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Dorette Mekamdjio, dévouée pour les femmes du quartier

Dorette Mekamdjio
Dorette Mekamdjio est directrice du centre depuis 2014. Photo: Coralie Hodgson/Métro Média

Dorette Mekamdjio est devenue une ressource essentielle pour plusieurs participantes du Centre des Femmes de Montréal-Est-Pointe-aux-Trembles au cours des 15 dernières années. Aujourd’hui à la tête de l’organisation, elle souhaite influencer positivement sa communauté et inspirer des femmes immigrantes avec son parcours.

Lorsqu’elle a immigré au Canada en 2006 afin de fuir une situation difficile de violence conjugale au Cameroun, Mme Mekamdjio a reçu un grand soutien dans ses démarches de Gisèle Pomerleau, fondatrice du Centre des femmes de ME/PAT.

Dès lors, mettre son expérience personnelle à profit et s’impliquer au sein de l’organisme coulait de source pour elle. «J’ai toujours eu à cœur d’aider les femmes. Et je me suis dit que le centre m’avait tellement donné.»

Directrice de l’organisme depuis 2014, sa formation en droit et son diplôme en ressources humaines à l’École nationale d’administration publique (ENAP) l’aident à jongler avec tous les aspects de l’organisation, passant de la gestion à l’intervention auprès de femmes victimes de violence conjugale ou qui veulent briser l’isolement. «C’est dur de travailler dans un centre communautaire et ne pas faire de l’intervention», rit-elle.

Un travail pour lequel elle ne compte pas les heures, et qui lui demande parfois de sortir des murs du Centre. Par exemple, pour rencontrer des femmes qui hésitent à fréquenter les lieux, par peur de stigmatisation ou de représailles de la part de leur conjoint.   «Je les rencontre au parc, et je vais faire la sensibilisation de façon informelle. Quoi qu’on dise, il y a des gens que lorsqu’on appelle chez eux, si on mentionne que la femme vient au centre, ça peut faire beaucoup de problèmes.»

Une mentore pour les femmes de la diversité

Au fil des années, Mme Mekamdjio est aussi devenue une porte d’entrée pour plusieurs femmes immigrantes au Centre des femmes.

«J’ai de la facilité à détecter la violence conjugale, particulièrement chez les Africaines. Je peux, quand je vois quelque chose qui ne fonctionne pas, l’accompagner, l’aider et l’inviter à venir au centre des femmes.»

La directrice du Centre travaille ainsi à déconstruire plusieurs idées préconçues. «Dans certaines cultures, on dit qu’un homme bat sa femme parce qu’il l’aime plus.»  Une situation délicate, alors que certaines femmes subissent d’ailleurs beaucoup de pressions de leurs familles à l’étranger pour rester dans une relation malgré la violence.

Souhaitant influencer la communauté positivement, elle a également comme objectif de servir d’exemple d’émancipation et de succès pour les femmes immigrantes.

«Je suis arrivée au Québec, je me suis intégrée, je travaille et j’ai fait mes études. Je suis membre de l’Ordre des administrateurs agréés du Québec. Je peux être une mentore si les gens ont besoin d’accompagnement.»

Prévention

Mme Mekamdjio rappelle que la violence conjugale touche autant les femmes de tous âges et de toutes origines. Ainsi, le centre fait beaucoup de sensibilisation auprès des jeunes femmes. Mais aussi de femmes aînées, pour qui les concepts de violence psychologique et financière sont aussi souvent beaucoup moins connus, observe Mme Mekamdjio.

«C’est une violence plus sournoise. Elles se disent: « Je suis rendue à la retraite, j’ai fait 40 ans avec mon mari. Où vais-je aller? Je n’aurai plus de maison».

Alors qu’un 11e féminicide a été recensé au Québec depuis le début de l’année, l’organisme poursuit d’ailleurs une réflexion entamée depuis quelques années, à savoir si le travail de prévention ne devrait pas aussi être fait auprès des hommes.

«On a une perpétuelle réflexion pour se demander comment faire  pour ça, que ça n’arrive plus aussi souvent.»

En attendant de trouver réponse à ces questions difficiles, les victoires du quotidien la motivent à aller de l’avant, notamment sa fierté d’avoir redynamisé le Centre depuis son entrée à la direction.

«Quand je vois une femme entrer au Centre des femmes et qu’elle est contente, quand une femme se lève elle va au centre des femmes sans hésiter, parce qu’elle s’y sent bien, ça, c’est ma fierté.»

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