Ateliers d’art à l’Orbite pour encourager la diversité des corps
Depuis la nuit des temps, le corps humain est une source d’inspiration pour les artistes. L’organisme l’Orbite, situé au Vieux-Port, propose régulièrement des sessions de modèle vivant. Avec les ateliers Antimodèle et Queer Bodies, il encourage la diversité des corps en invitant notamment des membres de la communauté LGBTQ+ à poser nus.
La salle située au sous-sol de l’Orbite est calme lors de l’entrée du modèle du jour, Derek August Elliott, enrobé dans un drap noir. Une fois arrivé sur la petite estrade qui lui est dédiée, il se dévêt et prépare sa première pose, qui durera une minute. En équilibre sur une jambe, il pivote et lève les bras, afin de proposer une position qui rappelle les sculptures classiques de la Grèce antique. Par la suite, il enchaîne avec des poses de plus en plus longues, qui dureront respectivement 2, 5, 10, 15 et 30 minutes.
Face à lui, les quelques participants esquissent le corps, le regard concentré. Seule la musique préparée par Manuel Shink, qui organise l’événement, vient couvrir le bruit des crayons sur le papier. Presque sans un mot, les artistes analysent les ombres, la perspective et les détails du corps du modèle.
Ici, pas de jugement, tous les niveaux et les médiums sont acceptés. Certains utilisent de la couleur tandis que d’autres se contentent du noir du crayon. Après les 2 h 30 passées à dessiner, les participants sont invités partager leurs créations. Pour Manuel Shink, c’est un bon moyen de mettre en place une ambiance conviviale, et d’encourager les interactions sociales entre les artistes.
Nous sommes à une séance de modèle vivant, Antimodèle, qui prend lieu depuis plusieurs années à l’Orbite, auparavant appelé Anticafé. Tous les mardis de 18 h 30 à 21 h, et trois dimanches par mois, des modèles expérimentés viennent prendre la pose. Aucun d’entre eux ne se ressemble, les âges, les genres et les corps diffèrent.
«On sait que les dessinateurs aiment la variété», souligne Manuel Shink.
Modèles LGBTQ+
Manuel Shink a commencé il y a quelques années à participer, comme modèle et artiste, à des sessions de nu. Iel (pronom qui désigne une personne non-genrée) a voulu par la suite mettre en place des ateliers qui invitaient des modèles issus de la communauté LGBTQ+. De là est né Queer Bodies.
«J’avais envie d’avoir plus de nuances dans ce qu’on dessinait […], je trouvais que c’était très codé, que c’était soit homme ou femme», explique l’organisateur.ice, qui est également non-binaire.
Même s’ils sont souvent des performeurs artistiques, danseurs burlesques ou drag queen, la plupart des modèles de Queer Bodies posent pour la première fois. Ainsi, lors de l’atelier qui a lieu un dimanche par mois, l’Orbite leur offre un accompagnement afin qu’ils se perfectionnent dans cette nouvelle pratique.
«C’est une expérience qui peut être hyper positive pour le modèle, pour la confiance en soi, pour l’acceptation de son corps dans le fait d’assumer des postures de façon vulnérable devant des gens qui te dessinent», assure Manuel Shink.
Ces modèles peuvent également participer aux sessions d’Antimodèle. C’est le cas de Derek August Elliott, qui est aussi réalisateur de film, et qui a commencé à pratiquer son activité à Queer Bodies il y a deux ans.
«Avant, j’étais obèse et j’ai travaillé fort pour surmonter ça mentalement. Pour moi, c’est une preuve de bravoure de mettre de côté mon anxiété à propos de mon corps et trouver la beauté qui pouvait s’en dégager.»
Également membre de la communauté LGBTQ+, Derek August Elliott encourage l’espace inclusif créé par Queer Bodies.
«Pour la majorité d’entre nous, il est vital d’avoir une représentation de plusieurs formes de corps pour montrer la diversité dans la communauté LGBTQ+ […] et le faire en passant par l’art est le meilleur moyen.»
Les ateliers sont ouverts à tous et l’établissement a mis en place une échelle de prix au choix, entre 8$ et 17$, afin de s’accorder à tous les budgets. Parfois, les sessions accueillent des musiciens qui performent en live pendant la séance.