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La première paroisse à Montréal-Nord: Sainte-Gertrude

Pendant longtemps, les paroissiens du Bas-du-Sault ont fréquenté l’église de la Visitation pour accomplir leurs devoirs religieux. Ils devaient souvent parcourir plusieurs kilomètres et l’hiver rendait les déplacements particulièrement difficiles. On attelait le meilleur cheval à la carriole et l’on plaçait des briques chaudes au pied des passagers qui s’emmitouflaient dans des couvertures de voyage. Le boulevard Gouin servait de voie de communication.

Occasionnellement, durant l’été, certains se rendaient à l’église de Saint-Vincent-de-Paul pour assister à la messe, y retrouver des parents et des amis et y faire quelques emplettes.  Puis, l’on reprenait le traversier, la chaloupe à rames.

La population ayant augmenté (on y compte 126 personnes permanentes), particulièrement à cause de la venue des villégiateurs durant l’été, il a fallu songer à offrir des services religieux à Montréal-Nord. C’est par une desserte de la paroisse du Sault-au-Récollet que le culte a tout d’abord été assuré. La première messe fut dite dans une humble maison de bois située à l’angle de l’avenue L’Archevêque et du boulevard Gouin, le 14 octobre 1917. Le premier desservant fut l’abbé Horace Chabot, vicaire au Sault-au-Récollet depuis 1916  et, lorsqu’il fut rattaché à la Cathédrale, il fut remplacé par le père T. Dugas, c.s.v.  Le 27 novembre 1917, Mgr Paul Bruchési donna le nom de Sainte-Gertrude à la desserte du Bas-du-Sault, en l’honneur de la sainte dont on avait célébré la fête, le 15 novembre. Le 11 août 1918, à l’occasion d’une cérémonie en plein air, l’archevêque de Montréal a béni la cloche et s’est réjoui de voir bientôt naître une paroisse florissante dans ce coin de l’île de Montréal. Même le journal Le Canada fit mention de l’événement dans son édition du lendemain. Puis, le 24 juin de l’année 1919, la messe de la Saint-Jean-Baptiste eut lieu tout près de la desserte, sur le terrain aujourd’hui occupé par le parc Aimé-Léonard.

C’est en 1920 que fut érigée une chapelle à l’angle du boulevard Gouin et de l’avenue Pigeon, à la place du marché Montréal-Nord. Malheureusement, la chapelle fut détruite par un incendie, le 21 novembre 1924.  Pour permettre la célébration des offices religieux, il fallut se tourner vers des locaux temporaires. Pendant quelque temps, la messe sera dite à l’école Germain-Valade et, plus tard, à l’école Léonard

Mais, aussitôt, la décision fut prise de construire une première église. Le choix était d’autant plus facile à faire que le curé de la desserte avait acheté de la compagnie The Greater Montreal Land investment Co. Ltd, le 29 novembre 1923, tout le terrain et même davantage, pour parer ultérieurement à la construction d’une église et d’un presbytère, rue Brisset-des-Nos (Sainte-Gertrude). L’architecte était Alcide Chaussé et l’entrepreneur général Doucet & Chénier. La construction de l’église arrivait à point, car le 21 janvier 1925, Mgr Georges Gauthier érigeait canoniquement la desserte Sainte-Gertrude en paroisse. Son premier curé fut l’abbé Emmanuel Carrière, nommé le 23 janvier 1925, alors qu’il était vicaire à Sainte-Brigide de Montréal. Le 23 août 1925 eut lieu la bénédiction du temple, du presbytère et d’une cloche par Mgr Emmanuel Deschamps

L’église Sainte-Gertrude était à peine construite que le malheur vint la frapper. Le 21 janvier 1926, vers les 17 h, un incendie cause des dommages considérables. Grâce à la générosité des paroissiens, les dégâts furent vite réparés et la vie reprit son cours. Et en octobre 1928, c’était l’inauguration des grandes orgues. Vers 1950, on prit la décision d’ériger un centre récréatif qui pourrait offrir différentes activités à tous les paroissiens. L’inauguration eut lieu le 18 novembre 1951, en présence de Mgr Paul-Émile Léger, du ministre de la Jeunesse Jean-Paul Sauvé, du député Omer Barrière et des autorités locales, religieuses et civiles.

Une autre épreuve cependant attendait les paroissiens. Un incendie s’est déclaré à l’église le 2 janvier 1952 et a causé pour plus de 20 000 $ de dommages. Encore une fois, il fallut se remettre à la tâche et réparer les dégâts. Sainte-Gertrude avait d’autant plus sa raison d’être que le nombre de paroissiens allait bientôt augmenter considérablement. En 1950, Montréal-Nord comptait 12 944 habitants. En 1965, selon le recensement municipal,  la population avait quintuplé et atteignait le nombre de 63 084. Aussi, au cours de la décennie de 1950, trois églises seront construites : Saint-Vincent-Marie-Strambi (1951). Saint-Antoine-Marie-Claret (1951) et Saint-Rémi (1957). Et en 1960 s’ajouteront Saint-Camille-de-Lellis et Sainte-Colette. Il faut aussi compter la création de la paroisse nationale italienne de Notre-Dame-de-Pompéi.

Même si elle a dû accepter la partition de son territoire, la paroisse Sainte-Gertrude conserve toujours son droit d’aînesse et rend encore de grands services à de nombreux fidèles. Elle n’a pas boudé le renouveau liturgique et a même entrepris des travaux de transformation du sanctuaire en 1965 et la rénovation de la nef, vers 1970. Face à un certain affadissement du sentiment religieux, la communauté de Sainte-Gertrude a été tentée de transformer son église en centre communautaire. Mais elle s’est vite ressaisie et a choisi de lui conserver sa vocation première, soit celle d’un lieu de prière et de recueillement et un temple où les exercices religieux auraient toujours droit de cité. En 2000, le 75e anniversaire de fondation de la paroisse a été célébré dans la joie et l’enthousiasme par tous les paroissiens. Les autorités locales ont été heureuses de s’associer à cette fête pour bien marquer le rôle joué par Sainte-Gertrude dans l’éclosion et l’épanouissement de la ville de Montréal-Nord.

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