Un groupe pour aider les élèves LGBTQ+
Traverser le secondaire est loin d’être simple pour les élèves issus de la diversité sexuelle et de genre. Depuis 2018, le groupe Ensemble LGBTQ+ permet à des élèves de l’école Daniel-Johnson de se réunir et parler ouvertement de leur réalité.
Jordane*, 14 ans, s’affiche ouvertement depuis plus d’un an comme pansexuel. Depuis cet été, iel** s’identifie aussi comme non-binaire.
«Mon orientation sexuelle, ça été facile de l’accepter. Je suis à l’aise avec, presque tout le monde le sait. Mais pour mon identité de genre, c’est plus difficile, parce que c’est encore très tabou.»
Bien qu’iel vive depuis plus d’un an avec des questionnements sur son identité, la peur de vivre de l’intimidation lui fait repousser le moment de son second coming out.
«Pour beaucoup de gens, être non-binaire, ça n’existe pas : tu es seulement un homme ou une femme. On s’entend que dans une petite école secondaire, il y a encore beaucoup d’intimidation. Et c’est de ça que j’ai peur.»
Ensemble LGBTQ
Pour parler de ces enjeux, Jordane fréquente le groupe Ensemble LGBTQ+. Ces rencontres hebdomadaires lui permettent d’échanger, de recevoir l’appui de ses pairs, et même recevoir les conseils d’une stagiaire en sexologie présente au groupe.
Le groupe a été créé en 2018, à la demande d’une élève en transition de genre qui voulait décrocher, explique Marie-Ève Gauthier, animatrice de vie spirituelle et d’engagement communautaire et instigatrice du groupe. Aujourd’hui, environ cinq élèves y vont régulièrement.
Une de ces élèves est Océane*, 16 ans, qui s’identifie comme pansexuelle. Elle apprécie particulièrement la liberté d’aller aux groupes quand elle veut, sans obligation.
«C’est vraiment nice les groupes ! On est tous proches. Ça nous permet de nous libérer».
Encore du travail à faire
Pour Mme Gauthier, l’acceptation de la diversité sexuelle a beaucoup évolué dans les écoles au cours des dernières années. Or, elle croit que les questions d’identité de genre restent encore incomprises. «Là-dessus, on est encore en période de débroussaillage, dans les écoles, mais aussi dans la société».
Malgré ces avancées, les commentaires homophobes n’ont pas complètement disparu. «C’est sûr que les plus jeunes, ils ne sont pas vraiment informés. Il y en a qui me disent “ah, tu aimes les filles, dégueulasse”», dénonce Océane.
Si aucune plainte n’a été faite au cours de la dernière année à Daniel-Johnson concernant des actes d’homophobie ou de transphobie, le vandalisme dans le local du comité LGBTQ+ du Cégep Marie-Victorin en mai 2019 rappelle que des actes homophobes existent encore en milieu scolaire.
Prévention et sensibilisation
Afin de démontrer leur appui aux élèves LGBTQ+, plusieurs membres du personnel de Daniel-Johnson apposent depuis 2018 un insigne «allié» sur leur porte indiquant qu’ils sont ouverts à parler de toute question touchant la diversité sexuelle.
De plus, le groupe Ensemble fait chaque année les activités de sensibilisation dans l’école.
Jordane espère d’ailleurs voir plus des gens s’éduquer sur les enjeux de diversité.
«On dirait que les gens connaissent juste les transgenres, mais il y a d’autres genres. Et oui, ils existent. C’est ça que j’aimerais faire savoir aux gens».
*Les noms ont été changés pour des raisons de confidentialité.
** Iel est un pronom utilisé par certaines personnes non-binaires. Il s’agit d’un des pronoms choisis de Jordane.