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Le calvaire des déneigeurs

Deneigement à Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles. Photo: Simon Bousquet/TC Media

Trop lents, trop dérangeants et trop bruyants: lorsqu’une tempête s’abat sur la Ville, les déneigeurs ont le dos large pour porter le blâme des automobilistes coincés dans les bancs de neige. Pourtant, ils en auraient long à dire sur les comportements de citoyens qui retardent leur travail.

Nous les avons rencontrés lors d’une récente opération de chargement de la neige.

Au cours des dernières années, les opérations de déneigement se sont beaucoup accélérées.

«Il n’y a pas si longtemps, ça nous prenait une semaine pour ramasser entre 25 et 30cm de neige, aujourd’hui, tout est ramassé en trois jours», affirme le contremaître Martin Deschênes.

Cette accélération serait principalement due aux avancés technologiques en termes de machinerie.

«Avant, il fallait parfois passer deux fois la souffleuse à la même place pour tout ramasser, mais les nouvelles machines nous permettent de tout ramasser en une seule fois», explique Tony Chechile aux commandes de sa souffleuse D65 Larue qui peut souffler jusqu’à 50 tonnes de neige par minute.

La technologie ne règle toutefois pas tous les problèmes et les cols bleus constatent que ce sont souvent les comportements des citoyens qui ralentissent leur travail.

Des voitures dans la rue
Les voitures mal garées sont l’un des principaux obstacles. Même si elles sont systématiquement remorquées, cela entraîne tout de même des délais.

«S’il y a quatre voitures dans une rue et qu’elles sont ensevelies sous la neige, on peut être arrêté pendant presque deux heures, explique le col bleu Philippe Lecompte. C’est la plus grande frustration des déneigeurs parce qu’on essaie de se dépêcher.»

Si les automobilistes ont tendance à rester pris dans la neige à la suite d’une tempête, les machines, elles, restent prises dans les automobiles.

«Après une tempête, la machinerie reste aussi prise dans le trafic. Ce n’est qu’une fois que les premières artères ont été faites que ça accélère», admet le contremaître Michel Bouvrette.

Certains conducteurs sont d’ailleurs téméraires et tentent de se faufiler entre les machines.

«Il y en a qui restent pris sur le banc de neige ou ils viennent se placer derrière nous quand on doit reculer, alors tout le monde reste bloqué», raconte M. Lecompte.

Pourtant les camions des contremaîtres se placent souvent en travers de la route avec leurs gyrophares allumés pour empêcher ce genre de situation.

«Lors de la dernière opération, j’ai dû avancer et presque foncer sur trois voitures pour les empêcher de passer, raconte la contremaître Louise Bergeron. Ils voient bien que je ne bloque pas la rue pour rien et qu’il y a de la machinerie. On fait ça pour les protéger et pour ne pas qu’ils se prennent là.»

Le chauffeur Tony Chechile constate d’ailleurs que les gens ne sont souvent pas conscients de la dangerosité des équipements.

«L’autre jour, il y avait des gens qui avaient l’air soûls et qui se bousculaient devant la souffleuse. J’ai dû arrêter pour ne pas prendre de chance», explique-t-il.

Il n’y a pas que les lames de l’appareil qui sont dangereuses, les objets abandonnés dans la rue peuvent aussi se transformer en projectile, comme c’est arrivé au cours de l’hiver à Montréal-Nord. Un pavé avait alors brisé une vitre.

Philippe Lecompte a bord d'une chenillette.
Philippe Lecompte a bord d’une chenillette.

Des obstacles sur le trottoir
Il n’y a pas que dans la rue que les obstacles sont nombreux. Sur les trottoirs, ce sont les bacs de recyclage qui bloquent généralement la voie.

«Les gens pensent bien faire en laissant leur bac le plus près possible de la rue, mais ça nous empêche de passer, explique-t-il. Je ne peux pas débarquer chaque fois pour dégager la voie», explique M. Lecompte.

L’opérateur raconte qu’au cours de la dernière tempête de verglas, certains trottoirs n’ont pas pu être déneigés en raison des sacs de poubelles.

«Ça m’est arrivé deux fois cette année d’accrocher une voiture en voulant éviter un bac. Le moindrement qu’on accroche quelque chose en bordure de terrain, ça donne un coup et ça nous projette sur une voiture», admet-il.

Les voitures stationnées trop près du trottoir sont un autre obstacle fréquent.

«Les gens ont peur de la machinerie de la rue, mais celles-là ont une bonne marge de manœuvre. Les machines à trottoirs sont de la même largeur que le trottoir alors, on n’en a aucune», raconte le déneigeur qui conseille aux citoyens de ne jamais laisser le miroir dépasser au-dessus du trottoir.

Rappelons que la réglementation prévoit une distance d’environ 12 pouces entre les voitures et le trottoir.

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