À la découverte de l’histoire de la gare de triage d’Outremont
Soumise à d’importants travaux en vue de l’installation d’un campus universitaire, la gare de triage d’Outremont reste un lieu empreint d’histoire. La Société d’histoire de Parc-Extension propose ainsi cinq circuits afin de souligner l’importance de ce no man’s land.
«La gare de triage a forgé ses trois quartiers environnants, a indiqué Mary McCutcheon, présidente de l’association en parlant de Parc-Extension, Outremont et Mile-End. On employait les nouveaux immigrants de Parc-Extension et des usines s’étaient établies ici parce qu’il y avait cette gare de triage.»
Chaque circuit, d’une durée maximale d’une heure et demi se fait à pied est une immersion dans cette zone établie il y a plus de 140 ans. Les citoyens peuvent être accompagnés par Noémie Stref-Narinucci, étudiante en urbanisme à l’Université Concordia qui a travaillé sur l’histoire et la revitalisation de l’endroit.
Elle peut fonder son travail sur les travaux menés par les sociétés d’histoire d’Outremont et de Mile-End pour expliquer l’importance des lieux. Mais, il a été difficile de récolter des témoignages vivants de personnes ayant travaillé là avant la fermeture en 1985. «On est une génération trop tard, a confié Mary McCutcheon. Les anciens ouvriers ont déménagé ou ne vivent tout simplement plus. Les traces des habitudes de vie et de travail ont disparus.»
Les circuits historiques doivent redonner le gout des locomotives et des chemins de fer aux habitants de ce quartier qu’on dit enclavé par ces voies. «C’est un lieu vide, qui n’est achalandé qu’aux heures de pointes, quand les trains passent. Les gens ont perdu l’intêret des trains. Heureusement qu’ils restent les enfants pour s’en emerveiller!»
Avec l’ouverture d’une voie de chemin de fer vers la Rive-Nord en 1876 et celle, en 1887 par le Canadien Pacifique, vers les shops Angus, lieu de construction des wagons, la gare de triage d’Outremont est devenu un endroit de passage important dans la circulation ferroviaire. Une rotonde, des voies de maintenance des locomotives à vapeur et des voies de stockage permettaient de faire transiter les marchandises entre ces deux voies majeures montréalaises, qui joignaient d’une part le Port de Montréal, les quartiers industriels de l’est et du nord et d’autre part Toronto et le reste du Canada.
Avec l’apparition des trains au diesel et électriques, la gare de triage a perdu de son intérêt avant d’être complètement abandonnée en 1985, au profit de la nouvelle gare de Côte-Saint-Luc. Seul l’entreposage de wagons et le passage des trains de banlieue donnait encore une utilité à ce triangle inhospitalier.
Aujourd’hui, face aux immenses bâtisses qui sortent de terre pour faire place au campus universitaire de l’Université de Montréal, il ne reste plus rien des installations ferroviaires, sinon que le Bureau des surintendants des terminus sis sur l’avenue du Parc, proche du croisement avec la rue Van Horne.