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Travailler sans masque dans un CHSLD de Montréal-Nord

La Résidence Angelica, un CHSLD de Montréal-Nord, connaît une importante éclosion de COVID-19
La Résidence Angelica, dans Montréal-Nord. Photo: Josie Desmarais/Métro

Le quart des 345 résidents du CHSLD Angelica, à Montréal-Nord, a été contaminé au coronavirus. Douze en sont morts. Des employés de cet établissement privé conventionné se disent exaspérés du manque de main-d’œuvre et des problèmes de gestion.

«La direction des soins infirmiers nous a dit de ne pas porter un masque parce que les patients étaient asymptomatiques», raconte une employée qui a demandé à taire son nom.

Deux sources travaillant à la résidence ont confirmé à Métro Média que plusieurs de ces employés ont ensuite été testés positifs à la COVID-19, une situation qui aurait facilement pu être évitée.

«C’était écrit dans le ciel, affirme l’une d’elles. On n’a pas arrêté de se dire que les gens devaient être à une seule place. Le virus n’est pas écrit dans le front et il est tellement virulent qu’on doit prendre toutes les protections nécessaires».

Peu après le début de la crise sanitaire, la résidence Angelica, située sur le boulevard Gouin est, a mis en place une zone de confinement dans le centre de jour. On y hébergeait les nouveaux patients admis à l’établissement qui devaient se mettre en quarantaine pendant 14 jours.

Pendant plusieurs jours, la direction des soins infirmiers de ce CHSLD de Montréal-Nord aurait émis comme consigne aux employés qui travaillaient avec ces patients à risque d’être contaminés de ne pas se protéger, sauf s’ils étaient en contact direct avec eux. Ces mêmes employés auraient ensuite été appelés à travailler sur les autres unités de l’établissement cette même semaine-là.

En date d’aujourd’hui, 57 employés sur près de 500 ont été déclarés positifs et se sont absentés du travail.

Un transfert «chaotique»

En quelques jours, les cas de coronavirus se sont multipliés dans l’établissement, faisant déborder l’unité de confinement.

Cette situation a conduit la direction à ordonner dimanche dernier un transfert de cette unité vers des «zones chaudes» sur les étages de l’établissement.

Des employés affirment que la planification de ce transfert était déficiente.

«Ce qui a été fait cette journée-là, c’était extrêmement chaotique. Ça faisait pitié… Il y avait des résidents qui pleuraient et ça a fait pleurer des employés. Il n’y avait personne de la direction pour nous guider.»

Une troisième source travaillant dans ce CHSLD de Montréal-Nord dresse un portrait similaire de cette journée.

«Ça n’a pas bien été fait. La direction a pris la décision la journée même sans consulter le personnel. Il y avait des patients qui étaient laissés à eux-mêmes en attendant que leur chambre soit prête. Ce n’est pas être traité comme un humain»

Deux sources affirment qu’en raison de cette désorganisation, des patients infectés auraient été placés avec des patients négatifs dans au moins trois chambres.

Forcée de travailler malgré des symptômes

Selon deux sources, une préposée aux bénéficiaires de l’établissement aurait signalé à son employeur qu’elle souffrait de symptômes liés au coronavirus.

Pas convaincu du risque qu’elle représentait et pressé par le manque de main-d’œuvre, celui-ci aurait forcé cette préposée à rentrer travailler.

La direction nie tout

En entrevue avec Métro Média, la directrice des soins infirmiers, Nancy Tavares, s’est dite «un peu étonnée» des allégations des employés et nie chacune d’entre elles.

«Jamais on ne dit à notre monde de pas avoir les équipements, affirme-t-elle. Tous nos employés ont le niveau de protection requis depuis le début de la démarche de confinement.»

Concernant le transfert de patients, elle soutient que la situation décrite par les employés est le fruit d’une incompréhension.

«On est rigoureux dans nos processus […] et on a des unités en confinement et des déménagements pour protéger le plus possible notre clientèle négative, dit-elle. On l’a fait dans une optique de main-d’œuvre. Il y a peut-être certains employés qui n’ont pas compris le démantèlement».

Elle mentionne également que les employés qui présentent des symptômes reçoivent la consigne de ne pas aller travailler.

Devant le nombre élevé de résidents et d’employés contaminés au sein de sa résidence, elle attribue l’éclosion «majoritairement aux employés asymptomatiques.»

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