Un prolongement de la ligne bleue insuffisant pour RDP
Alors que Québec et Ottawa ont annoncé le financement du dossier d’affaires de prolongement de la ligne bleue, des représentants politique, économique et communautaires estiment globalement que Rivière-des-Prairies aura besoin de plus pour bénéficier d’un impact positif.
«Ce n’est que le premier chaînon d’une desserte d’ensemble de l’est de Montréal», analyse François Pépin, président du conseil de Trajectoire Québec, une association citoyenne pour le transport collectif. Si son organisation se réjouit de la bonification de l’offre qui découlerait d’un prolongement du métro en 2026, ce dernier nuance l’annonce des premiers ministres Couillard et Trudeau par la nécessité de développer d’autres modes de transport pour compléter les besoins criants dans le nord et la pointe de l’île.
«Ce prolongement est une colonne vertébrale pour développer d’autres choses. On peut penser – à l’image de ce qui se fait sur Pie-IX – à d’autres lignes de SRB [Service rapide par bus] sur Langelier et Lacordaire, du tramway ou même un REM de l’est», se projette M. Pépin qui plaide aussi pour une réorganisation du réseau d’autobus vers RDP.
Malgré ce prolongement, la station la plus proche sera celle d’Anjou et sera encore éloignée de dix kilomètres du cœur du quartier, contre un peu plus de onze kilomètres actuellement avec la station Radisson.
«C’est un premier pas, mais il n’y a pas d’impact direct. Je me demande pourquoi nous n’avons pas été inclus dans ce prolongement. Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles doit être desservi, car nous sommes des Montréalais comme les autres et pas des citoyens de seconde zone», regrette Nathalie Pierre-Antoine, conseillère d’arrondissement de RDP qui réclame une station de plus à ce prolongement, au moins jusqu’au Cegep Marie-Victorin situé à la frontière avec Montréal-Nord.
De son côté, le député de LaFontaine Marc Tanguay reconnaît que tous les besoins ne sont pas comblés, mais salue globalement l’annonce faite par les élus de son parti et estime que cela va améliorer l’offre de transports vers sa circonscription.
Inégalités
Cette promesse de prolongement est aussi accueilli de façon mitigée par le milieu communautaire de RDP.
«Il va falloir encore plus, comme des lignes pour aller du nord au sud, on a l’inquiétude que l’ajout du métro risque de multiplier les transferts entre les lignes d’autobus», pointe Mathieu Leclerc, le directeur général de la Corporation de développement communautaire.
Selon lui, les habitants du quartier attendent encore d’autres annonces pour améliorer la mobilité.
«Les délais de transport sont quand même époustouflants. Cela prend de 45 minutes à 1h15 pour aller au centre-ville contre une vingtaine de minutes en automobile. Ce n’est pas incitatif. C’est une annonce, mais il faut d’autres mesures facilitantes pour renforcer l’accessibilité du quartier», fait valoir M. Leclerc.
Trajectoire Québec partage cette préoccupation pour les citoyens de RDP.
«Rivière-des-Prairies est un quartier assez dense et c’est primordial de rapprocher ce secteur des secteurs d’activité économique de l’est et du sud», corrobore François Pépin.