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Faire de l’Hôtel-Dieu un «milieu de vie inclusif»

Chantal Rouleau, Ruba Ghazal et Jennifer Maccarone étaient présentes lors de l'assemblée du 15 septembre organisée par la CSU. Photo: Gracieusté, Communauté Saint-Urbain

Que faire de l’Hôtel-Dieu? La Communauté Saint-Urbain (CSU) travaille sur la question depuis une dizaine d’années, période pendant laquelle un projet ambitieux a pris forme, sous les regards intéressés de citoyens et d’acteurs communautaires et politiques. Le 15 septembre, la CSU organisait une assemblée publique à la Cité-des-Hospitalières afin d’interpeller les candidats des partis provinciaux et leur demander un appui clair au projet.

En 2013, quelques années après l’annonce du déménagement du Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM), le site de l’Hôtel-Dieu a été qualifié d’excédentaire.

«Ça veut dire qu’il faut lui trouver une nouvelle vocation», a expliqué l’urbaniste de Rayside Labossière, Louis Fauchard, en s’adressant aux personnes présentes dans la salle.

À la lumière de cet enjeu, auquel s’ajoute la crise du logement, ce dernier souligne qu’une solution – du moins une proposition de solution – existe. Elle s’articulerait autour d’une «vision rassembleuse et d’un concept d’aménagement qui vient perpétuer la vocation sociale et communautaire de ce lieu à haute valeur patrimoniale», précise Louis Fauchard.

Concrètement, la CSU propose de transformer le site de l’Hôtel-Dieu en un milieu de vie inclusif, notamment par la requalification de trois pavillons existants, soit les pavillons Le Royer, Jeanne-Mance et Masson, et la construction de deux nouveaux bâtiments. Cela permettrait de développer une offre de logements sociaux pour diverses catégories de population aux besoins spécifiques: des familles avec enfants, des personnes à risque d’itinérance, des personnes ayant un parcours de vie atypique, des étudiants, des aînés.

«Selon nos estimations, il y aurait 150 unités dans les pavillons existants et 160 dans les deux nouveaux pavillons», ajoute Louis Fauchard.

Faisant partie d’un «réseau de sites institutionnels exceptionnels», le projet de la CSU prévoit en outre l’intégration d’un ensemble de fonctions complémentaires à celles qui se trouvent dans l’axe de la rue Saint-Urbain. Ce milieu de vie inclurait des espaces pour des groupes communautaires, des ateliers d’artistes, un CPE, des espaces publics et des jardins communautaires. L’accès à des services de santé sur le site de l’Hôtel-Dieu serait aussi prévu.

«Il y a encore du travail à faire»

«Un gouvernement de la Coalition avenir Québec travaillera, rapidement après son élection, en partenariat avec Communauté Saint-Urbain […], afin de développer un quartier innovant voué à la création d’un milieu de vie inclusif et de mixité sociale dans le secteur patrimonial de l’Hôtel-Dieu de Montréal.»

Cette citation est tirée d’un communiqué daté du 21 septembre 2018, diffusé en plein cœur de la campagne électorale de 2018, dont la CAQ est sortie vainqueure.

Ce même document affirmait que l’actuelle ministre responsable de la Métropole, Chantal Rouleau, alors candidate caquiste dans la circonscription de Pointe-aux-Trembles, avait rencontré «avec beaucoup d’ouverture les promoteurs du projet».

Quatre ans plus tard, bien que Chantal Rouleau réitère que «le projet est en soi intéressant et qu’il mérite d’être bien considéré», elle croit néanmoins qu’il y a encore du travail à faire.

«On peut toujours faire ce qu’on veut faire, mais c’est évident qu’on ne veut rien faire», l’a interpellée une citoyenne durant l’assemblée du 15 septembre.

«On a énormément de bâtiments patrimoniaux à Montréal qui cherchent une nouvelle vocation, mais qui impliquent aussi énormément d’argent. Malheureusement, on doit tenir compte de cette situation monétaire, financière. Ça s’appelle une gestion responsable», lui a répondu la ministre et candidate caquiste. Il faut trouver les fonctions et s’assurer qu’elles soient adaptées, que le bâtiment répondra à ce qu’on souhaite. Ce n’est pas un manque de volonté, mais je suis persuadée qu’il y a encore du travail à faire. Les projets sont longs à arriver. Je le sais, je suis en politique depuis 12 ans. J’en ai réalisé, des projets, et c’est long.»

«La complication, c’est le gouvernement du Québec»

«Il y a quatre ans, on a fait une assemblée comme celle de ce soir, avec les représentants des différents partis politiques, dans le cadre des élections. On avait rencontré Mme Rouleau. Elle était très intéressée, très accueillante. Depuis quatre ans, on attend… on attend», a déploré le président de la Communauté Saint-Urbain, Dimitri Roussopoulos, lors d’une entrevue téléphonique avec Métro.

«Le conseil d’arrondissement du Plateau et la Ville-centre sont intéressés par le projet. On a l’intérêt de notre député fédéral. Ce n’est pas seulement un projet de béton, de bois. Il y a une vision derrière ça», a-t-il ajouté.

La députée sortante de Mercier, Ruba Ghazal, qui était présente lors du rassemblement du 15 septembre, estime que le gouvernement provincial raterait une occasion de faire de l’Hôtel-Dieu un «modèle du genre de développement qu’on veut avoir un peu partout au Québec» s’il ne finançait pas ce projet.

«Je sais qu’il y a des gens de grand talent, de grande expertise qui se mobilisent pour ce projet. C’est un projet complet qui permet de répondre à plusieurs crises que nous traversons», estime la candidate de Québec solidaire.

Du côté des libéraux, la députée sortante de Westmount–Saint-Louis, Jennifer Maccarone, a dénoncé l’inaction du gouvernement caquiste quant à l’avancement de ce projet.

«Depuis 2018, rien n’a été fait avec ce projet. C’est toujours dans les mains du ministère de la Santé. Rien n’a été transféré à la Société québécoise des infrastructures», a-t-elle affirmé.

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