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La cité oblique: une histoire de la Nouvelle-France pas comme les autres

Une représentation du général britannique James Wolfe, réalisée à l'aquarelle par l'illustrateur Christian Quesnel. Photo: Gracieuseté, Alto

Raconter l’histoire de la Nouvelle-France d’une manière singulière: c’est ainsi qu’on peut résumer l’intention des auteurs de la bande dessinée La cité oblique, inspirée librement des écrits d’Howard Phillips Lovecraft.

Lovecraft est un écrivain culte du début du 20e siècle connu pour avoir créé le mythe de Cthulhu à travers des récits d’horreur cosmique qui ont exercé une énorme influence sur la culture populaire, autant au cinéma qu’en littérature et en musique.

Ce que l’on sait moins, c’est que le reclus de Providence est venu à trois reprises dans la ville de Québec et que l’écrivain américain a rédigé deux livres sur ce sujet.

Ce sont les visites de Lovecraft dans la Vieille Capitale et une proposition du directeur de Québec BD, Thomas-Louis Côté, qui ont poussé l’illustrateur Christian Quesnel à s’inspirer des écrits de Lovecraft pour raconter l’histoire de la Nouvelle-France.

«J’ai travaillé sur le projet pendant à peu près deux ans et demi et Ariane [Gélinas] est arrivée dans la dernière année», raconte Christian.

Ariane a créé un texte à partir des images et d’une trame de fond qui existaient déjà. Je ne sais pas comme [elle] a fait, mais je trouve ça génial!

Christian Quesnel, illustrateur

Une approche peu courante et qui n’a pas été de tout repos pour l’écrivaine, même si elle n’en est pas à ses premières armes dans le domaine du fantastique.

«C’est un des mandats les plus complexes que j’ai eu à réaliser comme autrice à ce jour», admet Ariane.

L’autrice en a profité pour relire l’intégrale de Lovecraft afin de s’imprégner de son style, au point où l’on ne distingue pas dans La cité oblique les passages écrits par Ariane et les passages tirés des livres de Lovecraft.

Ariane Gélinas, autrice de La cité oblique. Photo: Gracieuseté, Démie Lecompte

Raconter l’histoire d’une manière différente

L’objectif premier de Christian Quesnel avec La cité oblique était de susciter l’intérêt des lecteurs pour l’histoire de la Nouvelle-France.

«J’ai découvert Lovecraft adolescent, se remémore Christian. Je me suis adressé à l’adolescent que j’ai été et aux adolescents d’aujourd’hui. De découvrir l’histoire du Québec de cette façon, ça m’aurait poussé à aller chercher plus loin et à comprendre davantage notre histoire.»

Grâce à cette narration plutôt éclatée, Christian Quesnel s’est payé la traite avec La cité oblique.

«Je me suis fait plaisir, c’est vrai. J’étais moins attaché par une narration à l’image serrée, explique Christian. [Dans la bande dessinée Mégantic: un train dans la nuit écrite par Anne-Marie Saint-Cerny], on pouvait quasiment suivre le fil sans lire les textes, tandis que dans La cité oblique, c’est plus difficile.»

Une chose est certaine, l’angoisse propre aux récits de Lovecraft suinte des illustrations de Christian Quesnel, entièrement produites à l’aquarelle sur des cartons de couleur.

Christian Quesnel, illustrateur de La cité oblique. Photo: Gracieuseté, Alto

Un peuple métissé

Peuplé de créatures mi-hommes mi-poissons, l’univers de Lovecraft a permis à Ariane Gélinas et à Christian Quesnel d’aborder la question du métissage entre les colons français et les Premiers Peuples à l’époque de la Nouvelle-France.

Christian Quesnel rappelle que la colonisation s’est faite de manière très différente en Nouvelle-France comparativement aux colonies anglaises, espagnoles ou même portugaises en Amérique.

«Au départ, en Nouvelle-France, Champlain avait voulu faire ce métissage, faire cette rencontre, créer un nouveau peuple avec les peuples autochtones et les immigrants qui venaient de France.»

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’Ariane Gélinas s’inspire de l’histoire pour l’un de ses récits. C’était déjà le cas avec le roman Les cendres de Sedna publié en 2016 aux éditions Alire.

«Par rapport à l’histoire, je me sens toujours dans un état d’apprentissage infini», mentionne l’autrice, qui a fait une thèse sur la France de 1830.

En plus du passé, son regard semble aussi se porter sur l’avenir du Québec.

«Je suis un chien qui ronge l’os, en le rongeant, je prends mon repos, un temps viendra qui n’est pas venu, où je mordrai qui m’aura mordu», peut-on lire dans les dernières pages de La cité oblique.

Interrogée sur la signification de ce passage, Ariane Gélinas préfère ne pas préciser sa pensée.

«On verra», répond-elle simplement, un sourire en coin.

Le lancement montréalais de La cité oblique aura lieu le 31 août au Bar Nestor, sur la rue Saint-Hubert.

La BD La cité oblique publiée aux éditions Alto, sera disponible en librairie à partir du 30 août.

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