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Trump et l’arme nucléaire: Cataclysme à portée de main

RENO, NV - NOVEMBER 05: Republican presidential nominee Donald Trump holds a campaign rally the Reno-Sparks Convention Center November 5, 2016 in Reno, Nevada. With less than a week before Election Day in the United States, Trump and his opponent, Democratic presidential nominee Hillary Clinton, are campaigning in key battleground states that each must win to take the White House. (Photo by Chip Somodevilla/Getty Images) Photo: Getty Images

Dans 71 jours, quand il deviendra officiellement le président des États-Unis, Donald Trump aura la possibilité de déclencher l’arme nucléaire, ce qui cause des cauchemars à certains observateurs, dont Stephen Schwartz, spécialiste des armes nucléaires et coauteur du livre Atomic Audit.

Comment fonctionne le fameux bouton rouge?
En fait, ce n’est pas un bouton. Le président est constamment suivi par un aide de camp qui porte une valise (surnommé « the football »). On y trouve un appareil de communication sécurisé qui permet au président d’entrer notamment en contact avec le chef du Commandement stratégique des États-Unis. C’est ce dernier qui gère les 60 bombardiers et 14 sous-marins armés de près de 2000 ogives nucléaires. Dans la valise, il y a aussi un carton avec la série de codes d’authentification qui permettront au président de s’identifier lors de l’appel pour lancer le processus d’attaque nucléaire. On y trouve aussi un petit livret qui explique brièvement, en dessins, les différents scénarios possibles. Je dis brièvement, car si le missile partait de la Russie, de la Corée du Nord ou de la Chine, il faut réagir dans les 15 minutes. Et si ça venait d’un sous-marin proche des côtes, le président doit prendre une décision en moins de 5 minutes, ce qui est problématique avec quelqu’un d’impulsif comme Trump.

WASHINGTON - FEBRUARY 24: A military aide carries the nuclear football, with the nation's nuclear launch codes, through Statuary Hall as President Barack Obama arrives at the U.S. Capitol for his address to a joint session of Congress on February 24, 2009 in Washington, DC. U.S. President Barack Obama will address a joint session of the Congress at 9:01pm tonight where he plans to address the topics of the struggling U.S. economy, the budget deficit, and health care. (Photo by Brendan Hoffman/Getty Images)

Vous faites donc partie des craintifs?
Le problème avec le processus actuel, c’est que le président est aussi le chef des armées. Donc, s’il décide de déclencher une attaque nucléaire, personne ne peut légalement s’y opposer, pas même le Congrès, car le délai de réponse exigé est très rapide. Or, durant la campagne, Donald Trump n’a pas montré les connaissances adéquates en matière de puissance nucléaire, déclarant notamment envisager de l’utiliser en Europe. Il n’a jamais servi comme militaire, dispose d’un tempérament impétueux et gaffeur, n’accepte que peu les conseils et déclare même être son meilleur conseiller. Le risque, c’est qu’il se lance dans une sorte d’escalade, avec la Corée du Nord par exemple. Une escalade qu’il ne pourra pas arrêter, ou qu’il ne voudra pas arrêter, car il a trop d’égo pour admettre ses erreurs et reculer. Pensez-y bien: pourquoi tous les hauts gradé impliqués dans le protocole d’attaque nucléaire ou même l’entretien de l’arsenal doivent-ils subir périodiquement des évaluations psychologiques rigoureuses et pas le président?

Quelles sont les solutions?
Dans les années 1980, le professeur émérite Roger Fisher en avait suggéré une : encapsuler les codes nucléaires et les implanter proche du cœur de l’aide de camp du président. Ce dernier serait muni en tout temps d’un couteau de boucher. Si le président voulait enclencher le processus nucléaire et tuer des millions de personnes, il devrait d’abord charcuter son propre aide de camp et réaliser ainsi ce qu’est la mort d’un innocent. L’idée n’a pas été retenue! L’autre solution envisagée actuellement, c’est d’impliquer par exemple les présidents du Sénat et de la Chambre des représentants dans le processus pour qu’une telle décision ne repose plus sur une seule personne. Rallonger le processus permettrait d’éviter les erreurs d’interprétation, comme en 1983, où les satellites russes avaient fait de mauvaises interprétations, laissant croire à une attaque de missiles. Si l’officier junior Stanislav Petrov avait suivi le protocole, on ne serait pas ici pour en parler. De toute façon, avec la quantité d’armes nucléaires que détiennent les États-Unis, aucun État ne serait assez fou pour nous attaquer sans devoir envisager ensuite sa propre destruction.

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