDS attirerait 4500 résidents, «à court et moyen terme», aux dires de l’Association des propriétaires et résidents de L’Île-des-Sœurs (APRIDS). En considérant les projets résidentiels au sud de l’île, dont une tour de 42 étages, ce sont plus de 5500 individus qui emménageraient à l’IDS, selon son estimation.

Selon le dernier recensement canadien, en 2021, L’IDS comptait 21 568 résidents. Ainsi, l’ajout de 5500 résidents représenterait une hausse de plus de 25% de la population locale.

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