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Que sait-on du mystérieux train nord-coréen?

FILE - In this Aug. 30, 2010, file photo, a train believed to be carrying then North Korean leader Kim Jong Il moves past Dongjingcheng, Heilongjiang province, China. (Kyodo News via AP, File) Photo: AP

TOKYO — Quand les leaders de la Corée du Nord ont besoin de se déplacer, ils utilisent un train qui est sans égal.

Rien d’étonnant, donc, que l’apparition soudaine à Pékin d’un train vert foncé orné de lignes jaunes, et très similaire à celui réservé à la famille Kim, en ait poussé plusieurs à conclure que le dictateur nord-coréen Kim Jong-un avait décidé de rendre visite à ses voisins.

Le train est arrivé lundi et est reparti mardi, mais on ne sait toujours pas qui se trouvait à bord.

Mais si c’était Kim Jong-un, il s’agirait de son premier déplacement connu à l’étranger depuis qu’il a pris la tête de la Corée du Nord après la mort de son père, Kim Jong-il, en décembre 2011.

Et aussi étrange que cela puisse paraître, cette façon de voyager n’aurait rien de particulière.

Voici ce qu’on sait au sujet de la version personnelle de l’Orient Express de la famille Kim.

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POUR LE TRAVAIL… ET POUR LE PLAISIR

On ne sait pas combien de fois Kim Jong-un a utilisé le train pour se déplacer en Corée du Nord.

Mais son père — qui détestait prendre l’avion et qui adorait faire la fête — s’était apparemment assuré qu’il ne s’ennuierait jamais à bord, qu’il s’agisse de beuveries épiques ou de séances de karaoké.

Selon ce qu’a raconté en 2002 Konstantin Pulikovski, un Russe qui a accompagné Kim Jong-il lors d’un voyage de trois semaines jusqu’à Moscou en 2001, le train était chargé de caisses de Bordeaux et de Beaujolais importées de Paris. Les passagers pouvaient se régaler de homard et de porc.

La version officielle du train est quelque peu différente.

La maquette d’un des wagons est ouverte en permanence au mausolée où sont exposés en chapelle ardente Kim Jong-il et son père Kim Il-sung. Selon la version officielle, Kim Jong-il a été terrassé par une crise cardiaque à bord du train.

La maquette est accompagnée d’une carte qui présente tous les déplacements effectués par les leaders nord-coréens. On voit à l’intérieur du wagon un bureau, des chaises et un divan — preuve, disent les guides, que les leaders travaillent sans relâche pour le bien-être du peuple.

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SÉCURITÉ SUR LES RAILS

Kim Jong-il a effectué une dizaine de déplacements à l’étranger, surtout en Chine et presque toujours en train. Le premier est survenu en 1983, alors qu’il était le dauphin apparent de Kim Il-sung. C’est la seule fois où on peut confirmer que le train a été utilisé par quelqu’un d’autre que le leader suprême du pays — une autre raison pour laquelle plusieurs concluent que Kim Jong-un était le mystérieux visiteur qui s’est rendu à Pékin.

Le premier déplacement à l’étranger de Kim Jong-il en tant que leader s’est produit en 2000, six ans après la mort de son père. Six années se sont maintenant écoulées depuis la mort de Kim Jong-il.

Mais le train lourdement blindé se fait surtout remarquer pour la sécurité qui l’entoure.

Selon la presse sud-coréenne, la Corée du Nord dispose de 90 wagons qui sont divisés en trois trains qui voyagent ensemble — le premier pour vérifier pour l’état des rails, le deuxième pour transporter le leader et sa garde rapprochée, et le dernier pour tous les autres.

Des systèmes de communication sophistiqués et des télévisions à écran plat ont été installés à bord pour que le leader puisse être informé et transmettre ses ordres.

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ON PEUT NIER DE FAÇON PLAUSIBLE

Les voyages des prédécesseurs de Kim Jong-un étaient souvent gardés secrets tant qu’ils n’étaient pas terminés.

Les experts sont incapables de dire combien de fois les leaders nord-coréens se sont rendus à l’étranger puisque plusieurs de ces déplacements n’ont jamais été rendus publics. N’étant que la courroie de transmission du régime, la presse chinoise et nord-coréenne est inutile en la matière.

Le voyage de Kim Jong-il en Chine en 2003, par exemple, n’a été annoncé que plusieurs jours plus tard. Quand il a pris le train pour traverser la Russie pour aller rencontrer le président Dimitri Medvedev en 2009, on a apparemment interdit aux photographes locaux d’immortaliser le tout. Les résidants de villes entières en Sibérie ont été confinés à l’intérieur lors du passage du train.

Cette fois-ci a été quelque peu différente.

La nouvelle de l’arrivée du train à Pékin s’est propagée en raison des images mises en ligne par des citoyens ordinaires. La presse japonaise s’est rapidement emparée de l’histoire, provoquant une frénésie médiatique à travers la ville.

À l’époque des réseaux sociaux et des téléphones portables, on dirait bien que la discrétion est une chose du passé.

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