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Un mécène et son artiste

Joanny-Furtin Michel - TC Media
Il reste quelques jours encore pour apprécier ou même découvrir, la peinture de Jean-Paul Jérôme à la GAO (Galerie d’Art d’Outremont), voire y rencontrer un passionné de cette œuvre importante, celui qui fut son mécène, André Rivard.

Assureur-vie agréé et planificateur financier, André Rivard est intarrisable quand il parle de son ami le peintre Jean-Paul Jérôme,

« Ma soeur faisait des petits tableaux dans le style du peintre Botero, c’est peut-être ce qui m’a sans doute donné le goût de collectionner », raconte André Rivard. « En allant faire encadrer un de ses tableaux, j’ai eu l’occasion de voir des oeuvres de Jean-Paul Jérôme. J’en ai acheté deux, c’était dans les années 80. Dès que nous nous sommes rencontrés, Jean-Paul et moi, nous nous sommes bien entendus. Il est vrai que nous étions trempés du même caractère », admet le mécène.

« À l’époque, Jean-Paul avait son atelier au-dessus de son appartement rue Casgrain dans le quartier Villeray, mais cet atelier était trop petit. Je me suis dit un jour  »si je le mécène, il aurait un atelier plus grand qui lui permettrait de mieux développer son art ». Je lui ai donc proposé de lui verser une rente et d’installer son atelier en haut d’une grosse bâtisse qu’il avait trouvée à Varennes sur la rive sud. Ce fut son atelier jusqu’à sa mort en 2004 d’un cancer du pancréas… »

« Je ne lui ai jamais placé de commandes, précise André Rivard. De toute façon il avait la tête dure et il n’aurait jamais accepté. Je lui ai offert un livre sur les vitraux qui l’a profondément inspiré pour ses toiles. Jean-Paul Jérôme a connu plusieurs périodes picturales, mais il était rare que ça dure plus qu’un an. Son séjour en France fut pour lui une grande déception et il n’en a jamais parlé », relate André qui ajoute : « N’oublions pas que Jean-Paul Jérôme était une  »tête de cochon » et que, une semaine avant son retour au Québec, on lui avait proposé une première expo qu’il a déclinée. »

« Jean-Paul Riopelle a eu un peu le même parcours sauf que lui a su temporiser et a enfin connu le succès. Jean-Paul Jérôme n’a jamais eu d’enfants. Il était marié avec Ninon qui avait une formation de danseuse et donnait des cours. »

Alors que nous réalisions cette entrevue à la GAO, une des nièces de Jean-Paul Jérôme, Danielle, la fille de Lucie, la soeur aînée de l’artiste, visitait l’expo. Elle s’est approchée pour saluer André Rivard. Lors de cette discussion impromptue, Danielle nous a confirmé que ses grands-parents avaient jeté toutes les toiles de son oncle à l’occasion de son départ en France. « Ma grand-mère avait peu d’éducation pour comprendre l’art visuel et mon grand-père était extrêmement pieux et rigoureux. L’art n’entrait pas dans ses valeurs. »

Dans toute sa carrière, Jean-Paul Jérôme a réalisé moins d’une douzaine de sculptures, toujours inspirées de sa peinture. « C’était un plasticien plus qu’un automatiste, précise André. Il ne faisait jamais de brouillon, il avait tout dans sa tête qu’il s’agisse des formes comme des couleurs. Il écoutait toujours de la musique classique lorsqu’il travaillait.»

« Tous les grands artistes peintres ont un jour réalisé un christ en croix. Croyant non pratiquant, Jean-Paul n’en a fait qu’un seul, mais qui l’a profondément ému. Jean-Paul dessinait énormément. Comme il travaillait fort pour réaliser ses toiles, sans doute que le dessin et le pastel devait le détendre… »

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