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Léo Major: un héros de guerre québécois méconnu

C'est bien Alexandre Robin, propriétaire de la Mercerie Roger.
Le propriétaire de la Mercerie Roger, Alexandre Robin, a ajouté trois étoiles sur le t-shirt de Léo Major représentant les deux médailles DCM qu’il a reçues et celle qu’il a refusée. Photo: Jimmy Vigneux

Malgré ses nombreux exploits militaires, le héros canadien-français Léo Major demeure un personnage historique méconnu.

Peu à peu, les historiens, les politiciens, et même la Mercerie Roger, située dans Hochelaga-Maisonneuve, tentent à leur manière de souligner sa mémoire. À l’instar de ses collègues de l’Assemblée nationale, le député d’Hochelaga-Maisonneuve, Alexandre Leduc, a appuyé la motion déposée par le Parti québécois (PQ) le 11 novembre dernier, afin qu’un lieu symbolique soit nommé en l’honneur de Léo Major, décédé en 2008.

C’est grâce à un ami qu’il a appris l’existence du personnage il y a quelques années, car malgré ses cours en histoire à l’UQAM, il n’en avait jamais entendu parler.

«Je m’explique pas pourquoi il n’est pas davantage connu, pourquoi il n’y a pas une série ou un film québécois sur sa vie. C’est un grand mystère», déplore-t-il.

C’est justement pour contribuer à faire connaître Léo Major que le propriétaire de la Mercerie Roger, Alexandre Robin, a conçu un t-shirt à son effigie, au début des années 2010. Lui aussi a découvert ce personnage grâce à un ami.

 

«Au début, on est incrédule quand on nous raconte qu’il a libéré une ville aux Pays-Bas à lui seul», raconte M. Robin.

La ville en question, Zwolle, a baptisé une rue Leo Majorlaan pour rendre hommage au militaire.

«C’est le t-shirt de Léo qui est le plus populaire à l’extérieur du Québec. J’ai du monde en Alberta qui m’en commande», ajoute-t-il.

Un homme discret

L’auteur du livre Léo Major, un héros résilient (Éditions Hurtubise, 2019), Luc Lépine, considère qu’il y a trois éléments qui expliquent cette méconnaissance.

«Premièrement, c’était un individu qui était très discret. Il n’a pas beaucoup parlé de ses exploits sur la place publique. Même sa femme n’était pas au courant jusqu’en 1970.» – Luc Lépine, historien militaire

Ensuite, il souligne qu’au Québec, on n’est pas très porté à mettre de l’avant nos militaires. On a plutôt tendance à mettre l’accent sur l’opposition à la conscription.

Léo Major, à l’inverse, s’est enrôlé volontairement dans l’armée, une job plus payante à l’époque que de travailler dans une usine pour 9 cent de l’heure.

«Troisièmement, Léo Major avait un caractère un peu difficile, précise-t-il. Donc, il avait peut-être certains problèmes avec les autorités militaires».

On pourrait penser que ces problèmes étaient occasionnés par son engagement souverainiste, mais Luc Lépine remet en question cette rumeur à son sujet. S’il est vrai que son épouse était membre du PQ, Luc Lépine ne croit pas que Léo Major était un indépendantiste. Cette thèse se base entre autres sur le témoignage de sa fille, Hélène Major, qui pense plutôt que son père était fédéraliste.

Élevé sur la rue Frontenac à Montréal, Léo Major a été récompensé à deux reprises de la Distinguished Conduct Medal (DCM). La rumeur veut qu’il ait refusé une troisième, car il n’aimait pas l’officier qui voulait lui remettre. Encore une fois, et grâce à une lettre écrite de la main du militaire québécois, Luc Lépine propose une autre version de l’histoire: «Il aurait préféré aller en permission en Belgique prendre un verre plutôt que de recevoir une médaille militaire».

En 2018, le parc du Souvenir à Longueuil a été renommé parc Léo-Major. C’était la première fois qu’une ville du Québec et du Canada rendait hommage à ce militaire canadien-français. Concernant la récente motion du PQ, M. Lépine propose qu’une autoroute soit nommée à son honneur.

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