Toujours un manque criant de brigadiers scolaires
Le manque de brigadiers scolaires est toujours important dans la ville de Montréal et notamment dans le Plateau-Mont-Royal, où des coins de rue restent vides pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines depuis le début de l’année. Les parents s’inquiètent et les enfants ont peur de traverser les rues.
À l’école Saint-Pierre-Claver, le brigadier scolaire situé au coin des Érables et Gilford depuis environ quatre ans, s’est vu déplacé à d’autres coins de rue de nombreuses fois en 2018, sans être remplacé.
«Depuis que je suis à ce poste, c’est la première fois qu’on me déplace. Je n’y ai pas été pendant plus de deux semaines et demi en mars et quelques jours depuis le mois d’avril», explique le retraité, qui a un poste permanent pour environ quatre heures de travail par jour.
L’intersection des Érables et Gilford a été analysée et jugée non prioritaire par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Les brigadiers scolaires sont donc parfois déplacés à des intersections jugées prioritaires pour remplacer un collègue malade ou bien qui a quitté son travail.
Différents facteurs entrent en compte pour définir un endroit non prioritaire, selon l’inspecteur du Poste de quartier (PDQ) 38, Benoit Amyot, tels que le nombre d’élèves qui traversent, le temps requis pour traverser la rue, le nombre de véhicules qui circulent pendant la période où ces derniers traversent, la signalisation mise en place, la largeur de la chaussée, les saillies de trottoirs et la présence de piste cyclable ou d’autobus.
Le SPVM est actuellement à la recherche de nouveaux brigadiers. Avec 34 brigadiers pour 35 traverses, le PDQ 38 a seulement quatre personnes surnuméraires en banque en raison de récentes démissions. Il leur en manquerait au moins quatre autres.
À l’école Lambert-Closse dans le Mile End, l’absence de brigadier scolaire au coin des rues Waverly et Bernard s’est fait sentir pendant deux semaines en continu à la fin du mois de mars, explique Yves Blanchet, président du conseil d’établissement de l’école.
«Depuis son retour notre brigadier a été absent une journée. Nous portons attention», ajoute-t-il.
Manque de sécurité
Cependant, il existe une grosse préoccupation de la part des parents, car ce coin de rue en question est dangereux, explique le brigadier scolaire.
«Il n’y a pas de panneau stop et la priorité piéton n’est pas respectée à cette intersection. Les enfants ont peur de traverser, de gros camions passent souvent sur cette rue qui est à double sens. Il y a des matins où c’est l’enfer, car il y a de gros bouchons», lance-t-il.
Aussi, ce dernier explique qu’avant, lorsqu’il manquait des brigadiers, des voitures de police venaient assurer la sécurité. Maintenant ce n’est plus le cas.
Ben Valkenburg, commissaire scolaire pour Le Plateau-Mont-Royal, explique que la Commission scolaire de Montréal (CSDM) aimerait voir une augmentation du nombre de brigadiers lors des journées scolaires et pédagogiques sur tout le territoire de la Commission.
Catherine Harel Bourdon, présidente de la CSDM, avait d’ailleurs envoyé un courrier en septembre dernier aux candidats aux élections municipales afin de les questionner sur leurs ambitions sur ce sujet.
«Le nombre de brigadier est stable à la SPVM alors que la circulation des automobiles et des cyclistes a augmenté depuis ces dernières années, tout comme le volume d’élèves. Donc c’est contradictoire de maintenir le nombre de brigadiers au même niveau.» – Ben Valkenburg, commissaire scolaire.
Brigadier scolaire
Le SPVM compte 521 brigadiers scolaires permanents et environ 180 brigadiers surnuméraires (sur appel). Ces hommes et des femmes ont une moyenne d’âge de 61 ans et travaillent quatre heures par jour pendant cinq jours.
Ils sont à leur poste lors des trois moments de la journée où les écoliers transitent entre l’école et leur résidence. Ils travaillent donc le matin pour la rentrée des classes, sur l’heure du midi et en fin de journée.
Ils ont pour mandat de surveiller les écoliers qui traversent aux intersections afin d’assurer leur sécurité et prévenir les accidents de circulation.
«On ne fait pas juste faire traverser les enfants, mais on assure aussi leur sécurité lors de différentes situations dangereuses, raconte le brigadier scolaire. Quand un parent ou un bus scolaire laisse un enfant à un coin de rue non sécuritaire on va le signaler à l’école, ou quand un enfant traverse au passage piéton et qu’une voiture passe sur le feu rouge, je l’aide à traverser même si j’ai fini mon travail de la journée.»