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Venezuela: l’aide toujours bloquée, la pression internationale monte sur Maduro

Photo: Luis Robayo/AFP Photo: AFP
Rédaction - Agence France-Presse

La tension a baissé dimanche aux frontières du Venezuela, au lendemain d’une journée d’affrontements entre opposition et gouvernement sur l’aide humanitaire, mais la pression internationale monte sur le régime de Nicolas Maduro, dont «les jours sont comptés» affirme Washington.

Qualifiant sur la chaîne CNN le président socialiste de «pire du pire des tyrans», le secrétaire d’État américain Mike Pompeo s’est dit «certain que, grâce aux Vénézuéliens, les jours de Maduro sont comptés».

Des propos qu’il a réitérés sur la chaîne Fox: «Nous espérons fortement que dans les prochains jours, semaines et mois, le régime de Maduro comprendra que le peuple vénézuélien a fait en sorte que ses jours soient comptés», a insisté M. Pompeo, au lendemain de violences qui ont fait au moins deux morts et près de 300 blessées aux frontières du pays.

«Choqué» par ce bilan, et face aux risques d’escalade, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a appelé dimanche «au calme» et demandé dans un communiqué «à tous les acteurs de réduire les tensions et de tout faire pour éviter l’aggravation» de la situation. Il a insisté sur la nécessité «d’éviter la violence à tout prix» et de bannir le recours «à la force létale quelles que soient les circonstances».

Le Groupe de Lima, créé en 2017 et composé de 14 pays du continent majoritairement hostiles à Nicolas Maduro, se réunira lundi à Bogota en présence du vice-président américain Mike Pence. Le représentant du président vénézuélien autoproclamé Juan Guaido, le député d’opposition Julio Borges, a indiqué qu’il «sollicitera un renforcement des pressions diplomatiques et l’usage de la force contre Maduro».

Dimanche matin près de la frontière avec la Colombie, les rues d’Urena jonchées d’ordures, de cartouches de gaz lacrymogènes et de munitions en caoutchouc utilisées par les forces de l’ordre pour disperser la foule, témoignent des affrontements de la veille.

Calme tendu
Les partisans de l’opposition s’étaient mobilisés samedi pour exiger le passage de l’aide majoritairement américaine en vivres et médicaments promise par Juan Guaido, président par intérim reconnu par une cinquantaine de pays, mais refusée par le président Maduro, qui dénonce une tentative déguisée d’intervention militaire américaine.

Un calme tendu règne dimanche matin dans cette localité qui fait face à Cucuta, côté colombien, où l’aide a été stockée depuis plusieurs jours. Un cordon de militaires vénézuéliens garde l’accès à la frontière et bloque le pont, empêchant tout passage. Quelques jeunes gens ont tenté de monter des barricades mais la garde nationale est aussitôt intervenue, a constaté l’AFP.

Des troubles similaires se sont déroulés dans la localité voisine de San Antonio et le gouvernement Maduro a ordonné samedi soir la «fermeture totale» des quatre points de passage vers la Colombie, dans l’État frontalier de Tachira (ouest).

Des dizaines de Vénézuéliens qui avaient traversé la frontière sont restés bloqués côté colombien, a constaté l’AFP à Cucuta. Nicolasa Gil, une femme frêle et menue de 71 ans arrivée à pied, a ainsi passé la nuit dans la rue. «J’ai peur de rentrer au pays, on est plus en sécurité ici», explique-t-elle.

Le président colombien Ivan Duque, ferme soutien de M. Guaido, s’est rendu dimanche matin à Cucuta sur les ponts Francisco de Paula Santander et Simón Bolívar pour constater les dégâts. Il a salué à cette occasion l’arrivée de M. Guaido au sein du «groupe de Lima».

«Le gouvernement légitime du Venezuela intègre formellement le Groupe de Lima et (…) nous lui souhaitons la bienvenue».

Ulcéré par l’implication de M. Duque, Nicolas Maduro a annoncé la rupture des relations diplomatiques avec «le gouvernement fasciste de Colombie» et prévenu: «Je ne m’inclinerai jamais, je n’abandonnerai jamais».

Après l’échec de son opération humanitaire samedi, M. Guaido a appelé la communauté internationale à «envisager toutes les éventualités». L’opposant s’est rendu vendredi en Colombie malgré son interdiction de sortir du Venezuela.

Mike Pompeo a pour sa part averti dès samedi soir que «les États-Unis vont passer aux actes contre ceux qui s’opposent à la restauration pacifique de la démocratie au #Venezuela». «Maintenant, le temps est venu d’agir pour soutenir les besoins du peuple vénézuélien désespéré», a ajouté M. Pompeo sur Twitter, qualifiant «brutes» les forces de sécurité vénézuéliennes.

Groupes irréguliers
L’Union européenne s’est dite prête dimanche à accroître son aide humanitaire, condamnant la violence et le recours à des groupes armés irréguliers par le régime pour empêcher l’entrée de l’aide.

Le Canada, membre du Groupe de Lima, a réclamé samedi «l’accès sûr et sans restriction» de l’aide au Venezuela, se disant «profondément préoccupé» par les violences visant à l’entraver.

«Plus d’une centaine» de membres des forces de l’ordre vénézuéliennes, selon la Colombie, ont abandonné leur poste à la faveur de la confusion, mais aucun mouvement décisif n’a été enregistré. Deux autres défections ont été signalées au Brésil.

Malgré la mobilisation des partisans de M. Guaido, l’aide humanitaire reste bloquée aux portes du Venezuela, dont la population subit de plein fouet la crise, de graves pénuries et une hyperinflation qui devrait atteindre 10 000 000% en 2019 selon le FMI.

Depuis 2015, au moins 2,7 millions de Vénézuéliens ont fui leur pays vers les pays de la région.

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