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Donald Trump revient à la charge sur l’avortement

Le président des États-Unis, Donald Trump. Photo: Martin H. Simon - Pool/Getty Images
Rédaction - Agence France-Presse

Le président américain Donald Trump a relancé cette semaine la bataille sur l’avortement en prenant un angle d’attaque, les interruptions tardives de grossesse, qui pourrait lui permettre de rallier des soutiens au-delà de sa base la plus conservatrice avant les élections de 2020.

Dans son discours mardi soir sur «l’état de l’Union», pourtant placé sous le signe du compromis, le président a attaqué sans nuance une loi récemment adoptée par l’Etat de New York, aux mains des démocrates.

«[Elle] permettra d’arracher un bébé aux entrailles de sa mère juste avant sa naissance», a-t-il assuré, avant d’ajouter que «pour défendre la dignité de chaque personne, je demande au Congrès de voter une loi interdisant les avortements au dernier trimestre».

Ce texte souhaité par le président républicain n’a aucune chance d’aboutir compte tenu de la majorité démocrate à la Chambre des représentants. Cela n’a pas empêché le milliardaire d’enfoncer le clou jeudi lors d’une rencontre avec des religieux.

Parlant d’enfants «nés ou pas nés» créés «à l’image de Dieu», il a fait applaudir les parents d’un très grand prématuré. Cette offensive fait suite à l’adoption d’une nouvelle législation à New York, qui dépénalise les avortements au troisième trimestre quand la grossesse menace la santé de la mère ou quand l’enfant n’est pas viable. Une initiative assez proche a aussi été défendue par les démocrates de Virginie.

Pour leurs promoteurs, ces textes ne vont pas plus loin que ce qu’autorise la Cour suprême, mais leurs détracteurs y voient un feu vert pour des avortements jusqu’au neuvième mois de grossesse, qu’ils qualifient parfois d’«infanticides».

«M. Trump et la droite religieuse propagent des mensonges sur la loi de New York pour mobiliser leur base», a réagi le gouverneur de New York Andrew Cuomo, qui dit avoir fait voter ce texte par crainte que la Cour suprême ne revienne sur sa décision historique «Roe V. Wade» de 1973. Dans cet arrêt, le temple du droit américain avait déclaré que les femmes peuvent avorter tant que le foetus n’est pas viable. Au-delà, chaque État peut restreindre ou interdire les avortements, sauf si la vie ou la santé de la mère est en danger.

L’arrivée de deux juges nommés par Donald Trump à la Cour suprême a fait basculer l’institution dans le camp conservateur, nourrissant les spéculations sur une possible évolution de cette jurisprudence.

En attendant, les dispositifs sont variables d’un État à l’autre, certains interdisant tout avortement dès 20 semaines de grossesse, selon le Guttmacher Institute, un think tank sur la santé reproductive.

En pratique les avortements tardifs sont très rares. Selon le Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC), plus de 90% des IVG pratiqués en 2015 ont eu lieu avant 13 semaines de grossesse, et seul 1,3% après 21 semaines.

Selon le docteur Daniel Grossman, les parents ont alors «plusieurs raisons qui se recoupent souvent». Les «complications médicales» en font partie, mais certains parents ont parfois été empêchés d’avorter plus tôt en raison des règles restrictions dans leur État, souligne-t-il dans une tribune publiée sur le site militant de partisans du droit à l’avortement Rewire.News.

Malgré leur rareté, les interruptions tardives de grossesse suscitent une forte réprobation. Selon un sondage Gallup, 60% des Américains jugent que l’avortement doit être légal au premier trimestre de grossesse, mais la proportion tombe à 28% au second trimestre et à 13% au troisième.

«Donald Trump jouit déjà d’un immense soutien chez les évangéliques et d’un soutien significatif chez les catholiques, mais ce sujet parle à l’Amérique de l’intérieur», loin des côtes dominées par les progressistes, explique à l’AFP Jo-Renee Formicola, professeur de sciences politiques à l’université catholique Seton Hall dans le New Jersey.

Les déclarations du président marquent selon elle, ¨le début d’un récit républicain sur la dignité, la valeur des individus… en vue de 2020.

Et la stratégie n’est pas nouvelle. Lors de la présidentielle de 2016, Donald Trump avait déjà accusé sa rivale démocrate Hillary Clinton de «vouloir arracher les bébés des entrailles de leur mère» et il avait mobilisé ses troupes.

«C’est un sujet qui excite la base [des républicains], relève le politologue Larry Sabato. Rien ne les met plus en colère et rien ne les fait plus militer».

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