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Lieux de culte : une réouverture complexe

L'église de Saint-Léonard, lieu de culte pour les Catholiques.
Le père Adrian Boboruta dans son église. Les services religieux peuvent maintenant reprendre. Photo: Félix Lacerte-Gauthier

Après des mois de confinement, les lieux de culte peuvent à nouveau accueillir les croyants. Si la mesure satisfait les leaders religieux, celle-ci vient néanmoins avec son lot de défis.

À l’église de Saint-Léonard, le père Adrian Boboruta est soulagé. Il pourra enfin à nouveau célébrer la messe avec les fidèles de sa paroisse.

« Il y a encore beaucoup de lieux qui restent fermés. On peut se dire qu’on est privilégié par rapport à d’autres activités tout aussi essentielles», remarque-t-il.

Églises, synagogues et mosquées de la province devront pour l’instant accueillir un maximum de 50 personnes, en plus de devoir aussi faire respecter la distanciation physique. Un défi pour ces lieux de recueillement qui se veulent ouverts à tous.

« Qu’est-ce qu’on fait à la porte si on réalise qu’il y a déjà 50 personnes? Qu’est-ce qu’on est censé dire à ceux qui arrivent plus tard ? », s’interroge le Père Boboruta.

Ces questions ne sont pas simples, concède l’ex-imam Hassan Guillet. Ce dernier a siégé à la Table interreligieuse de concertation, instance qui a œuvré avec le gouvernement à produire les protocoles de déconfinement des lieux de culte approuvés par la Santé publique.

« On prend toutes les précautions, explique-t-il. Pour être certain que les lieux de culte soient sécuritaires et ne deviennent pas des centres de propagation de l’épidémie ».

Avant tout, il est important de s’assurer que la réouverture se fasse de façon sécuritaire et que les protocoles soient respectés, soulignant l’importance d’éduquer les fidèles.

Attendre

Le pasteur Caleb Barthélus a plutôt choisi de ne pas rouvrir les portes de son église. Le Centre Évangélique Universel de Montréal (CEUM), où il prêche, accueille habituellement des assemblées de 500 personnes.

« Toute la logistique que ça nous prendrait pour rouvrir n’est pas raisonnable si c’est pour 50 personnes. Pour les petites églises, c’est bien, mais ça ne change rien pour nous», estime-t-il.

C’est donc sur le Web qu’il continuera de rejoindre les croyants, comme il le fait depuis le début de la pandémie.

La réouverture attendra jusqu’à ce que les rassemblements d’au moins 250 personnes soient autorisés.

« On pourra redécouvrir le plaisir de se rencontrer. Tout a une nouvelle saveur lorsque nous perdons certains privilèges que nous tenions pour acquis. » – Le pasteur Caleb Barthélus

Un mal pour un bien ?

Le confinement soudain a d’abord été vécu comme un choc par les groupes religieux qui n’ont eu d’autre choix que de s’adapter rapidement à une nouvelle réalité. Plusieurs ont d’ailleurs développé de nouveaux moyens de communication pour rejoindre leurs fidèles. Certains de ces changements pourraient perdurer.

« Je pense que l’église devra revoir sa façon d’opérer, estime M. Barthélus. On réalise que beaucoup de choses que nous faisions uniquement sur place sont aussi possibles à travers la technologie. »

Des propos qui rejoignent ceux de M. Guillet. Il rappelle que les temps de crises et de guerres ont toujours été propices aux découvertes et aux inventions.

« Le côté positif de la pandémie, c’est qu’elle nous a fait découvrir des choses qui seront là pour rester longtemps », souligne-t-il.

Il donne en exemple des mosquées ayant offert des programmes et conférences en ligne, ce qui aurait été inimaginable il n’y a pas si longtemps.

« L’épidémie nous a montré la fragilité de la civilisation humaine, et à quel point nos destins sont tous liés, peu importe notre religion ou idéologie, souligne M. Guillet. Il est temps pour nous aussi d’arrêter de se concentrer sur nos différences. »

Une annonce trop discrète

Bien qu’il soit heureux que les croyants puissent à nouveau fréquenter les lieux de culte, M. Guillet ne cache pas sa déception quant à la manière dont cette réouverture a été annoncée. Il aurait souhaité une annonce formelle comme celles réservées à d’autres secteurs d’activité.

« J’ai fait partie de la Table interreligieuse de concertation, où nous travaillions avec le gouvernement pour préparer les protocoles de ce retour. Mais le jour de la conférence de presse, ils ne l’ont pas annoncé. Il a fallu qu’un journaliste pose la question à M. Arruda », se désole l’ex-imam, y voyant un manque de respect envers les institutions religieuses.

Préférant voir le verre à moitié plein, le pasteur Bertholi Gaspard croit toutefois que l’annonce est quelque peu précipitée. « Ils nous l’ont annoncé quelques jours seulement avant la réouverture, c’est un peu dernière minute. Ça nous aurait pris plus de temps pour nous préparer. Il faut former les bénévoles et s’assurer que tout soit sécuritaire. »

 

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