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L’embourgeoisement inquiète les citoyens de Rosemont

Les citoyens ont protesté dans les rues de Rosemont contre l'embourgeoisement des quartiers.
Les citoyens ont protesté dans les rues de Rosemont contre l'embourgeoisement des quartiers. Photo: Emmanuel Delacour

Plusieurs dizaines de Rosemontois ont descendus dans les rues mardi pour dénoncer la «gentrification croissante» de leur quartier.

Les manifestants ont ciblé une multitude de maux qui sont à l’origine des hausses de loyer et des évictions non justifiées dans le secteur, incluant les plateformes en ligne de location comme Airbnb, les conversions de logements en condominiums et le manque de contrôle sur les loyers.

«La gentrification est bien présente dans Rosemont. Elle ne se fait peut-être pas à la manière «bulldozer» comme dans Hochelaga, mais elle a des effets sur le marché locatif. On constate que les hausses de loyer abusives se multiplient», confie Caroline Magnier, organisatrice communautaire pour le Comité logement Rosemont.

En effet, selon les statistiques colligées par son organisme, ce sont 33,5% des ménages locataires qui consacrent plus de 30% de leur revenue pour se loger dans le quartier.

Le fléau le plus récent, les plateformes de location temporaire de logement en ligne touchent particulièrement Rosemont – La Petite-Patrie, qui est le troisième arrondissement le plus populaire sur Airbnb en nombre de location, souligne Mme Magnier.

«L’Arrondissement a voté en faveur d’un encadrement de ces plateformes, mais cela n’est pas satisfaisant. Les inspecteurs n’arrivent pas à suivre la tendance et c’est pourquoi nous croyons nécessaire une interdiction sur toute la ligne de celles-ci», insiste l’organisatrice communautaire.

Selon sa collègue du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), Marjolaine Denault, aucune mesure ferme n’a encore été adoptée pour endiguer ce phénomène sur internet.

«Les paliers de gouvernement se lancent un peu la balle dans ce dossier et je ne pense pas que l’on aura droit à une loi concrète de la part du gouvernement provincial avant les prochaines élections», affirme Mme Denault.

Selon cette dernière, les Airbnb et compagnie n’ont fait qu’accélérer l’embourgeoisement des quartiers montréalais, qui depuis les années 2000 étaient déjà aux prises avec la montée des transformations d’immeubles locatifs en condominiums indivis. Plusieurs propriétaires contourneraient la loi sous prétexte de reprendre les appartements pour des membres de leur famille.

«Les évictions à l’endroit des personnes âgées se multiplient. Ils logent depuis des dizaines d’années dans leur appartement pour un loyer modique et n’ont nulle part où aller. Les propriétaires reprennent ces logements sous prétexte de les offrir à un membre de leur famille, mais ce n’est pas toujours véridique. Ils rénovent et revendent à prix fort ces condos. Malheureusement, les locataires ont peu de recours. Combien d’entre eux retourneront à leur ancien logement après avoir été évincés afin de vérifier qui y réside désormais», souligne Mme Denault.

C’est pourquoi les comités logement militent pour l’interdiction complète des conversions de logement en condominiums.

Selon l’administration Plante, plusieurs mesures ont déjà été instaurées en matière d’habitation depuis les élections de novembre dernier répondent aux inquiétudes des comités logement.

«Nous avons mis en place une stratégie immobilière visant à créer une réserve foncière pour le logement social et communautaire. Un montant de 15M$ a été réservé au PTI pour ces achats cette année. De plus, nous nous sommes engagés à développer 12 000 logements sociaux et abordables, et nous avons augmenté le nombre d’inspecteurs en salubrité des logements. Enfin, dans notre programme d’appui à l’acquisition à la propriété, nous avons exclu les condos indivis pour ne pas mettre de pression indue», a souligné par courriel Youssef Amane attaché de presse du cabinet de la mairesse de Montréal.

Selon le Comité logement Rosemont
Plus du tiers des ménages dépensent 30% de leur revenu pour se loger.

Ce sont1873 personnes dans Rosemont qui sont inscrites sur la liste de l’Office municipal d’habitation de Montréal en attente d’une place en Habitation à loyer modique (HLM).

Plus de 1100 ménages locataires sont inscrits sur la liste des requérants du Comité en attente d’un logement social.

De 2015 à 2021: un total de 300 logements sociaux devrait être construit, tandis que 2800 condominiums auront vu le jour.

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