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Une maison historique mal en point

Photo: Nicolas Ledain / Informateur de RDP

La maison Bleau située dans l’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles est dans un état inquiétant. Cet édifice historique «de valeur patrimoniale exceptionnelle», selon la Ville de Montréal qui en est propriétaire, est inutilisé et manque manifestement d’entretien.

Dans le parc-nature de la Pointe-aux-Prairies, la maison Bleau est l’un des rares témoins du passé rural de l’ancien village de Rivière-des-Prairies. En retrait du boulevard Gouin, cette bâtisse de bois de style québécois néoclassique est un point d’intérêt majeur dans l’arrondissement.

Pourtant, la peinture qui s’écaille, le bois qui craque, les terrasses qui s’affaissent ou encore les fondations qui se fissurent ne laissent présager rien de bon pour ce bâtiment classé au patrimoine depuis 2008.

«C’est très inquiétant. Cette maison est sous la responsabilité du service des grands parcs de la Ville de Montréal, mais comme souvent lorsque des maisons se trouvent dans un parc, elles sont délaissées. On a le sentiment qu’elle n’est pas entretenue, la peinture n’est pas refaite et le bois a l’air de s’abîmer», regrette Louise Bernard, la présidente de la Société historique de Rivière-des-Prairies (SHRDP).

Bâtie sur un terrain acquis en 1721 par le cultivateur Laurent Bleau, la maison actuelle a été construite par Léon Bleau au milieu du 19e siècle, puis habitée par son fils Joseph jusqu’en 1954. Vendue par la suite à une congrégation religieuse, elle appartient à des institutions municipales depuis 1971 et c’est la Ville de Montréal qui en a hérité en 2002. Rénovée au début des années 2000, cette bâtisse historique a ponctuellement été une résidence d’artistes, mais n’est plus utilisée, ce qui explique en partie son état.

«On a peur que la ville la laisse se dégrader jusqu’à dire que cela coûte trop cher de la rénover. Ce ne serait pas la première fois que cela arrive et ça risque de mener à sa destruction», déplore Hubert Lewis, membre de la SHRDP.

Les quelques réparations observées sur place ressemblent en effet plus à du rafistolage qu’à de l’entretien. Des petits étais métalliques ont notamment été installés sous la galerie avant pour la maintenir en hauteur et une tige de métal a été plantée à un coin de la maison pour soutenir les fondations fissurées.

Pas un cas isolé
La mairesse de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles s’inquiète de cette dégradation de la maison Bleau et réclame une intervention de la ville-centre.

«Ce sont les grands parcs qui ont la responsabilité et les budgets. On essaye d’avoir des ententes avec eux, on leur a proposé de prendre cela en charge, mais ils ont la main. On ne peut pas agir à leur place», soutient Chantal Rouleau.

De plus l’élue assure que ce cas n’est pas isolé. Elle attire aussi l’attention sur la maison Émeril-Pépin située dans le parc-nature du Ruisseau-de-Montigny. Propriété de la Ville de Montréal, elle est également inutilisée par le service des grands parcs. Hubert Lewis de la SHRDP déplore d’ailleurs cette situation, même si la dégradation semble moins avancée.

«On ne sait pas ce qu’ils veulent faire avec cette maison. Ils pourraient la réaménager, mais il n’y a apparemment rien pour l’instant», souligne-t-il.

Contactée par l’Informateur de RDP, la ville-centre explique que des inspections périodiques sont réalisés sur tous les bâtiments municipaux et que des travaux de maintien ont été menés à la maison Bleau en vue d’une utilisation future qui n’a pas encore été décidée.

«Nous maintenons son enveloppe en attendant de lui trouver une vocation compatible avec sa nature et son emplacement. […] Nous sommes à définir sa vocation, laquelle sera soumise, tout comme ses plans de restauration, au Conseil du Patrimoine de Montréal», précise Linda Boutin, relationniste à la Ville de Montréal.

Selon Héritage Montréal, organisme qui œuvre pour la préservation patrimoniale, ces maisons historiques devraient bénéficier d’un statut particulier pour assurer des stratégies adéquates en termes de mise aux normes, d’entretien, d’animation et de rénovation.

«Ce serait une bonne idée de les traiter comme un groupe qui soulève des enjeux particuliers, plutôt que de compter sur des élus locaux pour les prioriser et de les noyer dans l’inventaire général des bâtiments classés au patrimoine», estime Marc Pagliarulo-Beauchemin, coordonnateur des communications de l’organisme.

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