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Le Comité logement de Montréal-Nord exige des engagements

Photo: Simon Bousquet/TC Media

Alors que 60% des logements sociaux du quartier sont menacés par la fin des subventions fédérales, une vingtaine de manifestants se sont rassemblés ce matin devant les bureaux du député Emmanuel Dubourg pour l’exhorter à prendre position sur la question.

«Nous voulons que le Parti libéral se positionne, affirme Marie-Ève Lemire du Comité logement de Montréal-Nord. Ça fait deux fois qu’on rencontre M. Dubourg, mais il n’a pas pris d’engagement et c’est un peu la langue de bois.»

L’organisme demande au député de Bourassa de s’engager à investir 2 milliards$ par année pour développer de nouveaux logements sociaux, de nouvelles habitations à loyer modique (HLM) et de maintenir les subventions de loyer ainsi que les programmes de rénovation des logements sociaux.

De son côté, le député dit être préoccupé par la situation. Bien qu’il admette que sa proposition reste vague, il affirme que son parti met de la pression sur le gouvernement Harper dans ce dossier. Selon lui, les engagements des libéraux ne seront pas connus avant le dévoilement de leur plateforme électorale.

Situation critique à Montréal-Nord
Le Comité logement profitera de cette mobilisation pour dévoiler le dossier noir du logement de Montréal-Nord. Malgré le faible coût des loyers, ces besoins sont criants dans le quartier.

«Montréal-Nord est l’enfant pauvre de la métropole en matière de logements sociaux, estime Mme Lemire. Il y a un sérieux rattrapage à faire dans cet arrondissement où 1458 ménages sont en attente d’habitations à loyer modique (HLM), alors que l’on en compte que 425.»

L’organisme estime d’ailleurs que deux ménages sur cinq consacrent plus de 30% de leurs revenus pour se loger. Ce sont donc près de 10 590 familles qui doivent couper dans leurs dépenses liées aux besoins essentiels comme la nourriture, le transport, les vêtements et l’éducation.

Les femmes seules ou monoparentales âgées de 15 à 24 ans ou de 75 ans et plus représentent la grande majorité des personnes vivant une telle situation.

«Une part significative de ces ménages vivent une réalité encore plus extrême, souligne Marie-Josée Corriveau du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU). 5135 ménages engloutissent plus de la moitié de leur revenu en loyer, dont 2215 d’entre eux plus de 80%.»

Près d’un ménage sur six issus de l’immigration se trouve dans cette situation. En plus de payer trop cher, le tiers d’entre eux doivent s’entasser dans des logements trop petits.

Pour pallier les besoins, le Comité logement estime qu’il faudrait 1125 HLM de plus.

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Une résidente de logement subventionné craint de se retrouver à la rue

Manon Thibault craint de ne plus pouvoir habiter à la coopérative Place du Nord lorsque le gouvernement fédéral retirera ses subventions aux logements sociaux.
Manon Thibault craint de ne plus pouvoir habiter à la coopérative Place du Nord lorsque le gouvernement fédéral retirera ses subventions aux logements sociaux.

Comme quelques 1100 autres résidents de Montréal-Nord, Manon Thibault risque de se retrouver à la rue lorsque le gouvernement fédéral lui retirera ses subventions de logement social. Sans emploi, elle devra consacrer 63% de ces revenus pour se loger, plutôt que les 25% actuel.

«Avec ce que j’ai comme revenu, je ne peux pas me permettre ça, confie-t-elle. Je n’arriverai pas. Je n’aurai plus rien sur la table. Ça me stresse et ça m’angoisse. Je ne sais pas où j’irai parce que les logements ne sont pas donnés.»

Vivre en coopérative
À la fin des années 1970, la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) a financé la mise sur pied de plusieurs coopératives d’habitation dans le secteur du boulevard Rolland.

«Il y a plusieurs coopératives du secteur qui sont dans un mauvais état puisqu’elles ont été mal entretenues. Ça dépend du conseil d’administration», explique Marie-Ève Lemire du Comité logement de Montréal-Nord.

Deux des plus vieilles coopératives du quartier ont d’ailleurs cumulé une dette plus importante que la valeur de leur immeuble. Ce contexte nuit à la situation des locataires à faibles revenus du quartier.

Toutefois, d’autres coopératives d’habitations comme celle de la Place du Nord s’en sortent bien.

«On compte nos sous, mais ça va bien, assure Yvan Chartrand, président du conseil d’administration de la coop. L’important c’est que les gens soient engagés. Plutôt que de donner des contrats pour tondre le gazon et déneiger, on compte sur le bénévolat.»

C’est dans cette coopérative que Mme Thibault a trouvé une place subventionnée.

Cette dame de 60 ans peu scolarisée et qui souffre de problèmes de santé a de la difficulté à se trouver un emploi.

En prenant part aux activités de la coopérative, elle a trouvé un mode de vie valorisant.

«Chaque semaine, on doit réaliser une besogne. On peut faire du ménage par exemple. J’aime mieux faire quelque chose comme ça que de me tourner les pouces dans mon logement», souligne-t-elle.

Un mode de vie menacé
Ce mode de vie sera bientôt mis à rude épreuve pour Mme Thibault et une douzaine d’autres locataires bénéficiant de logements subventionnés. L’été prochain, la convention entre la SCHL et la coopérative Place du Nord viendra à échéance et rien n’indique qu’elle sera renouvelée.

Dès lors, les résidents des logements subventionnés devront assumer le montant total du prix du loyer.

«C’est une grosse crise. Il y en a plein d’autres comme moi qui sont dans l’incertitude», s’inquiète Mme Thibault, visiblement désemparée.

Elle n’ose plus espérer la place dans un HLM qu’elle attend depuis 2008 et craint de devoir retourner vivre en collocation dans un petit 4 ½, comme elle le faisait avant.

Cette situation donne aussi des maux de tête aux membres des conseils d’administration des coopératives.

«Nous ne voulons pas perdre notre monde, mais ce n’est pas évident, explique M. Chartrand. On ne sait pas ce que nous allons faire.»

Du côté du Comité logement, on admet ne pas avoir de solution de rechange.

«Nous essayons de presser les députés locaux pour que le gouvernement fédéral maintienne les subventions. Tous ces gens vont se retrouver sur les listes d’attente des HLM. On craint aussi que le nombre de personnes itinérantes augmente», conclut Mme Lemire.

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