Les voleurs de cuivre donnent du fil à retordre aux policiers
Les policiers des secteurs de Montréal-Nord et d’Ahuntsic sont aux prises avec une problématique grandissante de voleurs de fils de cuivre, qui cibleraient surtout les parcs pour commettre leurs crimes.
Puisque la majorité des vols sont commis dans des parcs situés à la limite des territoires des postes de quartier 27 (Ahuntsic) et 39 (Montréal-Nord), les policiers unissent leurs efforts pour tenter de stopper cette vague.
Selon les chiffres fournis par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), on dénombre, uniquement dans ces deux secteurs, 16 vols de cuivre entre le 1er janvier et le 25 mai 2015. Pour l’année 2014 en entier, il y en a eu 23.
Même si les policiers affirment que les vols sont surtout commis dans des parcs, ils refusent de révéler leurs noms.
«Nous ne voulons pas informer des gens mal intentionnés des meilleurs endroits pour commettre des vols», indique la SPVM, dans un courriel. Les policiers demeurent aussi très discrets quant à la valeur monétaire du cuivre volé.
Les forces de l’ordre assurent avoir mis en place «des points d’attention dans les différents lieux susceptibles d’être ciblés par les voleurs».
La stratégie semble être bénéfique puisque les policiers du poste de quartier 27 sont parvenus à épingler quatre présumés suspects, en avril 2015.
Question discutée au conseil
Les vols engendrent des questionnements de la part des citoyens, si bien que le sujet a été abordé par une citoyenne, lors d’une séance du conseil d’arrondissement de Montréal-Nord.
Elle se demandait pourquoi les lampadaires situés tout près du parc Tardif ne fonctionnaient plus.
Le maire Gilles Deguire a alors affirmé que c’était en raison de vols de fils de cuivre commis «possiblement par des gens d’expérience qui savaient ce qu’ils faisaient».
Il a aussi indiqué que les parcs Monty et Gouin, ainsi que différents endroits ont aussi été ciblés par les voleurs depuis un an ou deux.
Le maire a ajouté que les installations ont été refaites ou le seront de façon à éviter que le cuivre puisse être volé de nouveau.
Où vendre son cuivre
Des fonderies, des transformateurs et recycleurs de déchets métalliques achètent du cuivre usagé. Un des plus importants fondeurs dans la région de Montréal, Acier century, affiche même le prix d’achat sur son site internet.
Pour faciliter la tâche aux particuliers, on trouve sur le site des photographies pour comprendre de quoi on parle.
Ainsi, le fil de cuivre dénudé est acheté 3,05 $ la livre, le gros fil de cuivre isolé – avec sa gaine plastique – est à 0,90 $ la livre. Vendre des déchets métalliques, ferreux ou non ferreux n’est pas un délit, pour peu bien sûr, que l’origine soit légale.
«Nous achetons du cuivre usagé, que ce soit des rognures de tuyaux, des vieux câbles ou autre chose, explique Karl Baudin, co-propriétaire d’Acier century. Mais, nous prenons l’identité du vendeur.»
Les déchets sont photographiés et leurs descriptions sont jointes au dossier de la transaction. «Tout est numérisé et classé sur nos ordinateurs», affirme M. Baudin.
Dans cette entreprise, la lutte au recel est clairement affichée, une pancarte avertit clairement les vendeurs.
«Si jamais la police vient nous trouver et découvre que quelqu’un nous a livré du cuivre volé, il va nous retrouver face à lui en cour», assure M. Baudin.
Cette traçabilité concerne les vendeurs qui se rendent dans une entreprise de ce genre. Il n’est pas dit qu’un ferrailleur indélicat ne soit pas prêt à prendre certains risques.