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L’art des archives de la communauté noire avec Deanna Bowen

Exposition Black Drones in the Hives, 2020. Photo: KWAG/Gracieuseté

Elle vient tout juste de gagner le prestigieux prix de photographie Scotiabank, décerné aux artistes canadiens contemporains. Deanna Bowen est une artiste pluridisciplinaire dont le travail se centre sur l’histoire de sa famille et de la communauté noire au Canada. Sa recherche artistique, a pris lieu dans différentes provinces, Alberta, Colombie-Britannique, Ontario et bientôt le Québec.

Créer des œuvres avec des archives est un terrain de jeu moins connu dans le monde de l’art, et pourtant il prend une place centrale dans la recherche de la titulaire du prix Scotiabank. Telle une historienne, elle fouille sans relâche dans les archives familiales, provinciales et nationales qui témoignent de la place qu’a eue la communauté noire au Canada, et de la discrimination qu’elle a subie.

Mais ce qui distingue l’artiste de l’historienne, c’est l’utilisation que Deanna Bowen fait avec les documents recueillis. «Je réarrange les images, parfois je les modifie […] je les regroupe d’une certaine façon pour raconter une nouvelle histoire ».

Sans dénaturer la réalité historique, son travail lui permet de faire passer un message aux spectateurs, notamment sur les conditions de la communauté noire dans le pays. Ses expositions sont divisées en plusieurs groupes d’archives, de la même façon qu’un livre est composé de chapitres.

Parfois, elle laisse les images telles quelles, d’autres fois elle les retouche. En regardant son travail, on remarque que beaucoup d’archives, dont la majorité a été à l’origine produite par des personnes blanches, ont été mises en négatif. Le noir et blanc est alors inversé. «Ce sont souvent des images offensantes pour les personnes noires, quand elles sont en positif, mais quand on les inverse en négatif, le message est interprété d’une manière totalement différente».

Histoire familiale et nationale

La recherche commence avec les archives familiales. La famille de Deanna Bowen a quitté le sud des États-Unis pour la Colombie-Britannique. Elle est ensuite partie vivre en Alberta, car plusieurs familles noires venues de l’Oklahoma se retrouvaient dans cette province. Mais, comme en témoigne l’artiste, il y avait en Alberta une grande concentration de groupes haineux tels que le Klu Klux Klan.

Après un retour à Vancouver, la génération de Deanna Bowen n’a eu de cesse de se battre contre la domination blanche. Entre les années 1960 et 1980, la communauté noire connaît une grande discrimination.

Exposition Black Drones in the Hives, 2020 – Gracieuseté/KWAG

À 25 ans, l’artiste décide de fuir l’Ouest canadien pour Toronto, pour établir son travail artistique. En commençant par l’histoire de sa famille, Deanna Bowen tente de comprendre la situation de la communauté noire au Canada, comment le passé reflète encore aujourd’hui le présent et peut avoir un impact sur le futur.

Exposer ces archives aux yeux du public lui permet d’interpeller directement les visiteurs et de leur faire connaître un aspect de l’histoire et de la société canadienne.  L’argent reçu dans le cadre du prix de photographie Scotiabank va permettre à Deanna Bowen de continuer son travail artistique.

Celle qui aujourd’hui enseigne comment faire de l’art avec les archives à l’Université Concordia, va s’intéresser à l’histoire de la communauté noire au Québec. Plus spécifiquement, elle va centrer sa recherche sur la communauté anglophone des années 1800 et aborder les notions de la colonisation. Elle va par exemple se concentrer sur les banques ou chemins de fer qui ont relié les provinces du Canada.

Elle compte aussi aborder l’histoire culturelle du Canada, avec, entre autres, la scène du jazz montréalais situé dans la Petite-Bourgogne. Cette exposition sera à la galerie de l’Université Concordia, Leonard et Bina Ellen.

Un projet sur l’histoire du Musée des beaux-arts du Canada est également en cours et devrait avoir lieu l’année prochaine.

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