Zone rouge : le bingo mis sur pause
À la veille de la fermeture des établissements de divertissement en zone rouge, le Bingo Pointe-aux-Trembles était bien rempli. Une dernière opportunité pour plusieurs adeptes de se réunir et de socialiser pour une période qui, ils l’espèrent, ne dépassera pas les vingt-huit jours prévus.
«On va pleurer!», lance Monique, adepte du jeu. Tous les mercredis, elle et sa belle-sœur Carmen se retrouvent au Bingo. Mais, dès jeudi, les choses vont changer.
«Moi, je suis toute seule en appartement. C’est mon seul hobby. C’est la seule place que j’ai du plaisir, que je vois du monde, que je peux leur parler», se désole Carmen.
Selon Pierre Bougie, copropriétaire de l’établissement, le bingo est, pour plusieurs personnes, leur unique activité sociale. Une observation que partage Gina, joueuse régulière. «Ce n’est pas drôle, il y a des gens qui viennent ici sept jours par semaine. Il y a des gens ici, c’est comme leur deuxième maison», s’inquiète-t-elle.
Si elle a d’autres passe-temps pour s’occuper, Gina souligne que pour elle et sa mère, le bingo était toutefois une occasion de faire une activité familiale. «Quand maman a le goût de jouer, on vient au bingo. Ça nous permet de passer du temps ensemble aussi. On a juste une vie à vivre!», s’exclame-t-elle.
28 jours
Cette fermeture rappelle à plusieurs joueurs que le confinement vécu au printemps passé a été plus long qu’annoncé au départ. Ainsi, ils souhaitent que l’arrêt des activités ne dure que 28 jours.
«J’ai été du 31 mars au 2 juillet à ne pas sortir de chez moi. J’ai dépéri les trois mois que j’ai été pognée dans la maison. Je pleurais tous les soirs », se rappelle Carmen.
Éric, pour sa part, doute que cette fermeture ne dure qu’un mois. Accompagné de sa mère, il a donc profité des derniers jours pour jouer le plus possible.
D’autres joueurs, pour leur part, envisagent cette pause avec philosophie. C’est le cas de Nicole, qui souligne qu’elle saisira l’opportunité pour se concentrer sur la lecture et le tricot à la maison. «Je vais aussi pouvoir économiser!», mentionne-t-elle.
Des mesures sanitaires respectées
«On a l’impression d’être les brebis sacrifiées pour montrer au monde qu’il faut arrêter de sortir. Depuis le 3 juillet qu’on est rouvert, on a eu zéro cas de COVID», se désole Pierre Bougie.
Ce dernier rappelle que dès sa réouverture, l’établissement a installé des plexiglas, des distributeurs de désinfectant et instauré des mesures de distanciation sociale.
Le sentiment est partagé par plusieurs joueurs dans la salle: selon eux, des mesures sanitaires très strictes sont appliquées dans l’établissement. Des messages passés au micro rappellent d’ailleurs régulièrement aux joueurs de respecter les mesures de distanciation sociale.
Par ailleurs, M. Bougie fait remarquer que la fermeture temporaire du Bingo aura un impact sur le financement du milieu communautaire, auquel l’établissement contribue.
«On espère que ce sera juste 28 jours», soupire-t-il.