Des entrepreneurs braquent les projecteurs sur la santé mentale
Les jeunes entrepreneurs sont «confrontés à des symptômes d’anxiété et d’isolement inédits». C’est l’avis du Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec (RJCCQ), qui tire la sonnette d’alarme dans une lettre ouverte qui fait état des problèmes de santé mentale avec lesquelles doivent composer ses membres.
Une des cosignataires, la présidente de l’aile jeunesse de la Chambre de commerce et d’industrie du Sud-Ouest de Montréal, Charlène Lepage, juge que la pandémie a eu de grands effets autant sur sa propre santé mentale que celles d’autres propriétaires d’entreprise.
«Ça a rajouté un stress financier, économique. Mes besoins de base sont comblés, mais au point de vue de la carrière, c’est le néant, estime la kinésiologue laSalloise. C’est beaucoup d’insécurité, d’inconnu et d’incertitude.»
Elle se considère chanceuse cependant de pouvoir offrir une partie de ses services en ligne, mais c’est évidemment loin de ce qu’elle faisait avant.
Plusieurs de ses collègues se sentent non seulement «isolés», mais aussi «découragés».
«Il y a des deuils qui sont en train de se faire en ce moment. Le rêve de leur vie est sur la glace ou tombe à l’eau. Ça me brise le cœur», ajoute Mme Lepage.
La pandémie est venue exacerber certains enjeux de santé mentale auxquelles les entrepreneurs devaient déjà faire face, selon elle. En 2018, un entrepreneur sur deux en avait souffert par le passé selon une étude du RJCCQ.
Montagnes russes
Le manque de communication du gouvernement est un élément frustrant pour la cheffe et copropriétaire du Komma Rosta à Verdun, Éléna Matsuo.
La pandémie a tout bouleversé trois mois après l’ouverture du café. «On apprenait les nouvelles en même temps que les clients. Il y a eu beaucoup de colère, de frustration, de tristesse», soupire son associé Dave Côté, le microtorréfacteur et barista.
«Déjà en restauration, il y a beaucoup d’incertitudes. Et là, on rajoute une pandémie.» – Éléna Matsuo, cheffe et copropriétaire du Komma Rosta
Mme Matsuo a l’impression d’ouvrir une nouvelle entreprise chaque mois. «Ça a été beaucoup de montagnes russes. On met des efforts, mais on ne sait pas si ça va servir à quelque chose», ajoute-t-elle.
Sans l’apport de la communauté, il aurait été difficile de continuer selon eux.
Demandes
Le RJCCQ souhaiterait, entre autres, la nomination d’un ministre délégué à la santé mentale qui travaillerait avec tous les ministères afin d’assurer une meilleure accessibilité aux ressources.
Aussi, l’organisation demande une subvention pour la formation de premiers répondants bénévoles, issus du monde des affaires, pour aider les entrepreneurs de la relève en situation de détresse.
Elle réitère l’instauration d’un «Fonds avenir Québec» avec une enveloppe de 50 M$, dont une partie serait affectée à la résolution des enjeux de santé mentale.
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Nombre de signataires de la lettre ouverte concernant la santé mentale des entrepreneurs, enjoignant le gouvernement d’agir.