Quincaillerie Lachapelle forcée de fermer ses portes
La Quincaillerie Lachapelle, établie depuis 59 ans dans le quartier Villeray, doit cesser ses activités pour faire place à un projet résidentiel.
Les propriétaires du commerce de la rue Villeray ont appris la semaine dernière que le bâtiment commercial où est installé leur entreprise sera transformé en projet de condos.
«Nous nous en doutions, car le nettoyeur à côté est parti à l’automne», indique Francine Lachapelle, copropriétaire de la quincaillerie.
Le promoteur immobilier Mondev a fait l’acquisition de la bâtisse en janvier dernier pour y construire des condos, ce qui a poussé la famille Lachapelle vers la sortie.
Le couple vit depuis des moments pénibles et se trouve dans une situation financière délicate à quelques années de la retraite. «Le commerce était notre fonds de pension. Nous devons maintenant trouver un travail», a expliqué Mme Lachapelle.
«Complètement dévasté» par la nouvelle, son mari, Pierre Lachapelle, qui avait débuté au côté de son père à l’aĝe de 12 ans, a déjà été engagé comme gérant d’une quincaillerie sur le Plateau. Mais pour Francine Lachapelle, l’avenir reste incertain.
Mémoire du quartier
Le commerce a vu passer des vagues successives d’immigrants et de citoyens de tout genre depuis qu’il est ouvert. Tous sont attachés à ce service de proximité.
Ce qu’elle redoute le plus, c’est l’absence de quincaillerie dans le quartier qui nuira par exemple aux entrepreneurs en manque urgent d’une pièce. «Pour eux c’est du temps et du gaz de perdu que d’aller plus loin. Il y avait sept quincailleries dans un rayon d’un kilomètre il y a vingt ans.»
Transformation
En plus des deux locaux commerciaux, un garage en arrière et deux appartements seront vidés.
La bâtisse a été rachetée officiellement le 30 janvier dernier par Mondev, qui souhaite construire à la place 28 unités de condos, dont les plus grands auraient deux chambres. L’Association des locataires de Villeray s’inquiète de la situation et estime que la construction de condos, au détriment de commerces de proximité, pourrait avoir un impact négatif sur la vie de quartier.
«Il y a fermeture de commerces abordables de proximité, remplacés par des unités de petites tailles et beaucoup trop chers pour les habitants du quartier», a clamé Michel Thériault-Maltais, de l’Association des locataires de Villeray, indiquant que c’est l’un des quartiers les plus pauvres de Montréal avec un revenu médian de 19 526 $ en 2014.
Au-delà de la fermeture du commerce, c’est la désertification commerciale de la rue Villeray, à l’est de Christophe-Colomb, qui inquiète. «Il y avait des banques et des épiceries sur cette rue. Autant de lieux où les gens, notamment des personnes âgées, se donnaient rendez-vous devant juste pour discuter», s’est rappelée Francine Lachapelle.
La mairie avait pourtant entrepris des actions pour limiter la fermeture des commerces de proximité au profit de bâtiments résidentiels. En 2013, elle avait adopté un règlement visant à interdire ces transformations sur certaines rues. «La situation était critique, comme au coin de Berri et Castelnau. Mais ce bout de la rue Villeray, à l’extrémité de mon district, n’avait pas été inclus. Il va falloir modifier ça», a expliqué la conseillère de ville, Elsie Lefebvre.
L’entreprise Mondev n’a pas répondu à nos sollicitations.
Baux commerciaux
Contrairement aux baux résidentiels, protégés par la Régie du logement contre les abus, les baux commerciaux sont sujets à la libre volonté des propriétaires, qui peuvent augmenter drastiquement les loyers ou annuler les contrats à leur fin.