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À RDP-PAT, les femmes «prennent leur place» au conseil d’arrondissement

Photo: Archives

Le conseil municipal de Rivière-des-Prairies-Pointes-aux-Trembles est majoritairement composé de femmes. En 2019,  cette situation est loin d’être inédite dans la métropole. Mais pour celles qui y siègent, c’est un acquis qui demeure fragile.

 

À Rivières-Des-Prairies-Pointes-aux-Trembles, quatre femmes – Caroline Bourgeois, Nathalie Pierre-Antoine, Lisa Christensen et Suzanne Décarie – sont élues, pour seulement trois hommes.

«C’est une fierté», annonce d’emblée la mairesse, Caroline Bourgeois, qui a été élue au poste de conseillère pour la première fois en 2009, une époque qui lui paraît «très différente», même si elle n’est pas si lointaine.

Suzanne Décarie, aujourd’hui conseillère de Ville et élue pour la première fois en 2005, estime de la même façon qu’il y a eu «de grands changements ces dix dernières années».

«Au début, ce n’était pas simple. Il a fallu que les femmes fassent leur place, car c’était clairement un milieu d’hommes, mais petit à petit, les hommes ont aussi compris qu’on ne venait  pas prendre leur place, mais prendre notre place. Il a fallu que ça fasse son cheminement», se souvient Suzanne Décarie.

Désormais, la Ville de Montréal compte 105 élues et élus municipaux, dont 54 femmes. Onze arrondissements sur 19 détiennent un conseil municipal majoritairement féminin. Pourquoi ? Sans doute car «Il y a un effet qui fait que plus les femmes s’impliquent, plus elles ont envie de s’impliquer», explique Caroline Bourgeois.

De nombreux organismes et des initiatives comme Cité Elles, qui propose une simulation du conseil municipal destinée aux femmes intéressées par la politique municipale, ont aussi participé à cette évolution selon la mairesse.

À Rivière-des-Prairies-Pointes-aux-Trembles, la présence importante des femmes au conseil d’arrondissement pourrait s’expliquer, selon Caroline Bourgeois, par une implication importante de la gent féminine dans les organismes communautaires, qui, après plusieurs années, se sentent prêtes à franchir le pas vers la politique. Un parcours emprunté par Suzanne Décarie.

«Je me suis impliquée au départ dans une démarche citoyenne, puis je me suis rendue compte que la démarche était la même en politique», explique-t-elle, jugeant qu’il ne s’agit finalement que d’une suite logique à vouloir transformer la société.

Une suite logique

Lors des élections de 2013, seules 4 femmes – Chantal Rouleau, Anie Samson, Marie Cinq-Mars et Manon Barbe – avaient obtenu un siège de mairesse. Quatre ans plus tard, ce chiffre a doublé pour se fixer à huit femmes, sur 19 postes au total. Valérie Plante, qui se prévalait d’être «l’homme de la situation» durant la campagne, est aussi devenue la première femme mairesse de Montréal.

«L’élection de Valérie Plante a brisé un plafond de verre, juge Caroline Bourgeois. Il a quand même fallu 375 ans pour voir une femme devenir mairesse de Montréal. 375 ans ! »

Pour Suzanne Décarie, comme pour Caroline Bourgeois, la présence de plus en plus importante des femmes en politique municipale est le fruit d’un processus de plusieurs années, initié par quelques instigatrices, comme Louise Harel ou Lise Payette.

À un niveau plus local, Suzanne Décarie estime aussi que l’élue de Pointes-aux-Trembles dans les années 80 et 90, Jacqueline Bordeleau, a agi auprès d’elle comme «un mentor».

Pour autant, la place des femmes est-elle définitivement ancrée dans les mœurs? Difficile à trancher tant les réponses divergent. Suzanne Décarie estime que «la femme a réussi à prendre sa place» et qu’on est parvenu «à un équilibre», tandis que Caroline Bourgeois comme la conseillère Nathalie Pierre-Antoine trouvent plutôt que «rien n’est acquis».

«Il va falloir encore plusieurs mandats» avant que la situation ne se stabilise complètement», estime Caroline Bourgeois, alors que Nathalie Pierre-Antoine juge que la répétition du phénomène lors des prochaines élections sera un révélateur plus pertinent de l’ancrage définitif des femmes dans la politique.

Suzanne Décarie comme Caroline Bourgeois et Nathalie Pierre-Antoine s’accordent néanmoins sur le fait que l’équilibre homme femme est bénéfique dans l’exercice politique.

«S’il fallait résumer à gros traits, on pourrait dire que les femmes sont plus dans le consensus que dans la confrontation», explique Nathalie Pierre-Antoine, qui est rejointe dans son analyse par Suzanne Décarie, qui pense que l’homme est «très cartésien dans son approche», tandis que la femme «est plus « réfléchie », dispose

d’une plus grande sensibilité».

Un pas important pour la représentativité

Pour Nathalie Pierre-Antoine, le fait d’avoir une quasi-égalité des sexes dans les postes politiques est aussi bénéfique en termes de représentativité.

«Les institutions politiques agissent sur la société, et il est important qu’elles soient à l’image de la société dans toute sa diversité», pense-t-elle.

La conseillère d’arrondissement de Rivière-des-Prairies estime aussi que l’ancrage dans l’esprit collectif de l’égalité entre les femmes et les hommes peut être un appel d’air pour une représentativité encore plus développée, notamment envers les communautés culturelles.

Première femme noire élue au conseil d’arrondissement de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles, Nathalie Pierre-Antoine pense que «la présence des femmes aujourd’hui montre aux communautés culturelles que c’est possible d’y parvenir».

Alors que les femmes peuvent encore avoir le «syndrome de l’imposteur», comme le définit Caroline Bourgeois, qui leur fait dire «Suis-je à ma place? Suis-je pertinente? Ai-je assez d’expérience», l’accès de plus en plus visible des femmes aux postes à responsabilité peut-être bénéfique pour les communautés culturelles à combattre ce même phénomène. «Il y a encore beaucoup de travail», pense néanmoins Nathalie Pierre-Antoine.

Il n’a pas été possible de rejoindre Lisa Christensen pour ce reportage.

 

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