Contre la privatisation du canal
Une quarantaine de résidents de Pointe-Saint-Charles et des membres de la table de concertation Action-Gardien, déguisés en pirates, ont pris d’assaut le canal de Lachine, samedi. À bord de leurs rabaskas (canots en écorce) et de leurs pédalos, la troupe s’est dirigée vers un quai réservé aux occupants d’un immeuble à condos afin de dénoncer la privatisation des berges.
«Avec les condos de luxe et les quais privés, on ne se sent pas les bienvenus. La direction de Parcs Canada semble plus intéressée à signer des ententes avec des partenaires privés pour des accès exclusifs», déplore la résidente Jocelyne Bernier, également membre de l’Opération populaire d’aménagement (OPA), un comité d’Action-Gardien.
Cette dernière fait référence à l’entente conclue en 2015 avec les copropriétaires du projet de condominiums Myst, situé entre le pont Charlevoix et les écluses Saint-Gabriel. «Il y a une grosse clôture qui empêche les gens de circuler, lance-t-elle. Nous n’avons pas d’objection à ce qu’ils aient un quai, mais pourquoi nous exclure? Le canal est public, ça nous paraît inacceptable.»
Lors des consultations publiques réalisées en juin 2017 au sujet du futur plan directeur du canal de Lachine, Mme Bernier et d’autres résidents du quartier avaient manifesté leur opposition à cette entente. Malgré tout, rien n’a changé.
Vision
Dans son nouveau plan directeur, déposé début juin, Parcs Canada a évoqué son intention d’ajouter au cours des prochaines années davantage d’accès publics. «La présente stratégie cherche à réaffirmer la propriété publique du lieu et son intégration avec les milieux qui le bordent et qui se l’approprient», peut-on lire dans le document de l’agence gouvernementale.
«Nous voulons envoyer le message d’être cohérent avec le plan directeur, renchérit Mme Bernier. Nous sommes ouverts aux discussions.»
Selon Parcs Canada, les ententes privées permettent de tirer des revenus. «Tout ce qui est généré est réinvesti dans l’amélioration des infrastructures essentielles ainsi que les expériences des visiteurs», indique l’agent de relations publiques, Jean-Michel Savard.
Actuellement, trois ententes sont toujours en vigueur.