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Robert Ménard: «Les musulmans ne sont pas compatibles avec la France»

Photo: Jean-Paul Bonincontro/Associated Press

Notre chroniqueur Jean-François Hotte s’est entretenu avec Robert Ménard, maire de Béziers, ville du sud de la France, dont les idées d’extrême droite effraient une certaine tranche de l’électorat, mais en séduisent follement une autre. La rencontre s’est déroulée quelques jours avant l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis.

Début d’après-midi. Le maire de Béziers, Robert Ménard, se fait attendre. Je patiente depuis de longues minutes dans un silence amollissant. Dans la salle d’à côté, c’est jour de formation pour des policiers qui devront contrer la menace terroriste attendue dans cette ville. Leur formateur parle très fort: «Ils peuvent arriver n’importe quand», «Il faut réagir rapidement», «Les terroristes sont malins et sans pitié», «Béziers est une ville populeuse, une cible potentielle». Je trouve la situation complètement surréaliste.

Le maire arrive enfin. Il me raconte d’emblée avoir doublé les effectifs policiers, leur offrant des armes et des  Tasers, en plus de créer une brigade canine. Il en retire beaucoup de fierté.

M. Ménard est populaire à Béziers, où «les vrais Français» votent majoritairement pour lui. Par contre, il semble peu apprécié dans le reste du pays. J’ai discuté avec plusieurs personnes de Paris, d’Auch, de Toulouse et de Montpellier. C’est unanime : pour ces gens, cet homme est dangereux et xénophobe. C’est un polémiste et un réactionnaire.

Selon Robert Ménard, Béziers hérite des mauvaises décisions de l’État et les problèmes sont surtout causés par l’immigration, les migrants et les réfugiés, qu’il qualifie de chômeurs et de profiteurs des services publics. À ses yeux, «il y a les Français, puis il y a les autres». «L’islam et les musulmans ne sont pas compatibles avec la France.» Il me mentionne tout de même que l’infirmière qui soigne sa mère est algérienne, et qu’il n’est pas raciste… Le cousin du «j’ai des amis noirs, je ne suis pas raciste».

Référendum sur les migrants
Robert Ménard veut interdire les nouveaux arrivants à Béziers. Les affiches qui tapissent sa ville sont sans équivoque: «Ils arrivent», «Désormais la police a un nouvel ami (arme de poing)».

Ménard est prêt à tout pour «défendre son référendum antimigrants contre l’État». En conférence de presse et pendant l’entrevue, il a répété: «Non, je ne suis pas prêt à recevoir des migrants dans ma ville. Je vais me battre contre l’État français (qui ne reconnaîtrait pas le résultat du vote) pour ce référendum.»

«Non, je ne suis pas prêt à recevoir des migrants dans ma ville. Je vais me battre contre l’État français pour ce référendum.» – Robert Ménard, maire de Béziers, prêt à tout pour «défendre son référendum antimigrants contre l’État»

L’ancien reporter et cofondateur de l’association Reporters sans frontières (RSF) aime l’attention médiatique et la provocation. Il connaît bien la presse et les faiblesses de l’électorat: la peur, la division et la pauvreté. Il semble avoir peu à offrir comme idées sur le plan économique. Selon lui, tous les maux de cette ville sont causés par «les autres». Peu d’idées, peu de projets pour créer des emplois. «Ça», c’est la responsabilité de l’État, pas de Béziers. Robert Ménard n’a quand même pas eu le courage de bâtir sa campagne électorale autour de l’emploi et de l’économie.

Malgré ses liens étroits avec le Front national, il dit ne pas avoir d’aspirations politiques comme député.  Le maire de Béziers est soutenu par les Le Pen depuis toujours. Il a d’ailleurs écrit des livres sur eux. C’est également un ami personnel du chroniqueur politique et polémiste Éric Zemmour, qui vient parfois éduquer le peuple de Béziers à l’occasion de conférences sur l’extrême droite.

À ma sortie de l’hôtel de ville, pour en avoir le cœur net, j’ai discuté avec quelques Français d’origine marocaine dans un restaurant de kébabs. Robert Ménard a récemment interdit l’ouverture de restaurants arabes à Béziers, car pour lui, ce n’est pas de la cuisine française. Les hommes avec qui j’ai parlé semblaient avoir peur de critiquer le maire. L’un d’eux a dit qu’il allait trop loin avec les affiches et les mesures antimigrants. Un autre m’a mentionné que Ménard faisait simplement son boulot et qu’il y avait de moins en moins de voyous dans la rue la nuit.

Enfin, personnellement, je suis arrivé avec une position assez neutre sur cet homme. Je voulais l’entendre et j’ai été choqué par ses propos et ses décisions du passé. Lorsque je lui ai demandé ce qu’il pensait des réfugiés syriens qui sont arrivés au Canada, il m’a répondu le plus sérieusement du monde: «Combien de terroristes sont entrés chez vous, d’après vous?» Ça vous rappelle quelqu’un?

Idées politiques

Voici quelques idées politiques populistes du maire Ménard, qui le rendent polarisant:

•    Ficher les lycéens selon l’ethnie et la religion
•    Interdire les nouveaux arrivants par référendum
•    Interdire aux gens de sécher leurs vêtements sur le balcon
•    Faire des tests d’ADN sur les chiens dangereux
•    Interdire l’ouverture de restaurants de kébabs
•    Doubler les effectifs policiers et les armer lourdement
•    Créer une brigade-milice en donnant des pouvoirs spéciaux à certains citoyens
•    Imposer un couvre-feu
•    Apposer des affiches polémiques dans la ville et distribuer un magazine vantant le catholicisme et le référendum

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