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Brexit: May diffère un vote sur l’accord pour tenter de le renégocier

La première ministre britannique, Theresa May. Photo: Francisco Seco/AFP
Rédaction - Agence France-Presse

La première ministre britannique Theresa May a différé dimanche «d’ici au 12 mars» un vote des députés sur l’accord de Brexit, voulant se donner plus de temps pour tenter de renégocier le texte avec Bruxelles malgré l’échéance qui se rapproche dangereusement.

S’attirant une volée de bois vert au Royaume-Uni, la dirigeante conservatrice a promis la tenue «d’ici au 12 mars», plutôt qu’au cours de la semaine à venir, d’un vote à la Chambre des communes sur le traité de retrait, s’exprimant à son arrivée à Charm el-Cheikh (Égypte), où elle participe jusqu’à lundi à un sommet UE-Ligue arabe.

Elle avait précédemment indiqué se laisser jusqu’à mardi pour trouver une issue sur le Brexit.

Depuis le rejet massif de l’accord de divorce par les députés britanniques en janvier, Theresa May tente de renégocier avec Bruxelles une nouvelle version du texte susceptible de rallier une majorité parlementaire. Sans succès jusqu’à présent.

Elle souhaite obtenir des «changements contraignants» au «filet de sécurité» (ou «backstop» en anglais), une disposition décriée au Royaume-Uni censée garder ouverte la frontière en Irlande après le Brexit.

En Égypte, elle s’est entretenue dimanche avec le président du Conseil européen Donald Tusk, qui a rappelé «la nécessité pour l’UE à 27 d’avoir des clarifications sur le fait qu’une proposition (…) puisse réunir une majorité au Royaume-Uni, avant que la question ne soit traitée par le Conseil européen».

Mme May rencontrera lundi la chancelière allemande Angela Merkel et les négociateurs britanniques retourneront à Bruxelles mardi. Elle fera ce jour-là une déclaration devant la Chambre des communes, à la veille d’un débat au Parlement sur la conduite à tenir.

«Nous avons eu de bons progrès, des discussions constructives avec l’UE et nous poursuivrons ce travail de manière à pouvoir sortir avec un accord le 29 mars», a-t-elle expliqué. «Quitter l’Union européenne avec un accord le 29 est toujours à notre portée et c’est ce à quoi je vais travailler», a-t-elle assuré.

«Aveu d’échec»
Mais en repoussant le vote sur l’accord de divorce, qui pourrait se tenir 17 jours seulement avant le Brexit, prévu le 29 mars, Theresa May s’est immédiatement attiré les foudres de l’opposition et de députés europhiles, qui craignent d’être mis au pied du mur.   

Keir Starmer, le responsable du Brexit au sein du Parti travailliste, y voit «le summum de l’irresponsabilité et un aveu d’échec». Selon lui, Theresa May «joue la montre dans une tentative désespérée de contraindre les députés à choisir entre son accord et une absence d’accord».

Dans les rangs de la majorité conservatrice, le député Sam Gyimah s’est dit «choqué» par cette «sortie de route». 

La situation pourrait aussi tourner à l’affrontement avec trois ministres, qui se sont dits samedi favorables à un report du Brexit si aucune avancée significative n’est enregistrée durant la semaine à venir. Ils ont mis en garde contre les dangers d’une absence d’accord pour l’économie et l’unité du Royaume-Uni, un scénario que Mme May refuse d’exclure de son côté.

Les milieux économiques se sont également montrés très critiques. «Chaque jour sans accord signifie moins d’investissements et moins d’emplois créés», a déploré Josh Hardien directeur général adjoint du CBI, principale organisation patronale britannique.

«Les enjeux sont trop importants pour jouer la monter et risquer un no deal accidentel», a abondé Edwin Morgan, directeur général par intérim de l’organisation patronale Institute of Directors.

Un poids-lourd du gouvernement, le ministre de l’Environnement Michael Gove, a affirmé dimanche qu’elle avait progressé dans sa tentative de modifier les termes du divorce et qu’elle espérait obtenir de nouvelles avancées en marge du sommet en Egypte.

L’UE refuse de renégocier le traité de retrait, conclu en novembre après un an et demi de négociations, mais se dit ouverte à des discussions sur la déclaration politique l’accompagnant, un texte traçant les contours de sa future relation avec Londres.

«Cela pourrait être une limite dans le temps, un mécanisme de sortie unilatéral», a estimé M. Gove. «Cela pourrait être un autre protocole juridiquement contraignant ou une addition au traité, qui établisse clairement que nous ne serions pas liés indéfiniment au backstop contre notre volonté», a-t-il détaillé. 

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