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Une relation parfois tendue entre les employés de la STM et les usagers à mobilité réduite

Dans le réseau d’autobus régulier de la Société de transport de Montréal (STM), les personnes à mobilité réduite sont confrontées à de nombreux obstacles. Si les rampes d’accès non fonctionnelles peuvent s’avérer frustrantes, l’attitude négative de certains chauffeurs peut être carrément blessante.

Assis sur son quadriporteur, Kamal Chouarhi attend l’autobus sur le boulevard Langelier.

Une fois sur place, à la vue du fauteuil motorisé, le chauffeur secoue la tête de gauche à droite et soupire. Impossible de lire dans ses pensées, mais il semble exaspéré.

« Ils font un emploi pénible et stressant, compatit M. Chouarhi. Ce n’est pas tous les chauffeurs qui posent problème, mais il y a tout de même des pommes pourries dans le panier. »

Des pommes pourries, il dit en avoir croisées des dizaines de fois.

Une vidéo qui fait sourciller

Le matin du 25 mars, M. Chouarhi se rend à l’arrêt d’autobus situé au coin de la rue Jean-Talon et du boulevard Langelier. Le chauffeur lui ouvre la porte et déploie la rampe d’accès.

« Une fois à l’intérieur, le chauffeur m’a dit que je n’avais pas le droit d’embarquer à cet arrêt. Si c’était vrai, il n’aurait pas dû me faire monter. »

Il s’est installé dans la section réservée aux fauteuils motorisés et a téléphoné au service à la clientèle de la STM pour vérifier qu’il était bel et bien dans son droit. Confirmation obtenue, il croyait que l’épisode était terminé.

« Avant d’arriver à mon arrêt, j’ai appuyé sur le bouton de signalement. Mais il ne s’est pas arrêté. Je me suis dit qu’il avait peut-être la tête ailleurs et j’ai sonné une deuxième fois. Encore une fois, il ne s’est pas arrêté. »

Perdant patience, il s’est dirigé vers le chauffeur pour l’interpeller. Selon lui, l’employé a fait la sourde oreille.

Rendu au terminus, une dispute s’est déclenchée. C’est à ce moment que le passager a sorti son téléphone intelligent pour filmer la scène.

Lors de la dispute, M. Chouarhi hausse le ton et martèle qu’il a le droit d’embarquer et de débarquer à sa guise. Il accuse également le chauffeur d’être protégé par son syndicat.

Pour sa part, celui-ci lui ordonne de fermer sa « gueule » et de « dégager ».

Après l’incident, M. Chouarhi a porté plainte.

« On se sent carrément diminué », confie-t-il

Par courriel, une conseillère corporative des Affaires publiques de la STM a souligné que l’entreprise publique ne commente jamais les plaintes des usagers.

Elle rappelle également que le chauffeur est tenu de laisser monter un passager à mobilité réduite pourvu que l’embarquement puisse se faire de façon sécuritaire et que le fauteuil motorisé puisse entrer dans le bus.

Peu de plaintes, mais trop d’incidents, selon le RAPLIQ

« Combien de fois ça peut arriver que le chauffeur nous regarde en levant les yeux au ciel en voulant dire “seigneur, c’est donc bien compliqué. ” Il se dit que le temps consacré à déployer la rampe, à nous faire embarquer et à attendre que nous soyons positionnés retarde les autres usagers qui vont au travail. Mais si on prend le service régulier, c’est parce que nous aussi on travaille, on va à l’école, on a des rendez-vous médicaux et on a une vie sociale », plaide Linda Gauthier, présidente du Regroupement des activistes pour l’inclusion au Québec (RAPLIQ).

Elle ajoute que pour s’éviter les désagréments, certains employés refusent carrément l’accès aux personnes à mobilité réduite, surtout celles en triporteur et en quadriporteur.

Selon la STM, il y a eu 308 commentaires et plaintes liés au manque d’accès dans le réseau bus en 2013. Ce n’est qu’environ 1 % des appels traités l’année dernière.

Selon Mme Gauthier, les personnes en situation de handicap ont peu tendance à porter plainte.

« Ce sont des gens qui ont peur de perdre les privilèges que les décideurs politiques et les personnes en autorité leur donnent. Ils ne se plaindront donc pas. Mais ce ne sont pas des privilèges, ce sont des droits. »

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