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Institut Philippe-Pinel : Cinquante ans pour changer l’image de la psychiatrie légale

Institut Pinel, façade pour anniversaire
Photo: Clara Loiseau / Métro Média

Derrière les murs gris et bétonnés, les caméras de surveillance et les contrôles d’identités, ce ne sont pas des détenus, mais des patients que l’Institut national de psychiatrie légale Philippe-Pinel reçoit depuis cinquante ans.

Depuis son ouverture en 1970, l’Institut Philippe-Pinel a su devenir une référence dans le domaine de la psychiatrie légale au Québec. Installé dans le quartier de Rivière-des-Prairies, l’établissement a à cœur de transformer l’image de ses 800 patients et des murs bétonnés qui rappellent son statut d’hôpital à sécurité maximale.

Une mission qui est née dès la création de l’institut. «Notre première pensée a été de faire de ces hommes abandonnés des personnes à part entière, de leur faire une place», racontait le Dr Jacques Talbot aux deux auteurs du livre paru en 2014, Institut Philippe-Pinel : 50 ans d’histoires, Danielle Pouliot et Dr Frédéric Millaud.

C’est pourquoi aussi depuis quelques années, la direction de l’hôpital a décidé de s’ouvrir aux médias. Notamment en ouvrant leur porte à deux anciens journalistes de Radio-Canada, Hélène Magny et Pierre Mignault qui réalisent le documentaire Pinel, rappellent les deux auteurs. Le reportage, diffusé en 2013, a reçu le Prix de l’excellence de l’Association des médecins psychiatres du Québec l’année suivante. Ainsi, ils souhaitent montrer la vie quotidienne des patients et surtout montrer l’humain derrière le patient.

De l’éducation à faire

Mais malgré les efforts, la réputation de l’institut souffre encore.

«On nous colle beaucoup le statut d’établissement de détention», regrette Dre Renée Fugère, présidente-générale directrice de l’hôpital. Elle reconnaît également que de part sa nature sécuritaire, l’établissement demeure tout de même un milieu fermé.

Outre l’étiquette, ce sont aussi les «patients les plus tristement célèbres», comme Guy Turcotte ou Luka Rocco Magnotta, «qui attirent beaucoup l’imaginaire, mais aussi l’avidité du public», ajoute celle qui est à la tête de l’établissement depuis 2013. Selon elle, si la clientèle psychiatrique subit une stigmatisation, pour la clientèle de Pinel, c’est une double stigmatisation, et pour les gens qui y travaille aussi.

«Les gens ne comprennent pas, on s’arrête souvent au premier niveau quand on n’a pas l’opportunité de rencontrer ces gens-là dans un contexte différent», plaide Dre Fugère. La spécialiste tient d’ailleurs à rappeler que la majorité des patients qui reçoivent ne sont pas dangereux.

«Leur taux de récidive est beaucoup moins élevés que des gens incarcérés dans des prisons par exemple», ajoute-t-elle.

Environnement et psychiatrie

L’établissement compte également sur son virage écologique pour montrer une nouvelle facette. Plantation de milliers d’arbres, retrait total des bouteilles d’eau à usage unique et des gobelets de carton, l’Institut est devenu un véritable chef de file en matière de développement durable.

«Ça montre qu’un établissement qui est vu comme un milieu répressif peut être porteur d’innovation et de création, d’être à l’avant-garde», affirme le Dre Fugère.

Cela permet aussi d’offrir un milieu de vie pour les patients, et pour les employés, plus agréable.

«En offrant un cadre plus vert et plus écoresponsable, ça nous permet aussi d’attirer des professionnels qui sont touchés par la cause environnementale», ajoute Marylou Bossé, conseillère-cadre en communication pour l’institut. La direction demande également depuis plusieurs années une meilleure desserte de transport en commun.

Des défis pour les cinquante prochaines années

Comme de nombreux secteurs du domaine médical, la main d’œuvre est un enjeu majeur. Dans les dernières années, l’Institut Pinel a vu une grande partie de son équipe partir à la retraite.

«Ce sont des gens qui étaient là depuis de nombreuses années», confie Dre Fugère. Malgré le défi de rétention de main d’œuvre, les plus de 1100 employés sont «engagés, dévoués et passionnés», ajoute avec émotion celle qui quittera la direction de l’établissement à la fin mars.

Deux cinquantièmes anniversaires

En 2014, l’Institut Philippe-Pinel fêtait les cinquante ans de sa fondation. Aujourd’hui, l’établissement célèbre le demi-siècle d’ouverture aux patients.

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