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28 jours sans alcool: un défi, vraiment?

28 jours sans alcool: un défi, vraiment?
Il y aurait eu une augmentation négligeable de la consommation d’alcool dans la dernière année. Photo: 123RF

Alors que le Défi 28 jours sans alcool se poursuit, il y a lieu de se demander si ne pas boire pendant un mois représente vraiment un «défi». Bien que ce soit un exercice personnel noble, s’adresse-t-il effectivement à monsieur et madame Tout-le-Monde?

«Si quelqu’un choisi de ne pas boire pendant une journée, une semaine, un mois, une année, une vie entière, c’est tout à fait correct», lance d’emblée le directeur général d’Éduc’alcool, Hubert Sacy.

Ce n’est pas un problème en soi de ne pas boire une goutte d’alcool pendant un mois, c’est même un objectif tout à fait louable. Le souci, c’est de présenter cela comme un «défi» pense M. Sacy.

«Quand tu fais un défi, ça veut dire que c’est quelque chose qui est difficile, explique-t-il. Escalader l’Himalaya, ça c’est un défi! Arrêter de fumer, parce que les fumeurs sont terriblement accros à la cigarette, je comprends que c’est un défi. Mais arrêter de boire quand t’es un consommateur normal, y’a rien là!»

Là est la grande nuance. Un consommateur normal, qui respecte les limites recommandées de consommation d’alcool toute l’année durant, ne devrait pas trouver exigeant de ne pas boire pendant tout un mois, de surcroît le mois le plus court de l’année.

«À partir du moment où on met dans la tête du monde qu’arrêter de boire est un exploit absolument extraordinaire, c’est comme si tout le monde était dépendant», précise-t-il.

Une relation saine avec l’alcool ne consiste pas à boire de manière excessive pendant onze mois et de subitement cesser toute consommation pendant un mois.

«Il vaut un milliard de fois mieux ne pas boire deux jours par semaine que de ne pas boire un mois par année», ajoute-t-il.

Augmentation de la consommation?

On entend souvent que la consommation d’alcool des Québécois a bondi au cours de la dernière année. Stress, angoisse, anxiété, solitude auraient engendré une hausse généralisée de l’alcoolisation au sein de la population.

Ce n’est toutefois pas ce que le directeur d’Éduc’alcool constate. Selon les données de l’organisme, plus des deux tiers n’ont changé d’aucune manière leurs habitudes depuis le début de la pandémie.

On note, tout de même, que 18% de la population a augmenté le nombre de consommations par semaine, tandis que de 13 à 15% ont diminué.

«Augmenter ou réduire sa consommation n’a aucune espèce d’importance», s’empresse d’ajouter M. Sacy. C’est-à-dire que c’est plutôt la quantité d’alcool ingurgitée qui importe plutôt que le niveau d’augmentation ou de diminution.

«Si vous buviez deux verres par semaine avant la pandémie et que vous avez doublé votre consommation, vous buvez seulement quatre verres par semaine, vous êtes amplement entre les limites recommandées», souligne-t-il.

Inversement, les gros buveurs qui avalent une quarantaine de bières par semaine et qui réduisent à 30 par semaine maintiennent une relation malsaine avec l’alcool, malgré la diminution.

Au Québec, à peu près un homme sur quatre et une femme sur cinq ne suivent pas les recommandations d’Éduc’alcool, soutient le directeur.

L’organisme estime qu’un rapport sain avec l’alcool représente deux consommations par jour pour les femmes et trois par jour pour hommes. De plus, il convient de se limiter à 10 boissons alcoolisées par semaine pour les femmes et tout au plus 15 pour les hommes. Et, bien sûr, on ne boit pas tous les jours non plus.

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