Financement demandé pour des ruelles vertes de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension
Des citoyens sont inquiets du manque de suivi des ruelles vertes par la mairie d’arrondissement et ont peur de voir l’initiative dépérir faute de moyens financiers.
Entre l’embellissement continuel de la ruelle, l’entretien du mobilier urbain ou l’achat de nouvelles semences, les comités citoyens responsables des ruelles vertes font face à des frais chroniques, mais non défrayés par la mairie.
«La mairie doit comprendre que les comités s’essoufflent par manque de soutien, s’inquiète Véronique Douliez, de la ruelle des Tournesols, fatiguée de maintenir le projet à bout de bras. Il n’y a peu de relèves et les ruelles risquent de devenir une jungle faute d’entretien.»
La ruelle des Tournesols fait partie des premières ruelles vertes de Montréal. Initiée en 2013, elle n’a pas pu obtenir de financement de la part de la mairie d’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, puisque cette dernière propose une aide au lancement que depuis deux ans. Au total, 31 ruelles vertes sont dénombrées dans l’arrondissement, dont 10 ont été créées en 2016.
Pour Véronique Douliez, l’aide financière à l’entretien est importante, puisqu’elle permettrait de mobiliser les citoyens sur des projets innovants plutôt que sur la recherche «fastidieuse» de financement.
«On demande seulement 300$ par an pour l’entretien. C’est un petit budget pour de grandes réalisations.» –Véronique Douliez, fondatrice de la ruelle des Tournesols
Le budget de l’arrondissement pour les ruelles vertes est de 160 000$ par an, réparti à parts égales entre chaque district. Cet argent ne sert qu’aux ruelles en démarrage et non à celles déjà existantes.
À la mairie, bien que réceptive aux doléances des comités de citoyens, Jacqueline Voghel, conseillère en communication, indique que les comités citoyens «peuvent s’adresser au privé ou faire des demandes de commandites pour obtenir d’autres sources de financement.»
La ruelle La Face cachée de la rue a procédé de la sorte, puisque la ruelle préexistait elle aussi au programme municipal d’aide financière. Elle a réussi à former un budget en 2014 grâce à l’aide d’un voisin de bonne volonté et d’expérience. Mais tous les comités n’ont pas cette chance d’avoir une ressource aussi utile. «On avait quelqu’un qui était bon avec les commandites. C’est comme ça qu’on pu se lancer. Mais dans des comités où les gens sont plus timides, ça peut représenter une difficulté», soutient Emmanuelle Boos, du comité citoyen. L’Écoquartier de Villeray, dans ce sens, proposera des formations sur la gestion et l’entretien des ruelles fermes pour s’assurer de la pérennité du projet.
L’organisme financé par la mairie et qui soutient les projets de ruelles vertes de ce quartier, propose plusieurs services, comme le don de fumier ou de fleurs. Mais ces ressources sont soit insuffisantes pour les ruelles arrivées à maturité, soit inutiles. «Des fleurs, on en a déjà en excès dans toutes les plates-bandes, explique Véronique Douliez. Il faudrait repenser la ruelle et excaver certains endroits dans une phase 2 de la ruelle, mais là non plus, rien n’est accordé.»
Thierry Sénécal, responsable de l’Écoquartier et conscient des problèmes qui se posent concernant les ruelles plus anciennes, fait remonter la voix des citoyens auprès des services municipaux et partage le diagnostic. «Il faut trouver des moyens de financement pour ces projets, car cela semble être le cas que ce que nous faisons n’est pas suffisant pour les phases 2.»
Des solutions sont, entre temps, mises en place pour soulager les citoyens de certaines difficultés, au moyen d’échanges entre les 12 comités de son territoire. «Nous organisons des journées d’échanges deux fois par an pour permettre aux citoyens de donner leurs trucs et astuces et nous leur conseillons une journée de nettoyage printanier pour renouveler leur comité», indique-t-il.