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40 ans de dévouement pour les Petits Frères

Réal Longpré a consacré pratiquement la moitié de sa vie à sortir les personnes âgées de l’isolement. Photo: Denis Germain, Métro

Il y a 40 ans, Réal Longpré traversait pour la première fois le seuil de la porte du 4624, rue Garnier, sur le Plateau-Mont-Royal. À cette adresse se trouvait – et se trouve toujours – le siège social des Petits Frères. Maintenant âgé de 84 ans, M. Longpré a consacré pratiquement la moitié de sa vie à sortir les personnes âgées de l’isolement.

Métro a rencontré Réal Longpré à la résidence pour personnes âgées de Rosemont–La Petite-Patrie où il réside depuis environ un an et demi. «J’ai demeuré pendant 56 ans sur la rue Brébeuf, en face du parc Laurier. C’est à peu près à 10 minutes de marche des Petits Frères.»

C’est d’ailleurs ainsi, en marchant maintes fois devant l’établissement des Petits Frères, qu’il a finalement décidé d’y entrer et de découvrir les services d’accompagnement offerts aux personnes âgées seules, communément appelés «les grands amis».

«J’ai fait ça pendant 40 ans. J’ai fait toutes sortes d’activités, mais j’ai découvert que le plus important, c’était de les accompagner… pas de les diriger, pas de leur dire quoi faire», souligne M. Longpré.

«Si elle va à droite, vous allez à droite; si elle va à gauche, vous allez à gauche, poursuit-il, décrivant quelque chose qui ressemble un peu à de la danse. Vous vous assoyez si elle veut s’asseoir. Si elle veut marcher, vous allez faire une promenade. Vous la sortez si elle veut sortir. Vous ne parlez pas trop si elle ne veut pas vous entendre. Si c’est elle qui parle, vous l’écoutez.»

Une affaire de tempérament?

M. Longpré hésite lorsqu’on le questionne sur la source de ce «besoin de servir». «Je me demande si ce n’est pas génétique. J’ai l’impression qu’on a ça en soi. On est comme ça ou on ne l’est pas.»

Après avoir réfléchi plus longuement, Réal Longpré indique qu’il croit que «son penchant pour rendre service à des gens plus en difficulté» remonterait peut-être à un événement particulier lorsqu’il était enfant.

«Mon père était assez près de la paroisse. J’étais allé avec lui porter un panier de Noël à une famille pauvre. On est allé à pied. Mes parents n’étaient pas millionnaires et on n’avait pas de voiture. La famille pauvre possédait une voiture dans son entrée. La première chose que [le père de famille] a fait quand on est entré, c’est de lui offrir de la boisson. Ça m’avait frappé. Mon père, qui n’était pas trop riche, était allé porter des victuailles à une famille pauvre, qui elle, possédait une voiture dans l’entrée et de la boisson, ce que je n’avais pas chez moi.»

Son passé de professeur lui a également fourni certains repères lorsqu’il a été confronté à des personnes âgées qui «vivaient de la solitude vraiment à cause de leur caractère particulier et de leur tempérament».

«Ça ne me dérange pas parce que c’était la même chose avec mes étudiants. Dans une classe, les élèves qui ont le plus besoin du professeur, ce ne sont pas les dix meilleurs, ce sont les dix moins bons. La plupart du temps, les élèves qui ont de la difficulté au niveau scolaire ont des qualités qu’il faut aller découvrir et que, souvent, même les premiers de classe n’ont pas.»

Inverser les rôles

La pandémie a obligé M. Longpré à mettre un frein à ses activités auprès des Petits Frères. «Je suis devenu moins un bénévole et plus une personne âgée», dit-il en ricanant.

Il y a quelques mois, une responsable de l’organisme lui a suggéré qu’il devienne à son tour un «grand ami», pour qu’il ne soit pas oublié par les Petits Frères, croit-il.

Lorsque Métro lui demande s’il se sent seul, Réal Longpré indique qu’il ne souffre pas de solitude. «Ici, la maison est pleine de monde. Je ne m’ennuie pas du tout», se réjouit-il.

L’organisme Les Petits Frères célèbre ses 60 ans

Depuis 1962, les bénévoles des Petits Frères viennent en aide aux personnes âgées de 75 ans et plus qui souffrent d’isolement, notamment par le jumelage avec un bénévole, par des appels d’amitié, par des visites et des vacances organisées. Actuellement, 2 300 Grands Amis profitent de ces services d’accompagnement au Québec.

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